Detachment

Detachment, réalisé par Tony Kaye, avec Adrien Brody, Marcia Gay Harden, Christina Hendricks, Lucy Liu, Sami Gayle, Betty Kaye… sortie cinéma 01/02/2012

Ce film m’a scotché en plusieurs étapes.

Première étape : je découvre cet extrait, paru avant même toute bande-annonce. Le jeu extraordinairement juste d’Adrien Brody, cette aura qu’il dégage et qui crève mon petit écran me clouent sur place. Je veux voir ce film, l’atmosphère et la tension de ces quelques minutes suffisent à me convaincre instantanément.

Deuxième étape : je constate qu’il s’agit de Tony Kaye, réalisateur de l’immense American History X, et qu’un casting phénoménal le suit dans ce projet discret très peu distribué en France (quel dommage) et pourtant imposant grâce à l’universalité de son sujet : l’éducation des jeunesses en déperdition. Qu’il est difficile d’en parler bien, efficacement, sans tomber dans le trop mielleux et pathos, ou dans l’excès de gravité et d’urgence. Bref, avec des noms pareils, Detachment s’annonce vraiment prometteur.

Troisième étape : je vois le film, et toutes mes attentes, qui sont devenues des craintes d’être déçu, sont finalement comblées. Le film est une œuvre réfléchie, forte, subtile et intense. Chaque personnage est à double tranchant, celui d’Adrien Brody est un héros contemporain fuyant sa réalité en développant devant ses élèves un personnage inébranlable. Cependant, on le perçoit très vite perdu dans l’image qu’il veut avoir de lui. Celui de Lucy Liu a l’apparence d’une femme construite, il est pourtant rongé par le doute. Celui de Marcia Gay Harden a les allures d’une femme de pouvoir qui n’a plus d’intérêt pour son couple, ni pour elle-même, lorsqu’elle perd foi en ses qualités professionnelles. Sami Gayle quant à elle campe une adolescente détruite de l’extérieur, qui ne soupçonne même pas toute la chaleur, la candeur et l’espoir qui l’habitent encore…

Detachment est une œuvre soufflante et impressionnante. Elle n’est pas réaliste, elle délivre un message ambitieux, vrai, dans un emballage qui trouve le juste milieu entre l’artistique et le sociologique.

8/10

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