Dimanche matin, Fourest, Colombani et d'autres éditocrates commettaient, sur une radio publique, un débat de haut vol sur la démocratie et l'absence du Front national à la présidentielle.
Aucun de ces intellectuels médiatiques ne s'est demandé un instant si les institutions de la Vème République sont démocratiques, s'il faut changer de république comme le veut le Front de gauche, ou si la véritable nature du Front national est compatible avec la République.
Le dernier point ne se pose plus depuis que la droite classique a fait sienne l'idéologie frontiste de la préférence nationale. A terme, FN et UMP devraient s'allier ou fusionner. En attendant, ces deux partis se disputent une partie de l'électorat.
C'est dans ce contexte qu'il faut entendre les déclarations à la tribune de l'UNI, vieille organisation emblématique de droite à la frontière entre droite classique et extrême, de Claude Guéant, proche parmi les proches de notre grand dirigeant, le président Nicolas Sarkozy.
Le ministre de l'Intérieur n'a pas évoqué par hasard la civilisation française. En effet, depuis la fin de la 2de guerre mondiale et la cuisante défaite des gouvernements d’extrême droite, le concept de civilisation a été préempté par l’extrême droite pour remplacer le concept racial, invalidé par la science. Accessoirement, il enfume le débat politique sur une question qui n'intéresse ni son ministère, ni le bilan social du gouvernement, ni le peuple.
Dans cette compétition entre le l'UMP et le FN, le pouvoir sarkoziste aux abois craint une jospinade à l'envers, aussi - d'après nos éditocrates - ferait-il pression sur les élus de droite ou non encartés pour les dissuader d'accorder leur signature à Marine Le Pen.
L'élimination de la candidate du Front national assurerait à Nicolas Sarkozy de défendre au 2d tour les couleurs de la droite face au candidat de gauche.
Pour autant, comme l'affirmaient les penseurs entendus à la radio et vus à la télé, faut-il en conclure que l'absence de Le Pen rendrait moins démocratique l'élection présidentielle, et par ricochet des institutions qui par nature ne le sont pas ?
Franchement, on s'en moque tant le spectacle de l’extrême droite se victimisant pour récolter 500 signatures d'élus (sur plus de 40.000) est lassant et ridicule!
Et d'ailleurs, on s'en réjouirait même, parce sans FN, fini le chantage au vote utile même si les idées frontistes de préférence et de l'identité nationale seront défendues par le candidat de l'UMP.