Pour la deuxième année consécutive, l'Ifop et Wincor Nixdorf ont conduit une enquête auprès d'un échantillon représentatif de 1008 français pour connaître leurs comportements, avis et attentes vis-à-vis des moyens de paiement électroniques.
Les résultats [PDF] sont à la mesure de la baisse de moral de la population et risquent de refroidir les ardeurs des tenants du paiement sans contact sur mobile. A moins que les incohérences de certaines réponses ne puissent tout de même laisser entrevoir un espoir, qui pourrait se concrétiser grâce à une meilleure communication ?
Mais avant de passer aux solutions plus ou moins futuristes, passons en revue quelques chiffres surprenants sur les moyens de paiement classiques. Il est ainsi intéressant d'apprendre que 36% de nos concitoyens possèdent un "compte de transfert de fonds" (un terme qui recouvre ici les systèmes PayPal, Western Union...). Même s'il est très en retrait par rapport au chéquier, au prélèvement et au virement (tous au dessus de 80%), ce taux est loin d'être négligeable.
Mais, dans ce domaine, ce sont les statistiques d'usages qui sont les plus instructives : à la question de savoir s'ils les utilisent régulièrement, plus de 60% des français répondent oui pour la carte bancaire contre seulement 3% d'adeptes des "comptes de transfert" (quand Moneo et ses équivalents atteignent encore 14%) ! A croire que la plupart des comptes PayPal dans l'hexagone sont inactifs ou presque...
Les écarts de confiance sont tout aussi significatifs : les moyens de paiements traditionnels offerts par les banques (virement, carte à débit immédiat, prélèvement et chéquier) bénéficient d'un fort taux de confiance (entre 94 et 88%) de la part des consommateurs, alors que les systèmes alternatifs (PayPal et Moneo se retrouvant ici à égalité) atteignent un score de seulement 56% (seuls les cartes d'établissements de crédit font encore moins bien).
Pourtant, lorsqu'il est question de paiement sur internet, qui continue à inquiéter plus d'un quart des personnes, les porte-monnaie virtuels (PayPal ou Google Checkout) sont considérés comme une solution séduisante par 29% des français, devancés uniquement par la carte à usage unique (41% d'avis favorables).
Lorsqu'ils sont interrogés sur de nouveaux moyens de paiement, les consommateurs réagissent principalement en fonction de leur perception de la sécurité. Ce "réflexe" les conduit ainsi à plébisciter (à 69%) le remplacement de la saisie du code secret par la lecture de leur empreinte digitale et, inversement, à rejeter (pour près de 2 sur 3) l'idée du paiement sans contact, par exemple sur téléphone. Et, pour confirmer ce refus, ils ne sont que 28% à envisager de changer de mobile (6% "certainement" et 22% "probablement") pour profiter de cette innovation.
Cependant, sur une question plus large concernant leur intérêt pour des services de paiement "originaux", les réponses sont beaucoup plus enthousiastes : l'exigence de sécurité reste visible à travers les premières places de la carte à usage unique et de la carte prépayée, mais la carte sans contact recueille 42% d'avis favorables (et la monnaie virtuelle 41% !)...
C'est cette (légère) incohérence qui me laisse penser que ces avis s'expriment, pour une part, sur la base de croyances et de convictions subjectives et non d'une réelle connaissance des technologies proposées (ce qui n'a rien de surprenant devant la complexité du sujet !). En tout état de cause, avec un tel défaut d'engouement de ses futurs utilisateurs, il est clair que le paiement sur mobile a un immense obstacle à franchir. L'information et l'éducation des consommateurs devraient donc être les priorités absolues des acteurs qui voudraient (encore) l'imposer.