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Un Varg Veum en grande forme...
L’auteur :
Gunnar Staalesen est un auteur norvégien de romans policiers, né le 16 octobre 1947 à Bergen. Ses romans mettent en scène Varg Veum, un ancien salarié de la Protection de l'Enfance devenu détective privé après avoir eu la main un peu trop lourde sur un dealer, et qui s'occupe désormais d'aller chercher des fugueuses jusqu'à Copenhague ou d'enquêter sur des meurtres, non sans que son grand ennemi de la police de Bergen, Muus, lui mette des bâtons dans les roues. Varg est divorcé, ressasse encore et toujours ses déboires passés et présents avec la gent féminine, tout en noyant ses pensées dans l'aquavit.
Au fil des romans le lecteur s'immerge dans le Bergen des années 1980 en pleine transformation urbaine, où règnent le meurtre et la toxicomanie. Un Bergen de paradoxes, de maisons cossues et de taudis, de prostituées et d'avocats renommés. La vision sociale-réaliste de l'auteur porte un coup sérieux au célèbre modèle social scandinave. (source Wikipédia)
L’histoire :
En mission à Oslo, Varg Veum met la main sur une vieille photo représentant quatre hommes attablés devant café et cognac. Quatre convives qui ne sont rien moins qu'un entrepreneur norvégien en vogue, un éminent financier, un magnat de l'industrie d'armement suédois et un encaisseur corrompu. Or, les têtes de ces derniers semblent destinées à tomber aussi vite que dans une partie de Qui est-ce ? mal engagée. Veum, dans une forme éblouissante, se saisit de cette affaire et, en marathonien chevronné, allonge ta foulée. Il court les rues de la capitale, plus ou moins bien accompagné, happé au passage par les souvenirs d'un temps où il faisait bon faire mine d'étudier à Oslo et se promener au bras de jeunes filles chantant Bob Dylan. (Présentation de l’éditeur)
Ce que j’ai aimé :
J’ai aimé Varg Veum, son humour, son intégrité, son humanité, son endurance. C’est un héros discret mais attachant. Les autres personnages sont tout aussi bien cernés, dotés d’un contour psychologique trop souvent absent de certains romans policiers, ils sont ici des personnages en prise avec leur époque, crédibles psychologiquement parlant, à l’image de cette jeune Marit, jeune femme seule dans le Oslo des années 90, attendant vainement quelques miettes amoureuses venues de son amant, homme marié influent.
« Mais son expression mélancolique, renforcée par les notes tristes de la chaîne hi-fi, la trahit. Ce n’était pas une fille d’Oslo de 1935 ou 1936. Sous la peau, elle avait l’Oslo des années 90 : sombre, agressif et déséquilibré. Rues obscures rendues acides par les gaz d’échappement ; passages souterrains aux murs couverts de graffitis racistes ; le bruit d’une bouteille brisée, le froufrou métallique d’une chaîne, le soupir à peine audible d’un cran d’arrêt qui s’ouvrait : aussi loin que possible des pistes immaculées, aussi loin du Sognsvann que Manhattan. » (p. 250)
A travers cette intrigue et ces personnages, Gunnar Staalesen nous livre une vision de la Norvège des années 90 (le roman est sorti là-bas en 1993) assez sombre : un système qui part à la dérive, une violence latente omniprésente, une pièce bouffonne se jouant en coulisses régie par des pantins incompétents…
« Les années 70, c’étaient celles des Maoïstes, les années 80 celles de la vague de droite, qui nous a tous rejetés sur la côte dans les années 90, les membres en petits morceaux et la nuque brisée. A qui appartiendront les années 90, Dieu seul le sait. (…)
Ce que tu vois là-dedans, Ove, c’est tout autre chose qu’une remise à zéro des compteurs historiques. C’est une civilisation en pleine déconfiture, la recherche perverse qu’a la société d’abondance d’un renouvellement constant de ses besoins d’excitants, un besoin de divertissement sans mesure. Et il est adapté à un monde où l’argent, c’est le pouvoir, et où la vie n’a plus de valeur propre. » (p. 291)
L’enquête policière frôle tous ces milieux liés au pouvoir et est menée avec brio, les chapitres courts permettant de ferrer le lecteur en captant toute son attention.
La narration, pour ne rien gâter, sait être à la fois lyrique, philosophique, sertie dans une construction impeccable à l’image de cette ultime phrase qui répond en écho à la première phrase du roman :
« La mort a de nombreux déguisements. Elle est venue me voir un jour de début septembre, sous le nom de Mons Vassenden. » (Première phrase)
« Mais ainsi va la vie. On ne peut pas se payer de garde du corps contre la mort. Personne n’en a les moyens. Et on reçoit rarement une lettre d’avertissement avant que tout ne soit terminé.
La mort a de nombreux déguisements. Mais on ne les reconnaît pas tous. Pas avant qu’il soit trop tard. Ça, il me l’avait appris, en tout cas, le héraut de l’automne. » (Fin du roman)
Du grand Staalesen...
Ce que j’ai moins aimé :
- Rien.
Premières phrases :
« La mort a de nombreux déguisements. Elle est venue me voir un jour de début septembre, sous le nom de Mons Vassenden.
Debout à la porte de mon bureau, il faisait penser à un messager d’une espèce disparue. Il avait une expression particulière sur le visage comme s’il demandait à ce qu’on lui pardonne d’exister. Ce n’était d’ailleurs peut-être pas injustifié.»
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Du même auteur : L'écriture sur le mur de Gunnar STAALESEN
Autre : Roman policier nordique
D’autres avis :
Cynic63 ; Jean-Marc Laherrère
Les chiens enterrés ne mordent pas, Une enquête de Varg Veum le privé norvégien, Gunnar Staalesen, traduit du norvégien par Alex Fouillet, Gaïa, 2009, 362 p., 22 euros
POCHE : Les chiens enterrés ne mordent pas, Une enquête de Varg Veum le privé norvégien, Gunnar Staalesen, traduit du norvégien par Alex Fouillet, Gallimard, Folio policier, février 2011, 7.30 euros
La série des Varg Veum dans l'ordre :
1- Le Loup dans la bergerie (Rocher, 1994 ; rééd. Gaïa, 2002)
2- Brebis galeuses (L'Aube, 1997)
3- Pour le meilleur et pour le pire (Gaïa, 2002)
4- La Belle dormit cent ans (Gaïa, 2002)
5- La Femme dans le frigo (Gaïa, 2003)
6- La Nuit, tous les loups sont gris (Gaïa, 2005)
7- Anges déchus (Gaïa, 2005)
8- Fleurs amères (Gaïa, 2008)
9- Les Chiens enterrés ne mordent pas (Gaïa, 2009)
10- L'Ecriture sur le mur (Gaïa, 2011)