Cette saison ne sera certainement pas la plus belle de ces dernières années pour les supporters de United : sorti de la Ligue des Champions lors de la phase des groupes et éliminé des deux coupes domestiques, il ne nous reste « déjà » plus que le championnat et la très anecdotique Europa League. Pour un club habitué à disputer tous les trophées jusqu’au mois de mars au minimum, c’est inhabituel et décevant. Pire ! Une saison blanche n’est pas à exclure.
Cela serait-il pour autant dramatique ? Je ne le pense pas. D’abord parce que United est en phase de renouvellement : certains cadres ont quitté l’équipe, d’autres n’ont plus l’énergie nécessaire pour assurer autant que jadis. Des jeunes sont arrivés et ont reçu leur chance avec un certain succès. De Gea, Jones, Smalling, Cleverley, Welbeck… ont parfaitement intégré l’équipe et la rentrée de Paul Pogba face à Stoke le week-end dernier nous permet de croire que nous n’avons pas fini de voir des gamins nous éblouir sur les gazons anglais. Ce rajeunissement a toutefois un prix : le manque d’expérience. Ainsi, si leur fougue et leur dynamisme font un bien fou, ils n’en demeurent pas moins un peu tendres à certains moments clés. Les sorties aériennes de De Gea manquent de muscle, Welbeck court parfois dans tous les sens, Jones se retrouve avant-centre…
D’ordinaire, l’intégration est évolutive, elle se fait en douceur, les grands chaperonnant les petits. Mais cela nous amène à ce qui est pour moi la seconde raison de cette saison en demi-teinte : les innombrables blessures, qui ont forcé ces jeunes à entrer d’emblée dans le grand bain, sans forcément avoir toutes les armes nécessaires pour cela. Nous ne nous cacherons pas derrière cette excuse si d’aventure nous devions finir cette saison bredouille, nous laissons ce genre de calimérages aux Gunners, par exemple. Toutefois, il faut tout de même admettre que depuis le début de cette saison, nous n’avons pas été vernis du tout ! Prenez n’importe quelle équipe, que ce soit le Barça, le Real, city ou Chelsea ; amputées de la moitié de leur équipe comme United l’est depuis des semaines, elles n’en mèneraient pas large. Sir Alex a dû bricoler toute la saison, privé de son capitaine et joueur le plus régulier depuis au moins trois ans, Nemanja Vidic, pour toute cette campagne, obligé de se passer de Fletcher jusqu’à nouvel ordre, dépendant de la santé fragile de Ferdinand, de la fragilite aigüe de Rafabio, des pépins de Cleverley, Young, Smalling, Anderson, Jones, Welbeck, Chicharito, Owen, Nani, Lindegaard ou Rooney !
Ce constat, s’il est alarmant, a de quoi nous rendre encore plus fiers, arrogants diront nos adversaires. Aucune autre équipe ne serait aujourd’hui qu’à deux petits points des citizens, avec autant d’absents, j’en suis convaincu (et le tableau le confirme) et cela m’emplit de satisfaction. Quoi qu’il advienne cette saison, nous avons déjà réussi un exploit, à l’image de ce retour magique à Stamford Bridge.
Dans ce contexte, notre capitaine ad interim est l’un des rares survivants. Patrice Evra enchaîne les matches sans sourciller. Le latéral gauche français n’est pourtant pas le plus épargné par les mauvais coups. Son jeu porté sur l’offensive, ses longues chevauchées lui valent bien des misères… Et ça se ressent défensivement ! Souvent pris à défaut dans ses propres 16 mètres, Pat peine à défendre aussi bien qu’il attaque. Hors, son premier rôle est bel et bien défensif, me trompe-je ? J’adore Evra et j’aime le voir jouer, mais ne pourrait-on pas le laisser souffler un peu et donner sa chance à Fabio, qui se morfond sur le banc ? Soit. Dans une interview publiée sur le site officiel du club, Evra nous fait part du caractère exceptionnel de l’hécatombe mancunienne et de son immense fierté d’être encore malgré tout un sérieux candidat au titre :
Je ne sais pas ce qui se passe, je crois que quelqu’un nous maraboute ! Le nombre de blessures dont nous avons souffert est tout juste incroyable. Je vois beaucoup d’équipes se plaindre du nombre de leurs blessés mais chez nous, c’est juste irréel.
Après avoir perdu un joueur comme Nemanja Vidic pour toute la saison, nous avons réussi à nous débrouiller. Je pense qu’être si proche de Manchester City, étant donné le nombre de blessés que nous avons eus, démontre que nous avons vraiment un excellent état d’esprit dans l’équipe. C’est la chose la plus importante et c’est inscrit dans la culture du club. Peu importe ce qui arrive, nous n’aimons pas les excuses. Je veux juste dire ‘bien joué’ à tous les joueurs mais le travail n’est pas terminé. La partie la plus importante est encore à venir.
Il y a encore un long chemin à parcourir. Je dis toujours que le championnat est un marathon et non un sprint. Après Chelsea, nous avons Liverpool et puis l’Europa League face à l’Ajax. Je pense que c’est pour cela qu’on joue à Man Utd, pour pouvoir disputer de telles rencontres. Nous devons maintenant nous assurer de montrer cette volonté sur le terrain.
Chaque match est difficile mais nous devons simplement nous dire qu’il faut tous les gagner. Je sais que ce n’est pas facile mais si vous voulez remporter le championnat, il vous faut gagner ce genre de rencontres.
Si la malédiction s’arrête enfin et qu’on récupère ne serait-ce que la moitié de nos blessés, je pense qu’il y aura plus à fêter en fin de saison que ce que certains semblent annoncer. Un 20ème titre au nez et à la barbe des voisins bruyants, pour une année de transition, ça vous dit ?