Les affiches promotionnelles pour le film Les Infidèles ne faisaient pas vraiment dans la dentelle et n’étaient sans doute pas des modèles de raffinement, mais de là à les interdire…
C’est pourtant ce qu’a ordonné l’Autorité de Régulation Professionnelle de la Publicité, sous prétexte qu’elles étaient “contraires aux règles sur l’image de la personne humaine”.
Ici, on n’aime pas la censure et on ose afficher publiquement notre désaccord avec cette décision stupide, qui stigmatise un mode de pensée englué dans le politiquement correct et un puritanisme absurde.
N’est-il pas aberrant d’interdire ces affiches alors que les personnes pouvant se sentir choquées ou offensées par cette campagne publicitaire peuvent tomber aisément sur des images et des situations autrement plus choquantes simplement en allumant leur télé et regardant certaines chaînes de la TNT ? Et on ne parle même pas d’internet, où deux clics de souris peuvent vous mener sur des sites pornographiques…
On va nous dire que c’est un autre problème, et qu’il faut bien commencer par agir sur quelque chose pour protéger nos enfants des idées et des images choquantes (Oh, les pauvres petits…) et défendre la dignité des femmes (que les hommes soient décrits dans ce film comme des machos arrogants, volages et lubriques ne semble en revanche choquer personne… C’est déjà ça…). D’accord, mais à ce moment-là, autant interdire carrément la publicité.
Parce que bon, pour les créateurs d’affiches publicitaires, ça va virer au casse-tête.
Pas de pose sexy, pas de chair dénudée, pas de pipe (celle de Tati ou celle prodiguée par la jeune femme sur le personnage joué par Gilles Lellouche), pas de fumée de cigarette, et des mentions partout disant que “fumer tue”, qu’il faut éviter de “manger trop gras, trop sucré, trop salé”, mais que manger cinq fruits et légumes par jour, c’est bien, qu’il ne faut pas reproduire le comportement dangereux présenté dans la pub…
Pas de flingue non plus, mais seulement dans les villes où la situation est “sensible”. A Marseille par exemple, l’affiche de Underworld : nouvelle ère montrant Kate Beckinsale un pistolet à la main a été déclarée indésirable par la Régie des Transports Marseillais, dans le contexte des braquages à l’arme lourde à répétition dans la cité phocéenne…
C’est vrai que tout de suite, interdire l’affiche d’un film d’action fantastique, ça va sûrement faire réfléchir les braqueurs… Ou alors, c’est que l’on considère que cette amazone sexy est dangereuse pour le pouvoir. C’est vrai quoi, qui nous dit qu’après les lycans et les vampires, elle ne va pas s’attaquer à toutes les crapules qui nous sucent nos économies jusqu’à la moelle, nous laissant économiquement exsangues?
Bref, tout ceci est assez ridicule.
C’est bien gentil de vouloir protéger tout le monde, de ménager les susceptibilités de chacun, mais il faut arrêter maintenant… La prochaine étape, c’est quoi? On interdit les humoristes? On impose la prohibition du second degré parce que tout le monde n’a pas l’encéphale suffisamment développé pour le comprendre? On abolit la liberté d’expression parce que donner un avis ou émettre une critique peut choquer?
Franchement, il y en a ras-le-bol de tous ces individus bien-pensants qui se croient obligés de décider à notre place ce qui est bon ou pas, de s’indigner à notre place… C’est cela qui est choquant, et bien plus que deux malheureuses affiches destinées à appuyer une comédie sur l’adultère…
Après, bien sûr que certaines personnes pourraient être outrées par l’image dégradante de la femme véhiculée par ces affiches. On pense notamment à certaines chefs de meute féministes qui aiment mordiller les mollets des publicitaires indélicats… Mais d’autres s’en amuseraient. Et cela susciterait des débats houleux entre les différents clans…
Mais n’est-ce pas là la base d’une démocratie l’échange de points de vue, le débat, la confrontation d’idées? Ces choses essentielles auront-elles encore le droit de cité dans la société aseptisée qu’on entend nous imposer doucement ?
A méditer…