Le conseil municipal avait notamment demandé une étude d’impact claire avec analyse des rejets dans l’air, dans l’eau des différents polluants ainsi qu’une étude du bruit du poste de concassage. Mais malgré tout cela l’autorisation de construire l’usine a été donnée. Le 6 octobre 2011 le conseil municipal a missionné le maire pour agir et demander une campagne de mesures pour la qualité de l’air et de l’eau. Dans le Saint-Maur infos de février vous avez un article qui explique que le port autonome répond aux inquiétude de la ville en autorisant des analyses régulières de la qualité de l’air et de l’eau. Alors oui autoriser des analyses c’est une chose, rester dans les normes légales c’est également une chose mais se retrouver avec une usine qui envoie des polluants et des odeurs dans l’air c’est un vrai risque.
Une usine d’enrobage de bitume à chaud c’est quoi exactement ?
C’est une usine qui broie du gravier pour en faire du granulat et le mélange à des « fines » qui sont des sables ou poussières et le tout est lié par un liant hydrocarboné plus communément appelé bitume. Le tout à 180°C.
Une fois qu’on a compris ce que doit faire cette usine on comprend vite les risques de nuisances. L’usine sera a 400 m des premières maisons de La Varenne, les plus proches étant celles entre le pont de Bonneuil et la passerelle du RER. Pas de chance car ce sont également les mêmes qui avaient eu à subir le passage des avions pendant les travaux d’Orly.
La seule chance c’est que les vents majoritaires dans notre secteurs vont vers le sud donc les nuisances olfactives devraient être un peu moins dures pour nous que pour les habitants au sud de l’usine. Néanmoins des risques d’odeurs sont à prévoir en temps « anticyclonique » c’est à dire quand il fait beau… Donc pas rassurant. Et avec l’odeur viennent également les polluants et quand on regarde la nature des polluants de ce type d’usines ça fait réfléchir : CO2, NOx, CO, SO2, COT, CH4, Benzo(a)pyrène… ! On croirait lire un paquet de cigarettes… mais normal il y a aussi du goudron dans les cigarettes… Et pour cette usine on parle de 80 000 t/an d’enrobé produits au rythme maxi de 320 tonnes/h. Et quand on lit l’arrêté préfectoral qui précise que : « Les poussières, gaz polluants ou odeurs sont, dans la mesure du possible, captés à la source et canalisés, sans préjudice des règles relatives à l’hygiène et à la sécurité des travailleurs » on se sent parfaitement rassuré « dans la mesure du possible »… c’est à dire pas du tout !
Un collectif s’est constitué pour lutter contre l’implantation de cette usine : collectif t’air-eau 94 avec une pétition disponible (cliquez ici)
Le collectif a fait une étude poussée des centrales identiques et certains commentaires “Quand il y a le vent du Nord, je bouche mes entrées d’air “
“Je vis en fonction de la production d’ E26″ ; “Je referme mes fenêtres avant 7h30, l’heure où la centrale démarre” ; “J’ai un peu de scrupules à laisser mes enfants jouer dehors quand la centrale tourne”…
Selon l’arreté préfectoral, la durée du concassage sera de 6 semaines par an, réparties en 2 périodes. Je ne sais pas quelles seront les bruits liés à ce concassage et les périodes ne sont pas définies, cela peut etre l’été comme l’hiver…
Dans l’étude faite par le collectif on apprend que l’usine ne demande que 4 à 7 emplois en période de croisière pour tourner, qu’elle va utiliser comme combustible du lignite, qui est un « charbon pauvre ». Ce qui est à la fois peu rassurant concernant l’écologie et le rendement de cette future usine et aussi car le lignite étant par ailleurs riche en sulfure, il cause des pollutions responsables de pluies acides…
La cheminée de 32 m de haut devant normalement avoir une débit de 75 000 m3/h de rejet dans l’air… avec des valeurs de 40 mg de poussières, 155 mg de Souffre, 270 mg équivalent de NO2… si on fait des multiplications ça fait peur… 12 kg de souffre et 20 kg de dioxyde d’azote dans l’air par heure !
Concernant la vérification des rejets, l’arrêté prévoit un « auto-controle » par l’exploitant 3 mois après la mise en service, 6 mois après la mise en service puis « seulement » une fois par an …. Cela me semble vraiment peu au regard des polluants évoqués d’autant que le fonctionnement peut varier alors comment savoir si c’est une prise en compte des rejets au moment du pic de pollution ? Des contrôles inopinés sont prévus mais on ne sait pas leur fréquence minimale annuelle…
Oui on aime tous rouler sur des routes en bon état, à saint-Maur on est bien placé pour le savoir, mais pour autant ce genre d’usine devrait être placée loin des habitations même si ensuite il faut transporter le goudron encore chaud… si vous avez déjà été en voiture ou a pieds près d’un de ces camions vous comprenez la nuisance dont je parle qui n’est évoquée nulle part dans l’arrêté mais les 80 000 t de bitume vont devoir partir de cette usine en camions et vous pensez que pour aller dans le Nord elle vont faire le tour de Saint-Maur ? Je pense qu’en plus des nuisances de l’usine on va avoir un ballet de camions impossible à quantifier qui va traverser Saint-Maur en direction de champigny (et de l’A4 et de l’A86) et cela va être très désagréable pour les riverains.
Inadmissible, comme le rappelle le collectif, que saint-Maur, ville qui a un vrai risque d’impact ne soit plus entendue. La ville de Bonneuil a donné son accord, celles de Créteil, Chènevières et étrangement Sucy… Saint-Maur s’est opposée tout comme Ormesson à cette implantation… Et nous sommes clairement à risque.
Une mobilisation de tous peut peut-être être plus efficace ou alors devons nous nous résoudre à attendre de voir la réalité des nuisances… Et ensuite, si les normes sont respectées mais que pour nous ce sont des nuisances on pourra dire ou faire quoi ?