En pays de Bray (Haute-Normandie), si tu es terriblement dépressif, à un point tel que tu envisages de mettre fin à tes jours, ce n'est pas la peine d'aller acheter une corde, de préparer un cocktail chimique redoutable, de te jeter sous le TER : les chasseurs du coin vont s'occuper de toi; tu ne verras rien venir en plus. Il suffit d'aller faire un tour en forêt. Tout simplement. Tu n'auras rien à faire. Ce n'est pas nécessaire de signaler ta présence car de toute façon, ils ne font jamais gaffe.
Ils ne risquent rien au niveau pénal, ce sera considéré comme un malheureux accident.
Mais le souci, il demeure pour ceux qui veulent encore profiter de la vie. Ils n'ont pas demandé, eux, de crever sous les tirs de la racaille des talus.
Le 22 janvier, par exemple, en forêt de Croixdalle (forêt qui jouxte celle d'Eawy, terrorisée par les équipages de vénerie), c'est un jeune garçon qui périssait, une balle dans la tête.
Et le 29 janvier, soit une semaine jour pour jour après ce drame, route de Saint-Nicolas d’Aliermont, c'est à dire en bordure de cette même forêt, une famille réunie a eu la belle surprise de voir une balle de gros calibre tirée de l'extérieur venir se ficher dans le mur de la salle à manger, à hauteur d'homme, après avoir traversé la fenêtre.
Ils ont de la constance, en pays de Bray, dans le respect des consignes de sécurité. On sent que la maison est bien tenue, les troupes bien briefées.
Viandards partout et toujours, en sécurité nulle part et jamais.