Au commencement étaient des inégalités évidentes : pas le droit de vote, pas le droit de circuler librement ou d’avoir un compte à son nom. Constat ==> combat ==> obtention de droits.
Qu’est ce qui fait qu’une société toute entière a intériorisé l’inégalité des femmes ?
“On ne nait pas femme on le devient” dit Beauvoir. Concrètement, ça veut dire qu’on ne peut pas mettre de côté tout un conditionnement. Vous voyez la chambre rose, la gamine en belle robe, le choix du prénom féminin ? Ben c’est ça, la différenciation entre le genre (le sexe social ) et le sexe biologique. Et ils ne collent pas toujours ensemble.
Et là arrive le post féminisme. Là il y a un paquet de théoriciennes comme Judith Butler, Donna Haraway, Marie-Hélène Bourcier.
Le post féminisme, c’est la déconstruction du féminisme. Il interroge le féminisme traditionnel, qui ne parlait pas “des” femmes mais de “la” femme comme une entité unique. Une femelle lesbienne et noire n’a peut être pas les mêmes buts qu’une femelle, hétérosexuelle et blanche. Il se pose aussi la question des identités de genre et les identités sexuelles.
Caricaturons 5 minutes. Une femme a un vagin, reste à la maison, se met de l’eye liner et s’occupe des gamins en faisant du ménage. Un homme a un pénis, va travailler à l’extérieur, mate du foot et met des costumes. Qui aujourd’hui se reconnait dans ces définitions ? Qui peut dire qu’il a une identité 100% homme à tout moment de sa journée. C’est la porosité des genres.
Des biologistes comme Fausto-Sterling vont plus loin. Pour eux, le dualisme femelle/mâle est arbitraire. Un peu par provoc, Fausto-Sterling balance : il n’y a pas deux sexes , il y en a douze. Le sexe biologique est aussi un construit social. Une infinité de personnes ne peut pas biologiquement être classé femelle ou mâle. Génétiquement, les XXY ; mais aussi les intersexués.
En faisant perdurer – et parfois en renforçant – l’identité “femme”, le post féminisme considère que le féminisme traditionnel a fait perdurer la binarité des sexes et donc le patriarcat. A l’inverse, il prend en compte la multitude des identités entre “homme” et “femme” et rend les frontières encore plus poreuses. Et de cela, naîtra, peut être, l’avènement d’un système social nouveau.
Et je termine sur une citation de Monique Wittig “les lesbiennes ne sont pas des femmes”.
En savoir plus :
- La fin de la domination (masculine) : pouvoir des genres, féminismes et post-féminisme queer par Marie-Hélène Bourcier
- Multitudes queer par Beatriz Preciado
- Faire et défaire le genre par Judith Butler