C’est plus qu’un cri. Henry Grouès, alias l’Abbé Pierre, lançait ces mots sur les ondes de RTL le 1er février 1954 suite au décès d’une femme, expulsée la veille de son logement. Depuis 58 ans, alors que les hivers se succèdent, il résonne toujours et encore, mais personne ou presque ne l’entend. En la matière, rien n’a vraiment bougé, la France a certes changé d’époque. Elle a évolué, elle est riche et opulente. Si si. La misère, elle, est restée la même, froide, absolue, sans retour, mortelle.
Cette poussée de libéralisme et d’individualisme, à grand coup de doigt tournoyant en l’air, est un peu la grande évolution de nos sociétés modernes. Certains parleront de civilisation. La notre a incontestablement cette supériorité, cette capacité plus que toute autre d’exclure n’importe qui d’un coup de plume, sans état d’âme, sans appel possible. Impossible de lutter, de se sauver, de nager, parce qu’en plus, en tant que profiteur d’un système passant pour démesurément coûteux, on vous appuie sur la tête pour mieux vous envoyer au fond.
A l’heure du bilan, voilà que les responsables de ce massacre social rivalisent en petites phrases pour faire le buzz et attraper l’électeur crédule qui lui fait cruellement défaut, et pour cause. Et tant qu’à faire, autant ratisser large puisque le candidat de la droite extrême risque d’être empêché faute de parrainages. A ce petit jeu, les grands idéaux de notre République sont en passe de finir dans la cuvette des chiottes, au même titre que la destruction des services publics de la santé, de l’éducation, et du saccage de la protection sociale et des retraites. Responsables, mais coupables de rien.
Mes amis, au secours ! Comme l’Abbé Pierre devant ce mur d’indifférence, je serai toujours pétrifié, non par les propos proférés par une certaine clique, mais par leur impact dans la société, par la réaction d’une partie de l’opinion publique. Les inconditionnels applaudissent, et le clan fait bloc quels que soient les propos tenus, aussi grossiers et déplacés soient-ils. Je n’arrive pas à comprendre comment on peut cautionner, et même excuser de tels errements, de tels manquements à la plus élémentaire humanité. Je ne m’explique pas qu’après autant de propos scélérats, de promesses non tenues, d’irrespect des lois, de brutalité envers les simples gens, de copinage dans la manière de gouverner, de propos traduisant le dénigrement, le mépris voire la répulsion d’autrui, on puisse continuer à accorder à ces voyous une quelconque confiance et leur redonner les clefs du coffre.
Cela m’échappe et me navre. Je vois arriver le moment où on nous expliquera que ma voix dans l’urne vaudra moins que celle exprimée par un chef d’entreprise ou un notable. Et cela va passer comme une promesse électorale.
Aucun doute, d’ici le beau mois de mai, on va tout entendre.
PS : ce mardi 7 vers 20 heures, vous me trouverez au Double-Mixte, à Villeurbanne, au meeting de Jean-Luc Mélenchon…