Un tandem d'ailleurs plutôt qu'un attelage. Car si les deux pédalent, c'est bien Angela Merkel qui conduit. Le rapprochement de circonstance affiché avait pour but de servir les intérêts personnels des deux intéressés plus que ceux des deux pays. Pour la Chancelière, il faut sauver le soldat Sarkozy pour éviter une contagion Outre-Rhin. L'essentiel est de persuader l'opinion qu'il n'y a pas d'alternative à la politique d'austérité, de précarisation des salariés et de dérégulation de salaires. "Je soutiens Nicolas Sarkozy sur tous les plans, car nous appartenons à des partis amis" a-t-elle indiqué.
Le numéro de duettiste auquel nous avons assisté est la mise au grand jour de la ligne de fracture qui traverse le vieux continent et les divergences de vue sur la construction européenne pour faire face à la mondialisation. La droite européenne mise sur la remise en cause des acquis sociaux quand les sociaux-démocrates après s'être adonnés à une libéralisation naïve tentent d'esquisser un modèle alternatif reposant sur une nouvelle répartition des richesses.
Plus que jamais l'avenir du vieux continent repose sur la capacité des deux pays à porter une vision pour l'Europe. Sur cet aspect le bilan de Nicolas Sarkozy et d'Angela Merkel est mauvais. Agitation stérile d'un côté et frilosité maladive de l'autre se sont traduites par un cabotage très préjudiciable pour les intérêts européens. La multiplication des sommets de la dernière chance, l'incapacité à régler la situation grecque laisse sur le carreau politique l'héritage de leurs illustres prédécesseurs. Notre continent est aujourd'hui malade de cette vacuité politique qui fait la toute puissance des marchés.
Faut-il dans ces conditions conserver une telle équipe ? Le pacte anti-Hollande de Merkel et Sarkozy ce n'est pas le pacte des loups, c'est celui des futurs perdants. C'est juste une question de temps, l'histoire d'un coq amoureux d'une pendule.