Sur le principe, détecter le cancer de l'ovaire à stade précoce est primordial, car si le cancer ne s'est pas propagé au-delà des ovaires des chances de survie à 5 ans sont d'environ 93%, alors que détecté à un stade avancé, les chances de survie à 5 ans tombent en deçà de 30%. Alors que seuls environ 15% des cas sont détectés à un stade précoce, le dépistage du cancer de l'ovaire paraît un bon principe.
Par ailleurs, un cancer des ovaires détecté à un stade tardif présente un risque de multi-récidives élevé après le traitement initial, nécessitant ainsi un traitement complémentaire. L'outil le plus largement utilisé pour le dépistage de la récidive du cancer de l'ovaire est le test sanguin « CA125 » qui mesure les niveaux de protéines CA125. Des niveaux élevés de CA125 sont présents chez plus de 80% des femmes avec cancer au stade avancé de l'ovaire mais chez seulement 50% des patientes au stade précoce de la maladie. Le test est donc déjà connu comme moins sensible pour diagnostiquer le cancer de l'ovaire au stade précoce de la maladie.
Mais le dépistage reste-t-il néanmoins intéressant pour détecter le cancer de l'ovaire à stade précoce ? Le Dr S. Saundra Buys, auteur principal de l'étude publiée dans le JAMA explique, avec cette étude, que le test CA125 n'est pas adapté au dépistage chez les femmes sans symptômes. » Son étude suggère qu'effectuer ce dépistage chez des femmes sans symptômes, donc en population générale, génèrerait un grand nombre de faux positifs : L'étude est basée sur les données de 78.216 femmes participant à l'étude cohorte « Prostate, Lung, Colorectal and Ovarian (PLCO) Cancer Screening Randomized Controlled Trial » qui a évalué l'effet du dépistage de ces cancers sur la mortalité. Les participantes, âgées de 55 à 74 ans, ont soit subi un dépistage annuel (n = 39.105) (test CA125 chaque année durant 6 ans, écho transvaginale chaque année durant 4 ans) soit un suivi médical standard (n = 39.111) de 1993 à 2001. En moyenne ces participantes ont été suivies 13 ans. Le critère principal était la mortalité par cancer de l'ovaire, les critères secondaires incluaient les complications associées aux examens de dépistage et de diagnostic.
10% de faux-positifs entraînant une intervention inutile chez près de 3% des patientes : 118 décès causés par le cancer de l'ovaire sont intervenus durant le suivi, 3,1/10.000 années-personnes) dans le groupe avec dépistage et 2,6/10.000 années-personnes dans le groupe suivi standard. 3.285 femmes soit près de 10% ont obtenu des résultats faux-positifs, 1.080 ont subi une intervention chirurgicale inutile, 163 ont présenté au moins 1 complication grave (15%) à la suite de cette intervention. Donc non seulement le dépistage CA-125 + échographie transvaginale ne permet pas de réduire la mortalité par cancer de l'ovaire mais les faux-positifs sont fréquents et fréquemment suivis d'interventions inutiles et de complications.
Malheureusement, il n'existe pas de mode de dépistage plus efficace. Des recherches sont en cours pour évaluer si le test CA125 pourrait être amélioré par combinaison avec d'autres tests. La revue Prescrire qui reprend cette étude déconseille également ce dépistage. Une question non sans rappeler le grand débat sur le test PSA pour le cancer de la prostate.
On notera une position différente du National Institute for Health and Clinical Excellence (NICE) du National Health Service (NHS) britannique qui recommande plus de détections par test sanguin CA125.
Sources: JAMA doi: 10.1001/jama.2011.766 “Effect of Screening on Ovarian Cancer Mortality” - National Research Center for women and families « Ovarian Cancer CA-125 Blood Test: Does it Work?”- et Prescrire “Cancers de l'ovaire : ne pas dépister »