Solidarité avec Vanessa Tchatchou

Publié le 05 février 2012 par Atango

L'actualité du foot camerounais est au beau fixe en ce moment :

Assou Ekotto, menacé d'être blacklisté par Denis Lavagne (vous savez, le Blanc qui travaille au noir chez nous), s'en contrefiche et réalise sa meilleure saison avec Tottenham, tout en menant une concurrence féroce contre Carles Puyol pour savoir qui a la plus belle crinière.

Seb Bassong, son coéquipier en club, lassé de cirer le banc des remplaçants, s'est fait prêter à Wolverhampton et a remporté (1-2) ce 04 février 2012 son premier match face aux Quenn Parks Rangers de Djibril Cissé. Le Français, revenu se mettre au vert en Albion, est sorti du match sur carton rouge, pour cause de comportement racailleux.

Jean-Marie Dongou, l'un des "Eto'o boys" du Barça, a fait ses débuts hier avec Barcelona B face à Villareal B. Ayant pris à la 87e minute seulement la place du n° 9 maison, Lodri Bris Losano (qui a sportivement refusé de le saluer pendant le remplacement), le jeune Camerounais n'a pas eu le temps de montrer grand-chose. Néanmoins, on peut estimer que sa carrière est bel et bien lancée avec cette entrée dans l'antichambre de l'équipe A.

Quoi d’autre ? Ah oui : Eto’o et l’Anzhi disputent en ce moment la Copa des Sol, histoire de meubler l’interminable trêve d’un championnat russe qui a eu la mauvaise idée de se caler sur le rythme des jours polaires.

Mais toute cette actualité est sans objet face à un fait divers qui se déroule en ce moment au Cameroun, et qui fait froid dans le dos. La quintessence de l’événement peut être lue sur le site de Camerpress : suivre ce lien. Rappelons juste qu’il s’agit d’une disparition de nouveau-né, soit la pire des pires des horreurs qui puissent arriver à une famille.


En tant que commentateur du football, je sais bien que ce sport a souvent servi de cache-misère, et que, dans le cas de notre pays, il a longtemps permis d’occulter la marche en avant du contre-miracle camerounais.

Aujourd’hui, l’incurie, la gabegie et la corruption généralisée qui sévissent dans ce pays à peine gouverné, ont fini par avoir la peau du football. Car l’absence du Cameroun à la CAN n’est pas un simple incident. Comme le rappelait récemment Joseph-Antoine Bell, elle n’est que la suite logique de la débâcle de 2010 en Afrique du Sud. Qui elle-même trouve sa genèse dans le "cameroonian management system."

En tout cas, elle constitue un marqueur de l’état du pays. Une case rongée par les termites peut faire illusion un certain temps, mais elle finit toujours par s’écrouler. Or, si l'armée et la police sont les piliers du système camerounais actuel, le football était le mur qui empêchait de voir à l'intérieur. Ce mur s'est aujourd'hui écroulé. Appraît donc au grand jour une société sans code, sans morale et sans honneur.

A quelques jours de la célébration de la Fête de la Jeunesse (le 11 février de chaque année), le pouvoir en place a senti que l’affaire du bébé de Vanessa pouvait signer le début de sa propre fin. Il s’emploie donc à l’étouffer, car personne ne sait comment il pourrait la résoudre. Un bébé a disparu, une magistrate haut placée est mise en cause et l’institution hospitalière, notoirement corrompue et qui a des millions de morts sur la conscience, assume sa mauvaise réputation. En effet, incapable de dire à la jeune maman ce que son enfant est devenu entre la chambre et la salle des prématurés, le directeur de l'hôpital a posé cet acte d'une inhumanité choquante, même au Cameroun : il a présenté à la jeune femme éplorée une facture de près de 1000 euros !

L’affaire est devenue une zone de sables mouvants : plus nos autoritaires autorités s’agitent, plus elles s’enfoncent. On a commencé par déterrer un bébé à Nkoteng (ce que je prends personnellement comme une provocation : ils auraient pu trouver un autre endroit), ensuite des ministres sont montés au créneau. La science a été mise à contribution : le Cameroun, qui se soucie d'une guigne de ses enfants qui meurent encore du choléra et du paludisme, découvre en grande fanfare les test ADN, rien que ça. Evidemment, les résultats, comme ceux des élections, vont sortir du chapeau d'un ministre.

Dernière trouvaille : ils ont dégainé une "Commission indépendante contre la corruption et la discrimination au Cameroun" qui, dans un splendide lapsus, signale que "les conditions dans lesquelles les enquêtes sont conduites, sont dégagées de toute impartialité". Mais comment les autres pays du monde arrivent-ils à se passer d'une Commission indépendante contre la corruption et la discrimination ?

La sollicitude de toutes ces importantes personnalités est très touchante, dans un pays où, d'habitude, chaque fois que vous avez à faire à l'Etat, c'est à votre détriment. Mais personne n'est dupe.

Une seule chose importe aujourd'hui : que le bébé soit rendu à sa mère et qu'une enquête dégagée de toute partialité détermine les coupables.

La mobilisation continue.

Une pétition en ligne peut être signée à l'adresse suivante : http://www.petitions24.net/le_bebe_de_vanessa