Sans honte

C'est sans honte qu'ils nous parlent tous les jours.
Sans honte, car sans même s'en rendre compte.
Ils débitent des phrases automatiquement, on ne sait qui les écrit, mais ils les récitent, tantôt la mine grave, tantôt la mine réjouie, ce sont des marionnettes maquillées inquiétantes, des bouffons décervelés automatiques qui n'ont que leurs parts de marché en guise de conscience, ils se sont vidés de leurs sentiments tels que la compassion ou juste le respect, juste le respect merde, l'infamie et le déshonneur sont des feux silencieux qui ne les rongent pas mais les nourrissent.
L'infamie, le déshonneur, ces mots violents ne sont pas trop forts à mes yeux, pour les qualifier.
Ce soir il y avait Pujadas sur la 2, le complètement capillaire de la 2, ses petits yeux noirs serrés face à la France qui grelotte.
Après une platrée de 10 minutes de froid dans les chaumières et de bagnoles qui glissent ou refusent de démarrer, il en profite pour dire que -bonne nouvelle avec sourire de circonstance- EDF a décidé de ne pas couper, en ces temps de froid polaire, l'électricité aux mauvais payeurs -dixit-.
Les mauvais payeurs.
640 000 foyers qui sont dans la "précarité énergétique".
Des mauvais payeurs.
Pour illustrer les mauvais payeurs, un reportage sur une petite mamie, chez elle dans le noir, qui chauffe sa casserole d'eau sur des bougies. Saloperie de mauvaise payeuse de petite mamie qui n'y arrive pas, qui a certainement sa chambre remplie d'écrans plasma et la BMW au garage, c'est vicieux les mamies vous savez.
Envie de gerber? T'as froid chez toi? Ça va pas? T'es malade?
Non, je regarde juste la télé, et son animateur de merde payé 12 000 euros, pour traiter les petites gens qui sont dans la misère de mauvais payeurs.
Infamie.
Déshonneur.
J'ai honte pour eux.