À la base, il y a donc cette idée géniale et proprement absurde de refaire à la va-vite et avec les moyens du bord quelques films appartenant à l'inconscient collectif, de Rush hour 2 au Roi lion. L'occasion pour Gondry de se lâcher dans un délire visuel n'appartenant qu'à lui ; il n'a jamais filmé de façon aussi simple, ce qui relève ici de le bonne nouvelle, puisque s'installe rapidement une vraie proximité avec les personnages. La sincérité de cette délcaration d'amour au cinéma et au bricolage est des plus emballantes, et tant pis s'il y a des séquences foireuses ou des petits moments de solitude : Gondry creuse une nouvelle fois son propre portrait, celui d'un homme qui se pousse au cul pour faire sortir sa richesse intérieure et montrer qu'il n'est pas que ce type un peu timide, moche et décalé que l'on entrevoit au premier abord.
Be kind rewind, c'est aussi une peinture du temps qui passe, de ses bienfaits comme de ses méfaits. Les films viellissent, les bandes jaunissent ? Tant mieux. Ou tant pis. La vie passe, les pages se tournent ? C'est la vie. Le constat est simple, assez fataliste, mais empreint de magie : les souvenirs et les petits ratages nous construisent, peut-être plus que les grands évènements qui jalonnent nos vies. Conclusion de ce propos un peu désabusé mais jamais dépressif : une dernière scène proprement bouleversante, façon Capra, qui dit la beauté du monde et des rapports humains. Pour un film fauché se déroulant en majeure partie dans un vidéo-club délabré, c'est un petit exploit. Gondry l'a fait, et l'on meurt déjà d'envie de dévorer ses mille prochains films à condition qu'ils aient un millième de la force de celui-là.
9/10