"In September 1956 IBM launched the 305 RAMAC, the first ‘SUPER’ computer with a hard disk drive (HDD). The HDD weighed over a ton and stored 5 MB of data." DR
Les images technologiques rythment l’évolution des techniques. L’image montre des outils clefs de leur époque, des inventions aux produits manufacturés novateurs. La photo d’un métier Jacquard, d’un astrolab du XIIIème siècle, des premiers microprocesseurs sur cartes Zilog ou Motorola ou celle d’un iPhone sont des images technologiques.
La photo publiée ici marque les esprits. Nous la retrouvons sur un grand nombre de sites web. La plupart répètent la même phrase pour aboutir au même trait d’esprit en comparant cette armoire à nos clefs USB. Aucune référence quant à l’origine du document, probablement produit par IBM. Le site patrimonial de la grande maison ne nous aide guère. Un indice tout de même, il semble que Pan American soit le transporteur exclusif de l’entreprise à cette époque.(1) Musée des sciences et de la technologie du Canada; ottawa; (2) in "Old BBC Radio Broadcasting Equipment an Memories, Early Audio Recorders", by Roger Beckwith
L’exotisme de l’appareil est certain, par sa forme et ses dimensions incroyables, mais pourquoi cet engin m’a-il marqué et en quoi son observation servirait-elle la réflexion?
Je l’ai découvert au temps du magnétophone à cassette Philips, il était donc facile de s’étonner, par comparaison. Je crois que n’y ai même pas pensé; la magie du lieu peut-être. L’enregistreur avait deux grandes oreilles de Mickey en acier posées sur une table en bois. Deux moteurs de machine à laver imprimaient un mouvement de rotation aux deux bobines et permettait le transport d’un ruban d’acier. Celui-ci passait successivement devant une tête d’enregistrement puis de lecture. Pour enregistrer un signal sonore acceptable, il devait atteindre une vitesse linéaire de 1,5 mètre par seconde. Cet appareil pouvait enregistrer et reproduire la parole mais pas la musique.
Les dimensions des bobines, l’acier utilisé comme support, la lourdeur, la grande vitesse utilisée, ces paramètres d’exception pour enregistrer une voix, ce que faisait déjà l’appareil à disque ou à cylindre depuis les années 1880. Cette image m’a longtemps poursuivi. Dès la réouverture du musée, je me suis précipité dans le musée rénové pour retrouver le Blattnerphone.
Faut-il montrer l’effort de recherche, de tâtonnement, de mise au point; comprendre l’évolution technique pour mieux assumer son époque, mieux vivre, prévoir, inventer, avancer, évoluer? Une pédagogie par l’exemple, mais un exemple ne suffit pas car il est désuet, il faut être confronté à une série, une progression d’objets. Et encore, cette progression devient moins utile lors d’une rupture technologique. L’innovation sans précédant se passe-t-elle de l’histoire?
(3) In "Old BBC Radio Broadcasting Equipment an Memories, Early Audio Recorders", by Roger Beckwith, photo DR; (4) Blattnerphone, Telecom's Research Laboratory, Clayton Telstra Research Laboratories Blattnerphone Video (1992) Photo John Woustra
Accès au patrimoine technique J’ai fait un rêve il a quinze ans en planchant sur le projet multimédia de ce beau musée de Paris, celui d’un réseau des musées des techniques où toutes les collections seraient numérisées et répertoriées dans des bases de données compatibles. Aujourd’hui, le bilan est mitigé. Aucune cohérence, peu de collections accessibles en ligne et les quelques visuels disponibles sont anonymes une fois déposées sur nos ordinateurs, je veux dire sans métadonnées embarquées. Quelles tâches de dématérialisation et d’indexation attendent les générations futures! Finalement, j’ai fait un saut au musée, dans les salles dédiées à la communication et j’ai pu revoir et reproduire l’appareil. Au moins, avec le temps et l’aide de Google, le Marconi-Stille parisien sera-t-il référencé*.
(5) Appareil d'enregistrement et de lecture du son, Modèle Marconi, brevet Stille, anciennement Blattnerphone. Inscription sur étiquette métallique : Recording Reproducing Machine, Marconi's Wireless Telegraph C°Ltd, London. Collections Musée des arts et métiers, Paris - Daniel Hennemand, 2012
Un peu d’histoire des techniques, pardon de technologie… Nous avons un Louis Blattner à la fin des années vingt, producteur de films établi en Angleterre (Ludwig en fait, car d’origine allemande). Il acheta le brevet d’un enregistreur sonore à un ingénieur également allemand, Kurt Stille. Blattner était intéressé à améliorer l’illustration sonore de ses films autrement qu’avec des disques, d’une autonomie insuffisante. A l’arrivée du cinéma « parlant », cette machine dû trouver d’autres applications. La BBC à cette époque développait son projet de radiodiffusion internationale à ondes courtes. La possibilité d’enregistrer un programme de 30 minutes, rediffusable à volonté suivant les fuseaux horaires était intéressant. La fermeture des établissements Blattner, puis la reprise du brevet par Marconi en collaboration toujours avec la BBC, donna naissance à une nouvelle génération de machines, encore plus imposantes, la Marconi-Stille, du nom de deux inventeurs.
(6-7) From the notes by Roger Beckwith ©2006, prepared from various 1930s sources, Edward Pawley's "BBC Engineering 1922-1972" and the 1942 "Engineering Division Training Manual", photos DR
Témoignage
Un témoignage nous aide souvent à nous replonger dans un contexte. Ici, en plus on gagne en humour : »I have been told by Eric Daniel that he was once worked with this machine at BBC in London. Then we were broadcasting a speech by her majesty. That is an important event and nothing must disrupt it. Well the speech was fifteen minutes long and about two minutes in to the speech the tape broke. Theses machines were in small rooms, and you had this steel band coming out like a sabre coming at ten miles per hour, so unless you want to be cut to pieces you get it out of the way. Eric then got a hold of his tape took it out in the corridor up and down and up and down and he figured out he ran two miles in fifteen minutes which is pretty damn good. So he feels that normally in the Olympics you run that kind of length and then you get a medal, he should have had the medal because he after all broke the tape. »
in Finn Jorgensen’s Biography http://www.magneticdiskheritagecenter.org/100th/Progress/Jorgensen/finnjorgensen1.htm
(8) Photo DR