L'histoire se passe aux Etats-Unis, mais cette étude menée par la Yale University alerte sur le rythme de progression du nombre d'enfants hospitalisés en raison de la maltraitance, le taux de maltraitance grave chez les plus jeunes dépassant le taux de mort subite du nourrisson. Autre résultat alarmant, le niveau de gravité de cette maltraitance à l'Enfant. Des résultats publiés dans l'édition en ligne du 6 février de la revue Pediatrics, qui ne peuvent laisser indifférent.
Ainsi, en une seule année, plus de 4.500 enfants aux Etats-Unis auront été hospitalisés et 300 seront morts de leurs blessures, suite à maltraitances, selon ce bilan de la Yale School of Medicine. Plusieurs mesures ont été prises aux Etats-Unis – comme en Europe ou en France avec l'ONED- pour une surveillance épidémiologique de ce phénomène de la maltraitance des enfants. Mais jusqu'à présent, aucune étude quantifiée de la gravité de la maltraitance, de ses conséquences en termes d'hospitalisation ou de mortalité n'avait été publiée.
Le Dr John M. Leventhal, professeur de pédiatrie et directeur médical de l'enfance maltraitée et des programmes de prévention de la maltraitance à l'hôpital pédiatrique Yale-New Haven a pris pour base la Kids' Inpatient Database (KID) portant sur les enfants hospitalisés en 2006, pour estimer l'incidence des hospitalisations en raison de violences physiques graves chez les enfants de moins de 18 ans. La maltraitance (ou actes de violence graves) a été définie comme tout cas d'admission à l'hôpital l'hôpital avec une blessure liée à violence de proches et l'étude n'a pas pris en compte les enfants avec d'autres types suspectés de blessures.
60/100.000 enfants de moins d'un an sont maltraités : Cette année-là, 4.569 enfants ont été hospitalisés aux États-Unis en 2006 en raison de graves violences, 300 de ces enfants sont morts à l'hôpital des suites de violences physiques. L'incidence de la maltraitance s'élève à 6,2 (IC : 95% de 5.5 à 6.9) pour 100.000 enfants de moins de 18 ans. Les enfants dans leur première année de vie s'avèrent les plus à risque d'hospitalisation, avec un taux de risque (violences + hospitalisation) de 58,2/100.000 dans ce groupe d'âge (IC : 95% de 51,0 à 65,3) et encore plus élevé chez les nourrissons couverts par Medicaid (l'assurance maladie des foyers les plus démunis) :133,1/100.000 (IC 95% de 115,2 à 151,0). Ces cas, à l'époque, incluaient un enfant de 3 mois avec de multiples contusions et un autre enfant de 3 mois avec traumatisme crânien. Des chiffres alarmants, plus élevés que le taux de mort subite du nourrisson (environ 50 pour 100.000 naissances), souligne le Dr Leventhal, qui note également que les enfants couverts par Medicaid (l'assurance maladie des plus démunis) sont à risque six fois plus élevé de maltraitance que leurs homologues « plus fortunés ». "Cela témoigne de l'importance de la pauvreté comme un facteur de risque de violence grave."
En France rappelons que le dernier rapport de l'ONED fait état de plus de 250.000 mineurs ayant eu recours aux services d'Allo-Enfance en danger mais aussi de 21.000 jeunes mineurs ayant dû recourir à l'un des dispositifs d'aide à l'Enfance. Selon les dernières estimations de l'OMS, chaque année, la maltraitance des enfants est responsable de 31.000 décès et d'un très grand nombre de blessures physiques ou émotionnelles.
Ces résultats appellent au développement de la détection précoce des cas de maltraitance associé à la prise en charge des enfants victimes et de leurs familles et des programmes de soutien à la parentalité.
Source: Pediatrics Published online February 6, 2012 doi: 10.1542/peds.2011-1277 « Using US Data to Estimate the Incidence of Serious Physical Abuse in Children” (Visuel NHS)
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