dans la peau d'un « photographe »

Publié le 07 février 2012 par Despasperdus

Le conseil supérieur de l'internet civilisé ordonne au webmaster du bloug de publier la lettre, ci-dessous, conformément aux dispositions du décret relatif à la liberté d'expression et d'information dans l'internet civilisé :

« Cher collègue photographe,

Comme suite à ton mail, je vais te délivrer un conseil en or massif.

Si j'ai bien compris, il t'arrive de fréquenter les milieux de gauche. Permets-moi de te féliciter. Tu as accompli au moins une partie du boulot. Surtout, continue à voir ces militants qui sont sympas, sincères, dévoués, honnêtes et désintéressés. Évite cependant de trop sympathiser...

Tu dois absolument t'impliquer dans une cause porteuse, susceptible de rassembler le maximum d'organisations, de syndicats, de partis politiques et de simples citoyens non encartés. N'arrête pas de shooter comme un malade, sélectionne quelques clichés et montre à tes contacts ton travail. Il y aura bien un responsable de la propagande qui te demandera à utiliser une de tes images.

Ensuite, propose-lui d'acheter les droits d'auteur pour créer un beau visuel qui incarnera la lutte ! A ce moment-là, tu dois la jouer fine. Ne sois pas trop gourmand. Pour le principe, demande une somme modique, pas plus de 264 euros, voire moins, en vérifiant que le contrat précise que tes droits sont cédés en exclusivité à ton client.

Cette somme te permettra à peine de régler ton loyer, mais sois patient. Les militants feront gratuitement ta pub. Même si ton identité n'apparait pas systématiquement sur les affiches, les tracts et les blogs, je t'assure que les gens du métier, les publicitaires, et les médias connaitront désormais ton nom.

Tu passeras non seulement pour un professionnel qui fait du bon boulot mais également pour quelqu'un qui n'hésite pas à donner de son temps et de son travail pour une bonne cause !

Bref, tu seras l'archétype du pro qui fait dans l'humanitaire ! Crois-moi, ta réputation sera excellente ! Les commandes afflueront, la galère ne sera plus qu'un lointain souvenir. Mais tiens-toi bien, l'astuce ne s'arrête pas là !

N'oublie pas que tes droits d'auteur n'auront été vendus qu'à un seul client, ce qui signifie que toutes les autres associations, et même les simples particuliers qui auront repris ta photo, en omettant de signaler ton nom, se retrouveront de facto en infraction !

Quelques mois après la fin de la campagne, tu pourras intenter auprès du tribunal une action en dommages et intérêts contre toutes ces personnes, physiques et morales, qui en toute bonne foi auront repris ta photo...

Tu toucheras le jack-pot ! »

HÉLAS, CE MISÉRABLE TEXTE S'INSPIRE DE FAITS RÉELS.

Je vous recommande la lecture de Suis-je coupable d'être militant - #coupabledetremilitant de mon camarade du parti de gauche, Franck Boissier, victime de l'acharnement d'un photographe.

Je vous invite à donner à cette histoire le maximum de publicité autour de vous comme d'autres l'ont fait avant moi.