Il y a cinq ans, je me réjouissais de la percée du candidat François Bayrou.
Une occasion de revenir sur ce qu’est un blog…
Voici un texte toujours d’actualité.
« Heureusement, l’histoire a démontré que jamais rien n’était écrit à l’avance. Et c’est la bonne
surprise de janvier (…) : l’émergence d’un candidat dont tout le monde moquait la rugosité et la mollesse, François Bayrou. En fait de mollesse, voici un homme qui a des convictions dures comme le roc. Et qui a prouvé que son courage les servait.
Sous la Ve
République, c’est toujours un peu casse-cou de vouloir une fois pour toute casser l’éternel débat
gauche-droite inutile mais bien ancré dans la tradition républicaine française. Pourtant, pour faire de profondes réformes (fiscalité, retraite…), l’apport de tous est essentiel, et les Allemands l’ont déjà compris. ».
Et un peu plus loin : « Fort de ses sympathies pour Henri IV, Bayrou souhaite avant tout
rassembler les Français de bonne volonté pour s’attaquer aux vrais problèmes. Et le premier, c’est celui de la lourde dette qui fait que l’impôt sur les revenus suffit à peine à payer les
intérêts de la dette. Et les autres sujets cruciaux : la panne de la construction européenne depuis mai 2005, la nécessité d’un État impartial (thème déjà développé par Raymond Barre en 1988).
Loin de la démagogie, il rêve encore de réunir de nouveaux Raymond Barre et de nouveaux Jacques Delors
dans un même gouvernement pour proposer des solutions acceptables par tous, sans esprit dogmatique ou clanique. ».
C’était un texte que
j’avais écrit et publié le 7 février 2007, il y a cinq ans. Il me paraît toujours d’actualité.
Mise en abyme
Une fois n’est pas coutume, je vais faire un peu de nombrilisme et de mise en abyme en évoquant ce que j’ai écrit.
Cela fait en effet cinq années que je tiens un blog. Ouvert pour l’élection présidentielle de 2007, j’ai
découvert l’intérêt de ce mode d’expression somme toute très facile d’emploi et de diffusion.
Il est loin le temps où je passais des nuits blanches à mettre en page quasi-clandestinement sur l’ordinateur
d’une université la maquette de journaux que j’ai dirigés pendant quelques années et les week-ends passés à imprimer puis diffuser les milliers d’exemplaires, par courriers, par tractages devant
les facultés, dans les marchés etc.
Le retour, c’était entre autres de belles lettres d’encouragements de personnalités pour qui j’ai eu la plus
grande sympathie, en particulier Bernard Stasi, Raymond Barre et André Diligent, mais aussi Jean Lecanuet, Pierre
Méhaignerie, Jacques Barrot et Bernard Bosson (notamment).
Anonymat ou pas ?
La première question qui s’est posée à moi a été de savoir quelle serait ma signature. J’ai dû d’ailleurs
décider au moment même de la dénomination du blog. J’avais le choix entre mon identité propre et un pseudonyme.
J’ai en fait très rapidement opté pour mon identité propre même si ce n’est pas souvent l’usage sur Internet.
Après tout, je me suis engagé en politique, au Centre des démocrates sociaux, à l’âge de 19 ans, j’ai été
candidat deux fois, élu une fois, à l’âge de 24 ans, et comme j’assume mes engagements et que nous sommes en démocratie, je ne vois pas pourquoi je devrais me cacher derrière un prête-nom,
considérant que l’action politique est a priori publique. Ni une fierté mais ni une honte.
J’évite tant que possible de faire trop mousser l’ego (qui n’attend que cela), et utiliser son propre
patronyme demande justement un peu de responsabilité et d’autorégulation, celle de d’assumer tous ses propos auprès de tout le monde, ne pas avoir de double langage et se prêter à la critique en
cas de mauvaise anticipation. L’intérêt, c’est de montrer un sens réel du respect auprès des lecteurs, internautes, puisqu’ils sont en face d’un visage à découvert, ce qui est la norme dans des
journaux en papier (j’avais déjà évoqué la question il y a quelques années), sans possibilité de manipulation
ni de flou sur l’émetteur (l’anonymat permet de répandre insidieusement de fausses rumeurs). En clair, je m’engage sur mon nom et je peux rendre des comptes si j’exprime n’importe quoi.
Évidemment, il peut y avoir des inconvénients à une telle transparence, et j’en vois principalement
deux : le risque de s’énerver par écrit comme cela est trop souvent le cas, ce qui est sans gravité sous un pseudonyme mais beaucoup moins défendable à identité ouverte. Et puis, il y a un
autre désavantage, qui correspond surtout à ma liberté personnelle, c’est le traçage horodateur qui s’ensuit.
Là encore, sous pseudo, c’est sans conséquence, mais avec ma réelle identité, il est possible de me tracer
presque minute après minute en fonction des interventions sur Internet. Ma recommandation, d’ailleurs, c’est de limiter ces interventions pour éviter un trop grand flicage, sachant que souvent,
il n’y a aucun intérêt à répondre à des trolls qui ne cherchent pas à être convaincus mais qui n’attendent que déstabilisation ou provocation (pas tous heureusement).
Le conseil, c’est de ne réagir que lorsqu’il s’agit d’apporter matière supplémentaire à l’article et de ne
surtout pas répondre à la provocation car c’est une activité qui fait perdre inutilement du temps (cela n’apporte rien à personne). Souvent, l’article est d’ailleurs mal ou pas lu, volontairement
(mauvaise foi) ou involontairement (lecture trop rapide). À quoi sert-il de reprendre ce qui est déjà écrit dans l’article ? D'autant plus que ce genre de réactions prend beaucoup de
temps.
Des réactions souvent inattendues…
Parfois, c’est seulement le titre qui donne lieu à lecture et certains ne peuvent s’empêcher de réagir sans
avoir compris (ou cherché à comprendre) un seul mot du message transmis.
C’est d’ailleurs intéressant de voir qu’il y a de véritables trolls professionnels qui se gargarisent d’un ou
de deux mots sans être capables d’en saisir le sens au sein d’une phrase ou d’un article.
Parfois, certains "réacteurs", principalement anonymes et oisifs, s’entêtent à projeter sur l’auteur d’un
article des idées qu’il n’a pas développées et qu’il n’a jamais eues. J’ai arrêté depuis longtemps de répondre à ce genre de commentaires qui refusent la raison et qui remettent en cause les
principes même de la lecture (cela questionne d’ailleurs beaucoup sur les objectifs en fin de l’enseignement primaire).
Ainsi, lorsque j’ai évoqué une intervention de Nicolas Sarkozy, j’aurais été forcement sarkophile (c’est le principe : je serais pour le sujet sur qui j’écris) mais a contrario, quand j’ai relevé une erreur qu’aucun média ni même aucun de ses pires opposants n’avait relevée (à mon grand étonnement voire colère),
qu’avait faite ce même Nicolas Sarkozy, on ne m’aura pourtant pas dit antisarkophile. C’est cela, la projection, on veut batailler sur le net, alors on se cherche des adversaires. Ce sera sans
moi.
Ou alors, on se complaît à ne voir que le mot "ange" sans lire le mot "démon" lorsque j’ai évoqué Charles Pasqua dont la
personnalité est bien plus complexe qu’on voudrait le faire croire, et on n’hésite pas à me rejeter à l’extrême droite lorsque j’ai décrit la personnalité de Jörg Haider qui avait considérablement marqué la vie politique de l’Autriche contemporaine (ses scores électoraux
l’ont démontré, c’est un fait), que ce soit avant ou après sa brutale disparition. Il suffit d’aller lire les
articles pour voir s’il y a ou pas apologie.
D’ailleurs, cette droite extrême, j’ai même essayé d’en analyser certains mécanismes. Ce sont alors d’autres réactions, tout aussi violentes, quand on ose s’opposer au programme du Front national ou à sa leader Marine Le Pen, ce qui montre à l’évidence que Internet en donne une audience surévaluée par rapport à sa réalité sociologique dans le pays.
En revanche, quand j’ai rendu hommage à Raymond Forni, Daniel Mayer (qui le connaît encore ?) ou encore Patrick Roy, bizarrement, on ne m’a pas rangé parmi les laudateurs du Parti socialiste mais heureusement, on a
oublié dans ce cas que je serais d’extrême droite (ouf !). Quand j’ai écrit mon premier article sur
François Hollande (le 12 janvier 2010 ; à l’époque, dans les oubliettes de l’histoire, il avait refusé de prendre la succession de Philippe Séguin), j’ai toutefois eu peur d’être pris pour un hollandolâtre solitaire (heureusement, j’ai réussi à
être convaincant dans mes démentis).
L’absence de lecture, c’est aussi quand j’ai abordé la situation de l’homosexualité en Afrique, où on m’a fait un procès stupide d’homophobie (d’autant plus stupide que j’ai ensuite
parlé d’un pseudo-mariage homosexuel) alors que justement, l’article visait à dénoncer ceux qui, en
Afrique, réprimaient les homosexuels (mais pour comprendre cela, il fallait savoir lire).
De la même manière, quand j’ai découvert que l’ex-roi de Grèce était toujours vivant et que j’ai imaginé
comme simple hypothèse (uniquement dans le titre) un retour de la monarchie en Grèce, on n’a pas manqué de
me croire monarchiste alors que j’avais clairement exprimé mes idées républicaines même sous déclinaison britannique.
Mais il y a aussi eu de très bonnes surprises, comme sur le thème de l’euthanasie qui a reçu des réactions mesurées et généralement très réfléchies et intéressantes alors
qu’un tel sujet plutôt passionnel aurait pu être malmené et objet de bien des amalgames et simplismes.
Ouverture vers toutes les désinformations
Quand j’ai indiqué les possibles progrès de la médecine sur le sida, je ne pensais pas avoir affaire à quelques individus qui remettraient en cause des éléments déjà largement
prouvés et reconnus, car je n’imaginais pas que Internet, avec son immense liberté d’expression, pouvait donner un écho complètement disproportionné à toutes sortes de fantaisies révisionnistes, au sens très général du terme : sur la réalité des attentats du World Trade Center bien sûr, mais aussi sur l’efficacité des vaccins, ou encore sur cette lubie obsessionnelle contre une loi abrogée depuis presque vingt ans (!), et même sur les missions Apollo sur la Lune ! Je ne parle
même pas de la remise en cause du premier ou du second principe de thermodynamique qui fait dire un peu n'importe quoi sur les nouvelles énergies (mais cela permet des lectures
divertissantes).
Lorsque j’ai exprimé la crainte d’une résurgence de l’antisémitisme, en particulier en observant les attaques dont a été victime l’animateur de télévision Arthur (dont je n’apprécie pas tellement les émissions par ailleurs), il y avait de quoi s’effrayer et aussi, hélas,
comprendre pourquoi certains acteurs voudraient réduire la liberté sur Internet (je crois pourtant à l’autocontrôle). Antisémitisme que j’ai ressenti également lorsqu’on ose s’en prendre à
Céline (sans pour autant lui ôter son grand talent littéraire).
Pourquoi tant de haine ?
Comment comprendre ceux qui cherchent sans arrêt la bagarre sur Internet en faisant exprès de mal lire, de
projeter, de mal interpréter, de comprendre de travers ?
Je pense qu’il faut les distinguer. Il y a une catégorie très compréhensible, ceux qui défendent une cause,
un candidat, un parti, une secte, une entreprise ou un procédé, bref, qui ont un intérêt, et ceux-là sont facilement repérables même si leur prosélytisme est souvent contreproductif.
Et puis, il y en a d’autres dont les problèmes seraient plutôt à rechercher dans le registre psychologique,
Internet palliant certains manques ou encore, dont l’addiction devient flagrante. À quoi bon répondre à ceux qui cherchent la bagarre ?
Voyage intérieur
Un blog, cela permet aussi de faire un travail intérieur incroyable. J’ai souvenir par exemple de mon idée un
peu folle d’énumérer tous les massacres qui ont eu lieu juste avant la fin de la Seconde guerre mondiale, au moment où les Alliés allaient gagner.
Il y a eu Oradour-sur-Glane et on venait (avec raison) de rappeler le massacre de Maillé. J’ai voulu approfondir et je me suis aperçu, d’une part, qu’il n’y avait pas de liste vraiment
exhaustive, d’autre part, qu’il y en avait eu de très nombreux. Je ne cache pas que cette petite recherche m’a
empêché de dormir pendant quelques nuits.
Audience ?
J’ai remarqué que lorsqu’on évoque un sujet trop en amont, il ne fait pas "recette". J’avais évoqué (pour le
contester) le principe de la TVA sociale lors du débat de la primaire socialiste car c’était une
proposition de Manuel Valls, mais ce n’est que lorsque Nicolas Sarkozy en a parlé que ce sujet est devenu majeur alors que ce n’est qu’un serpent de mer qui revient régulièrement depuis
une vingtaine d’années et qui avait d’ailleurs coûté quelques dizaines de circonscriptions à l’UMP en juin 2007 à cause d’un malheureux mot de Jean-Louis Borloo répondant à (l’habile) Laurent Fabius.
Il est probable que le sujet de la retenue à la source de l’impôt sur les revenus va revenir violemment à la surface de l’actualité, pourtant, il mériterait qu’on s’y intéresse dès maintenant puisque c’est dans les
propositions du candidat François Hollande.
Une parenthèse d’ailleurs, ceux qui pensent participer à des informations alternatives, originales, ne font
souvent que suivre la mousse médiatique habituelle (les journaux participatifs abordent exactement les mêmes thèmes avec la même fréquence que les journaux classiques, même quand ces thèmes sont
dérisoires). Peut-être peut-on même observer maintenant que ce sont les journaux classiques qui suivent les phénomènes de "buzz" sur Internet. Bien sûr, sans plus d’enquête approfondie.
Au niveau des statistiques, il est intéressant de voir que les sujets les plus fréquentés ne sont pas ceux
auxquels on pourrait croire. Il est remarquable qu’il y a eu deux pics très forts de fréquentation dans mon blog, l’un en mai et juin 2007 à l’issue de l’élection présidentielle, ce qui est un
peu normal, mais l’autre a été très récent puisqu’il correspond à l’arrestation stupéfiante de Dominique
Strauss-Kahn et à toutes ses conséquences. Parfois, même, Google hisse un article on ne sait pas trop comment pour un mot clef pourtant banal, ce qui renforce certains domaines d’expertise
pour un blog pourtant généraliste (à part le sport, je touche à peu près à tout).
Il est regrettable évidemment que certains articles soient beaucoup plus discrets que d’autres, comme celui
sur Jean-Marcel Jeanneney, une personnalité d’une très grande envergure qui a récemment disparu dans sa
centième année et dont la disparition n’a été saluée que par France Culture (son fils Jean-Noël Jeanneney a été président de Radio France), celui sur Alain Poher, qui a apporté beaucoup à la défense des libertés
constitutionnelles, ou encore celui sur Jacqueline Baudrier, partie quasiment seule alors qu’elle a été l’une
des grandes dames de l’information, etc.
Créer de l’info ?
Autre surprise que j’avais déjà eue hors technologie numérique, car le seul fait de diffuser un journal
politique dans une grande ville pouvait être pris en grande considération sur le plan local (le préfet, au courant avant tout le monde en raison du dépôt légal, s’amusant auprès du maire des
critiques qui allaient lui être formulées), c’était le "buzz" créé au sein de l’Assemblée Nationale lorsque je me suis amusé, en guise de poisson d’avril, à annoncer la dislocation de l’UMP le 1er avril 2008. Apparemment, je n’étais pas très loin de la réalité, vu les
réactions de bien des parlementaires, et c’est aussi en cette occasion qu’on peut apprécier le sens de l’humour de certains responsables politiques (en particulier le principal mis en cause, Jean-Pierre Raffarin).
Tout aussi surprenant, le fait qu'un autre poisson d’avril, sur le retour de l’obélisque de la Concorde à Louxor, puisse avoir été pris au sérieux (pourtant, à la fin, je suis
très clair sur son caractère de canular) et même repris dans des sites touristiques comme source d’informations (la fiabilité sur Internet, tout un sujet !).
Un outil "formidable"
En résumé, un blog est un formidable outil d’expression, maniable, facile à guider, mais qu’il s’agit de bien
canaliser pour ne pas perdre de vue quelques objectifs qu’on aurait pu s’être fixés initialement.
La campagne présidentielle ne prête bien sûr pas au ton mesuré mais il serait cependant réjouissant que les
débats enflammés se séparent au moins de l’expression de la haine qu’on peut ressentir un peu trop systématiquement sur certains forums.
Aussi sur le
blog.
Sylvain Rakotoarison (7 février
2012)
http://www.rakotoarison.eu
Pour aller plus loin :
Premier article sur le
blog.
Premier article sur
Agoravox.
Les corbeaux
citoyens.
Magazine Société
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