Le déplacement avait été décidé suite à l'allocution multi-diffusée du dimanche précédent. Une soudaine vague de froid frappait le pays dont l'Ile-de-France. Le ratage médiatique fut complet, et presque incroyable quand on connaît les moyens et l'énergie dédiés à l'opération par les services de l'Elysée.
Nicolas Sarkozy avait refusé de reporter le déplacement malgré le froid. Il était arrivé en hélicoptère... sans rire (l'Essonne est en Ile-de-France pour celles et ceux qui ne le sauraient pas). La veille, La Fondation Abbé Pierre avait publié son 17ème rapport sur le mal-logement. La visite tombait à propos. Il fallait aussi faire de la pédagogie sur la énième proposition confuse en faveur du logement: dimanche, le Monarque avait promis d'assouolir de 30% les surfaces constructibles.
Jeudi, les premières images et videos d'un Nicolas Sarkozy souriant au milieu d'ouvriers multi-couleurs sont rapidement relayés par les médias. On entend un candidat présumé refuser de répondre à un employé du chantier sur son éventuelle candidature. la boutade ne dupe personne. Les photos sont nombreuses, presqu'autant que les participants au chantier. Nicolas Sarkozy put croiser près d'une centaine d'employés.
Assez rapidement, sur Twitter puis dans leurs médias respectifs, les journalistes accrédités relèvent la manipulation. Pour le Monde, Arnaud Leparmentier s'agace des habituelles et donc prévisibles petites phrases sans intérêt dans un article publié le soir même et titré « La visite bien orchestrée de Sarkozy pour revendre sa "France de propriétaires "». On est déjà surpris que le Monarque ait pu visiter un chantier un jour de grand froid. Les ouvriers présents étaient donc présents par courtoisie républicaine. On leur avait demandé de faire semblant de travailler. Ils portaient des casques et leur tenue de travail. Pire, Nicolas Sarkozy insista lourdement sur la température qui, normalement, les empêchait d'être présent:
Le lendemain, il y a pire. Europe 1 révèle, témoignages d'employés du chantier à l'appui, que les communicants de Nicolas Sarkozy avaient demandé davantage d'ouvriers. L'entreprise avait dû rameuter des employés d'autres sites et des fournisseurs. Le spectacle était complet: on avait même des figurants.
"Ils voulaient plus de monde autour de Nicolas Sarkozy". Un cadre du chantier de Mennecy, dans l'Essonne, qu'a visité jeudi le chef de l'Etat, s'est confié anonymement à Europe 1. Selon lui, l'Elysée aurait organisé dans les moindres détails ce déplacement, allant jusqu'à demander de doubler les effectifs le temps du passage du président.A L'Elysée, on était furax. L'opération était plantée. Vendredi, l'affaire s'emballe. Le Nouvel Obs (à 8h50), Ouest France, La Nouvelle République, La Voix du Nord, et quelques dizaines d'autres encore.
Dans la journée, l'Elysée dément avoir voulu gonfler les effectifs du chantier: « C'est n'importe quoi ! ». La justification est drôle: « tous les ouvriers présents étaient concernés par le chantier, l'entreprise les avait conviés ». Conviés par -8 degrés... Ouarf !
Un conseiller élyséen fut même « ulcéré », rapporte Nathalie Schuck du Parisien, des réactions médiatiques négatives. « C’est fou de croire qu’on fait de la mise en scène! Oui, c’est organisé, oui on dit aux gens : Attention, le président vient, mais on n’embauche personne! »...
Sans rire, c'est fou.
Il manquait une explication: mais pourquoi donc des ouvriers étaient-ils sur un chantier alors que le code du travail aurait du les y empêcher d'y travailler ? Mais pourquoi donc Nicolas Sarkozy ne portait-il pas de casque ce jeudi ?
Mais pourquoi ?