je viens de voir ici une analyse qui rejoint la mienne, comme celle de beaucoup d’autres probablement, le moment de stupéfaction passé, suite aux propos indécents mais tellement calculés du Ministre de l’Intérieur dans lesquels, Vogelsong a raison, ce n’est pas tant ce qui est dit mais ce qui est suggéré qui est ignoble. Le triste sire n’en est en effet pas à son coup d’essai comme nous le rappelle utilement, en un travail de collation à faire connaître, le pudding à l’arsenic.
Ce passage de l’article du Monde pré-cité, notamment, m’interpelle, au point que j’éprouve l’envie d’y réagir, car le sujet est important :
Si la sortie n’était pas préméditée, elle a produit son effet : cliver le débat sur les sujets régaliens à quatre-vingt jours de l’élection présidentielle. La déclaration de Claude Guéant, qui a expliqué samedi devant le congrès de l’organisation universitaire UNI que “toutes les civilisations ne se valent pas”, a fait le buzz du week-end. Le ministre de l’intérieur a fait diffuser le texte de son propos, et assumé. “Je ne regrette pas“, a dit M. Guéant, dimanche, sur RTL. Le ministre des affaires étrangères, Alain Juppé, a jugé “inadéquate” l’utilisation du terme civilisation.
Pourtant, l’offensive n’est qu’un début. Patrick Buisson, le politologue conseiller de M. Sarkozy, est perplexe sur la campagne de Marine Le Pen, qui a abandonné les fondamentaux de son parti pour se concentrer sur les thèmes économiques et sociaux. Et, pour le mois de février, une offensive sur l’immigration, l’insécurité et la justice s’annonce dans le camp du président-candidat de l’UMP.
Effectivement, il est judicieux de rappeler par qui est conseillé le Président, et combien les démocrates ont fui l’Élysée. Entre des gens comme Buisson, Peltier, et d’autres qui proviennent du FN, cette droite dure cristallisée au sein de la droite dite populaire, les Ciotti, Mariani et tutti quanti qui ont les faveurs du Président, on ne peut qu’être inquiet pour la tournure que prendront les débats. Nous nous rapprochons à grands pas d’une présidentielle que Monsieur Sarkozy aura bien du mal à gagner s’il retarde davantage sa candidature… Et quand on sait combien il excelle en paroles dans les trois thèmes précisément cités dans l’article du Monde, on devine quelle sera la teneur du message qu’il va délivrer incessamment sous peu et la posture du messager.
En gros, ça risque fort d’être du style ” je suis le chevalier blanc qui va vous délivrer des infidèles en réformant une justice laxiste bien trop gentille avec ces gens là“… “il est intolérable de nous laisser dicter notre loi par des gens venus d’ailleurs ” etc… “Cette racaille , je vais vous en débarrasser” (ah non, ça, c’est déjà fait).
Aussi sera-t-il certes utile de préparer un argumentaire soigné et chiffré pour répondre à l’absence de bilan du candidat en la matière et d’opposer un modèle plus ouvert et généreux dans lequel, n’en doutons pas, les français se reconnaitront davantage. Ces gens là ne sont en effet qu’une minorité, même si elle est aux commandes. La majeure partie d’entre nous, j’en suis fortement convaincu, est démocrate, et soucieuse de préserver nos libertés fondamentales. Mais les belles paroles risquent de ne plus suffire, face à ces ennemis de la République, qui tiennent pour quantité négligeable notre liberté individuelle, et l’intérêt collectif, au regard de leurs seuls profits. Ne laissons donc pas cette faction belliqueuse s’accaparer la scène médiatique et poser les termes du débat. Une autre perception de la réalité est possible que celle, particulièrement névrosée et fantasmatique, qui consiste à voir la France comme une forteresse assiégée sur laquelle il conviendrait de disposer des kilomètres de barbelés… Un autre vision du monde est possible, que celle qui s’obstine à perpétuellement (c’est une obsession chez lui) remettre en cause le pouvoir des juges, en les laissant apparaitre comme les laxistes qu’ils ne sont pas, tout en retirant, Ô grand cynisme absolu, de plus en plus de moyens à la justice prise sous le rouleau compresseur de la RGPP et des injonctions, parfois politiques (c’est grave !), contradictoires, au point d’avoir commis l’exploit de faire descendre toute la profession dans la rue... Ne s’est-il pas contenté, en termes de politique de justice (pas vraiment sociale) de couvrir nos villes et jusqu’à nos villages de milliers de caméras, et de prévoir 30 000 places de prison supplémentaires, ce qui profite si sûrement aux amis du président; qui sont à la foi en la matière juges et partie ?
je veux parler ici clairement notamment de Monsieur Bauer, auquel le journalisme d ‘investigation entre parenthèses ne s’intéresse pas assez à mon goût, tant ce personnage est à lui seul attentatoire aux libertés publiques, collectives et individuelles, physiques et numériques… Pourtant, il risque fort de jouer un rôle encore plus prépondérant que de par le passé… Ne lui doit-on pas en effet la prolifération des caméras à travers tout le pays même là où il n’y en a aucunement besoin ? Il faudrait creuser l’histoire…
Ce dernier, “marchand de peur“, pour reprendre les propos d’un spécialiste, Laurent Mucchielli, est en effet PDG d’une société privée de “conseil en sûreté urbaine”, Président d’un obscur “Conseil supérieur de la formation et de la recherche stratégiques”, comme on peut le voir en ses bonnes œuvres ici, ce qui ne l’empêche nullement de faire le conseiller du Président. N’a-t-il pas été chargé en avril 2011, avec le Préfet de Police Michel Gaudin, de la rédaction du Livre Blanc de la Sécurité Publique ? Quand intérêts publics et privés sont aux manœuvres, on ne sait que trop ce que cela donne, en Sarkozie, les exemples sont malheureusement trop nombreux. Ce doit être cela, la vision sarkozyste de la république irréprochable… Juste au moment où il est cerné par les affaires. L’animal n’en est que plus dangereux : il a beaucoup à perdre, à ne pas être réélu… Ne l’oublions pas. Un animal n’est jamais plus dangereux que quand il est acculé. Et en face, comment dire sans froisser personne… Ce François là n’a pas assez faim. Et il est très mal entouré. Moscovici, comment dire… Voilà quoi.
Il est urgent de réagir collectivement, tous démocrates que nous sommes, par delà les clivages partisans, pour protéger nos libertés et éviter que ces intérêts là, politiques et financiers qui nous dépassent, ne s’accaparent de nouveau le pouvoir à leur seul profit , au plus grand mépris de ce qui fonde notre République ¹
¹ Liberté ? Égalité ? Fraternité ? Mon cul! Avec Sarkozy, ils s’assoient dessus !