La chute des taux de remplissage des hôtels classés, chute annoncée depuis les derniers événements qu’à connu notre destination en 2011, provoque une véritable panique dans les rangs des professionnels en général et des hôteliers en particulier. En effets, ces derniers ont des charges lourdes à gérer, et la moindre baisse se caractérise par des pertes énormes, d’autant plus que les prix subissent la pression des TO sans parler de la concurrence suicidaire qui s’ensuit. Et l’on essaye de compresser tous les postes, parfois au détriment de la qualité, et souvent cela se traduit par un délestage des ressources humaines en attendant des jours meilleurs, tout cela n’augure rien de bon et ne sert certainement pas l’amélioration de la situation , au contraire elle ne peut qu’empirer.
Bref, aujourd’hui on n’arrive plus à couvrir ses charges , faire face au crédit, régler ses impôts et rémunérer son personnel. Comment faire face à cette situation qui risque de se généraliser à l’ensemble de la chaine touristique, agents de voyages, transporteurs, restaurateurs , guides et tous ceux qui vivent indirectement du tourisme? Comment combattre la sinistrose qui s’installe de manière insidieuse?
Bien sûr la solution est de booster les ventes de la destination par une promotion plus agressive et surtout à effet immédiat avant que le machine ne s’enraye. Quelle est la formule magique pour provoquer un engouement certain pour notre destination sachant que les pays émetteurs traversent une crise économique dont on ne voit pas la fin, avec un pouvoir d’achat réduit , un chômage en nette hausse, une consommation au ralenti et que les pays concurrents s’ingénient à garder voir augmenter leurs parts sur ces mêmes marchés?
Il y a lieu de lancer un certains nombres d’actions qui vont de la publicité tout azimut, à une présence dans les salons , en passant par les quizz et une aide aux professionnels, et j’entends par là les professionnels nationaux. Ces actions doivent être menées en parfaite concertation public/privé, budgétisées au mieux et avec un retour sur investissement assuré. Chaque dirham dépensé doit être rentable car on ne peut plus se permettre de dilapider les deniers publiques , nous sommes tous responsables jusqu’à nouvel ordre et l’ONMT en premier lieu.
Si je peux plaider pour ma paroisse, je dirais qu’il est temps de faire appel et confiance aux agents de voyages marocains, ceux qui s’investissent , qui résistent et qui continuent à battre la campagne pour faire venir des touristes sans qu’aucune subvention ni aide ne leur soit octroyée. Jamais nous n’avons touché le moindre sou pour les brochures que nous confectionnons, les sites que nous mettons en ligne, les voyages de prospection et de stimulation que nous initions de notre propre chef, pendant que d’autres, pour une simple publication touchent le gros lot, sans obligation de résultats.
Si on devait faire le bilan de ceux qui ont été subventionnés et qui ont disparu dans la nature après une brève apparition en comparaison de ceux qui n’ont jamais rien eut mais qui continuent d’exister malgré toutes les crises traversées depuis les années 80 à nos jours, je pense que nous devrions tous avoir la médaille du Mérite , mérite d’être des entreprises citoyennes dans le sens noble du terme.
Je n’ai pas l’habitude de pleurer sur mon sort, mais comme dit le proverbe « tant va la cruche à l’eau , qu’à la fin elle se casse», il serait temps que l’on prenne en considération nos propositions pour une meilleure promotion du produit national.
Pour cela, il faut arrêter de faire des voyages de stimulation stériles avec des «agents de voyages» affiliés à des TO, qui ont d’autres destinations à commercialiser que la notre et pour lesquels, un week end au Maroc est plus une corvée qu’une récompense, car pris sur leur jours de repos. Il faut inviter des patrons d’agences indépendantes, ayant un véritable réservoir de clients et soucieux de nouveaux produits.
Organiser des roads show dans des destinations désertées par les TO en mettant , quitte à le subventionner, de l’aérien point à point et bon marché.
Investir le web et les réseaux sociaux avec du contenu de qualité: articles de presse, photos, vidéos, expériences vécues etc….
Améliorer l’image de la destination par un produit d’excellence à tous les niveaux, de l’hôtel de charme au 5* en passant par le transport terrestre, la restauration, la qualité des visites, les monuments historiques, l’aspect des rues et des boulevards, l’animation culturelle, les expositions, les activités ludiques et bien sûr l’animation nocturne de qualité. Pour cela , il faut encourager tous ceux qui font des efforts pour innover et maintenir un niveau de prestations honorable.
La satisfaction du client est la meilleure publicité et je pense sincèrement que nous devrions avoir notre propre site de satisfaction, neutre, indépendant et qui couterait certainement moins cher que toutes ses commissions de contrôle qui ne contrôlent plus rien. Aujourd’hui, une réputation sur le net à plus d’impact que toutes les amendes prévues par la loi.
Enfin, la reconquête ne se fait pas uniquement sur une campagne promotionnelle, mais sur une mobilisation générale et une envie de gagner et pour cela il faut investir tous les segments : Le MICE, le Golf, l’aventure, la famille, les seniors, les jeunes, les couples, les célibataires, les sportifs… Il faut cibler également toutes les CSP à moins de trois heures de vol, ce qui inclue bien sûr les nationaux d’ici et d’ailleurs.
Vaste programme me diriez vous, il va falloir quand même s’y mettre et le plus tôt serait le mieux.
Aïd Moubarak Saïd.