Mots et maux de la philosophie
L’idée d’écrire là-dessus me vient de ce dernier Philo Mag où Socrate apparaît encore une fois. On en n’a jamais terminé avec celui que Platon a écrit…
Maïeutique :
Pour moi, c’est « accoucher d’esprits, de pensées » sans aucune méthode particulière, sorte de mode d’apprentissage que chacun se construit et qu’il tente d’appliquer.
Penser n’est pas si simple, et demande imagination et observation du terrain (pas de pensée en soi qui vienne du néant), c’est-à-dire, des hommes, dans leur singularité et aussi dans leur vie en société. Chacun a sa petite méthode de questionnement, la mienne est toute simple, je regarde, j’observe, je questionne, je dialogue, j’élève la discussion au-dessus des intérêts personnels (ceux-là, pas toujours facile de les dénicher et de les oblitérer).
J’ai une anecdote là-dessus. Je me rappelle mes années de prof et ces assemblées de profs que nous avions régulièrement. Chaque fois que je, ou quelqu’un d’autre, essayait d’amener la discussion sur le terrain des idées, j’entends des idées de fonds, à la base du problème discuté, en ses fondements, ou sur le terrain des causes et effets nobles (le mot noble me fait sourire, mais…), c’est drôle, combien de fois n’ai-je pas entendu, et vu, quelqu’un nous apostropher, - j’entends au départ de la discussion - avec des « comment », au lieu de « pourquoi ». Ainsi, prenons un exemple trivial : la triche aux examens, le plagiat dans les travaux. C’est un fait, ça existe, et cela peut être dénoncé et demander que l’on s’y arrête, nous les profs. Alors, si vous en êtes au « comment », vous parlez de « comment punir les plagiaires », ou encore, « comment les empêcher de plagier ». Et si vous en êtes au « pourquoi », c’est simple, vous essayez de comprendre d’abord le phénomène, est-il important, ou mineur ? est-il le fait de certaines classes ? ou de certaines personnes ? nos exigences sont-elles trop grandes ? négligeons-nous l’accompagnement des étudiants dans leurs apprentissages ? Bref, vous essayez de cerner le problème et les causes, les raisons, ou les besoins, de la tricherie. Au lieu de ça, on entendait des « comment ».
J’en reviens peut-être encore à ma sempiternelle remarque sur « le penser avant l’agir », le « pourquoi avant le comment ». Le « penser », oui, qui nous oblige, lors de discussions intelligentes entre collègues, à « accoucher de pensées » relatives à cette question. La raison s’y met, l’intuition aussi, l’imagination nul doute, tout cela aide et peut surprendre, aucune méthodologie particulière n’a plus de chances qu’une autre, c’est mon sentiment, de réussir mieux dans la résolution de ce problème.
Je reviens à la maïeutique. L’émergence des idées, et l’usage des mots importent au plus haut point. Il ne s’agit pas d’en faire un jeu intellectuel, mais tellement de types « nouveaux » d’apprentissage, pour que des pensées émergent, pour que des connaissances soient acquises, des types disons non-orthodoxes, ont été testés dans les écoles (Montessori, Freinet, Freire), tellement de méthodes plus orthodoxes ont été remaniées, que l’on peut difficilement trancher entre méthodes plus sensorielles et méthodes plus raisonnées ou plus dialectiques, entre méthodes scolaires (scolastiques) et méthodes de terrain, entre hasard et spécificité,… mais le langage est parfois incapable de traduire correctement la pensée, et montrer avec acuité, avec des définitions claires, les idées qui sont propulsées, et le ou les réels correspondants.
Faire émerger des idées, n'est-ce pas penser? Penser, c’est réfléchir? Qu’on le fasse pour soi, ou pour d’autres (accompagnement des étudiants dans leur façons d’appréhender le réel, et le dicible), l’exercice ne peut être trop rigide, (par exemple, à l’école, faire apprendre par cœur), il risque alors d’être artificiel (et surtout ne mener à rien). Il existe des outils d’aide à la pensée, d’aide à l’apprentissage et à la réflexion, mais il reste que la chose, « penser », ou « la méthode pour penser », réside d’abord en dedans de nous-mêmes. La pensée est à la fois universelle et singulière. Et elle n’est pas désincarnée, elle vient de la vie.
Tout ce que je viens d’écrire est un peu du verbiage ; je devrai aller plus avant pour que de meilleures idées émergent.