Le propriétaire met ses affaires à la rue. Des passants profitent de l’expulsion pour faire leur marché. L’affaire fait grand bruit à Marsillargues. “C’est totalement cavalier, honteux”, s’insurge Bernadette Vignon, maire de la commune. Et il est vrai que les superlatifs manquent tant les faits semblent irréels. La semaine dernière, dans la nuit de jeudi à vendredi, un propriétaire a vidé toutes les affaires d’un appartement et changé les serrures. Puis des Marsillarguois se sont servis en récupérant ce qui avait été laissé sur le trottoir.
Il est déjà tard, ce jeudi, mais on s’active au 11 de la rue Pasteur, au centre du village. Accompagné d’hommes de main, un propriétaire s’affaire en pleine nuit. Et rassure même un passant. “Ce n’est rien. C’est juste un déménagement.” Toutes les affaires d’un jeune homme installé dans un appartement de 45 m2 sont mises dehors sans autre forme de procès. Et les serrures changées. La manière forte. En faisant fi de toute légalité.
“Tout le monde s’est rué dessus !”
Tout aussi consternante est l’attitude d’une partie de la population, au petit matin. “Le ferrailleur était là à 6 h. Tout le monde s’est rué sur les affaires, sans se demander à qui elles appartenaient”, retrace, encore effaré, un témoin de la scène. “J’ai vu quelqu’un revenir avec son véhicule pour le charger. Une femme choisissait les lampes sans se poser de question.”
Tout était à terre : le mobilier, les vêtements. Du four à la guitare en passant par le matériel électronique, une vraie caverne d’Ali Baba. Mais personne ne va donner l’alerte ou s’interroger sur l’origine de toutes ces affaires en bon état. “Il y en avait sur 3 m de large et 20 m de long. Un vrai déménagement.” Recyclé avec avidité par quelques bonnes âmes locales.
Le locataire des lieux, accaparé par sa vie professionnelle, n’arrive, lui, que le vendredi soir à Marsillargues. Et trouve porte close. Le temps d’apprendre qu’il n’a plus rien. Mobilier, habitat, matériel professionnel. Tout s’est évaporé.
Deuxième coup de massue : “La gendarmerie de Lunel n’a pas pris ma plainte, se déclarant incompétente”, regrette-t-il. L’affaire est aujourd’hui dans les mains de son avocat.
Elle interpelle aussi la municipalité. “Je vais recevoir le locataire lundi, assure Bernadette Vignon. Il y a des lois. On ne peut pas agir comme ça, surtout en période hivernale.”
La Ville a également mis tout en œuvre pour récupérer un maximum des biens de cet homme. Avec, pour l’instant, un certain succès.
Le propriétaire met ses affaires à la rue, les passants se servent.