Alors que le retrait de l’Otan se précise, Islamabad s’active en coulisses pour se poser en intermédiaire incontournable du processus de paix.
En visite au Qatar, l’Afghanistan devrait figurer en bonne place dans l’agenda du premier ministre Yousouf Raza Gilani. Les Américains négocient en effet avec des émissaires talibans à Doha. L’enjeu : le lancement du processus de paix avec les insurgés après 10 ans d’une guerre sans issue. Outre l’ouverture d’un bureau de représentation des talibans à Doha, il est aussi question de la libération de chefs talibans détenus à Guantanamo. Les négociations sont encore loin d’aboutir tant les réserves sont fortes au sein du Congrès américain. Reste qu’une fois encore, le rôle du Pakistan a été déterminant. De nombreux chefs talibans, en particulier ceux qui négocient avec les Américains en ce moment, sont en effet réfugiés au Pakistan.
Pour permettre aux discussions de commencer, l’armée pakistanaise a donc permis aux émissaires talibans, réfugiés sur son territoire, de s’envoler pour Doha. L’appui des militaires pakistanais à cette initiative illustre le réchauffement relatif des relations avec les Etats-Unis. Les deux acteurs ont tous les deux le même intérêt : éviter que l’Afghanistan ne bascule dans la guerre civile après le départ de l’Otan.
La visite de Gilani à Doha a pour objectif de veiller à ce que le Pakistan ne soit pas exclu des négociations. Elle intervient moins d’une semaine après une autre visite, tout aussi importante : le 1er février, la ministre des Affaires étrangères Hina Rabbani Khar est allée à Kaboul rencontrer des personnalités de l’Alliance du Nord. Un événement qui a son importance. Traditionnel soutien des talibans, Islamabad a longtemps entretenu de mauvaises relations avec ce groupe politique que dirigeait Ahmed Shah Massoud avant son assassinat en 2001. « L’objectif est d’élargir nos contacts sur place et de rallier tout le monde à la table des négociations », explique un membre de la délégation pakistanaise.
Le gouvernement Karzaï s’inquiète de son côté, d’être tenu à l’écart des discussions de Doha. Il a donc demandé l’aide du Pakistan pour rentrer en contact avec des représentants talibans réfugiés au Pakistan.
Classé dans:Afgh-Pak Tagged: Afghanistan, armée pakistanaise, processus de paix, Qatar, talibans