Eh bien, on peut dire que nous n'avons pas été déçus, puisque Pôle Emploi compte 5 millions d'inscrits et que le pouvoir d'achat est en berne depuis pas mal de temps. Néanmoins, notre Président serait prêt à briguer un nouveau mandat, au cours duquel, il résoudrait chômage et pouvoir d'achat au travers d'une providentielle TVA sociale.
TVA sociale qui devrait au demeurant permettre aux entreprises de regonfler leurs marges sans pour cela créer d'emploi, du moins à temps plein, puisque l'investissement et les embauches ne sont visiblement pas la priorité du Medef !
En effet, expliquait Laurence Parisot : « (...) l'entreprise pourra profiter des baisses de cotisations pour baisser son prix hors taxes, investir, augmenter les salaires... ou conserver sa marge. Pas question de négocier des engagements. « Il faut laisser la liberté d'utiliser les marges de manoeuvre »
Ce qui est confirmé par Patrick Artus, économiste en chef, directeur de Natixis : « (...) Que vont faire les entreprises de la baisse des charges sociales patronales ? Je ne pense pas qu’elles vont en profiter pour baisser leurs prix. Je suis persuadé qu’elles vont plutôt augmenter leurs marges bénéficiaires (...) »
En fait, même si le Chef de l'état ne le reconnaît pas, il n'a fait que recopier les revendications du Medef publiées en novembre 2011. Dans lequel l'organisation patronale promettait, à la volée, la création de 30 à 50 000 emplois. Voire plus chez Rexecode, officine amie du Medef, qui, elle, annonce des possibilités de créations nettes d’emplois ... pouvant aller jusqu'à 200 000 !
Ces promesses sont bien tentantes pour communiquer, à quelques encablures du premier tour de la présidentielle. C'est pourquoi, nous expliquait Le Figaro, samedi : « (...) selon le ministère de l'Économie, la mise en place de la TVA sociale pourrait permettre la création de 100.000 emplois (...) Les Echos dévoilent un rapport de Bercy qui estime les performances attendues de la mesure dont l'objectif est de réduire le coût du travail et de décourager les délocalisations. Le ministère de l'Économie précise que certaines estimations se situaient à 70.000 ou 80.000 emplois créés, d'autres nettement au-delà de 100.000. Le chiffre retenu est une moyenne jugée réaliste à environ ... trois ans (...) »
Petite précision qui devrait amuser un autre économiste, Nicolas Bouzou, qui déclarait le 30 janvier : « Ce qu'a annoncé Nicolas Sarkozy est une vraie TVA sociale, sans doute utile, mais d'une ampleur très limitée, et sans effet spectaculaire sur l'emploi, loin du choc de compétitivité escompté »
Concernant le pouvoir d'achat : Selon le rapport de Bercy, le relèvement de 1,6% du taux de TVA n'aura « pas d'impact significatif » sur les prix.
Vous voulez en connaître la raison ?
Selon les experts du ministère de l'économie l'impact reposerait sur : « seulement » 40 % des biens et services consommés.
Bonne chance aux consommateurs pour trouver des vêtements, chaussures, équipements de la maison, électronique, électro ménager, audiovisuel, jouets, ameublement, ... fabriqués en France. Produits qui risquent de ne pas baisser de prix puisque : « (...) Bercy veut également croire que les entreprises qui vont profiter de la baisse des charges la répercuteront sur leurs prix. Si bien que le prix TTC devrait baisser pour les produits non concernés par le relèvement de TVA (...) »
Quant aux produits soumis à une augmentation de la TVA, ils pourraient : « (...) rester globalement stables pour ceux concernés par la hausse de TVA. Les entreprises n'ont pas intérêt à augmenter leurs prix de vente sous peine de perdre des parts de marché »
Et le rapport de conclure : Seuls les prix des produits importés devraient donc augmenter. CQFD !
Ce que conteste Patrick Arthus qui signale que : « la hausse de la TVA va faire monter les prix, comme cela a été le cas outre-Rhin – contrairement à ce qu’a indiqué M. Sarkozy –, au Royaume-Uni ou au Japon. Elle pourrait nous coûter entre 0,2 et 0,3 point de croissance du fait de la baisse prévisible de la consommation (...) »
Des produits fabriqués en France dont le prix baisse en même temps qu'on crée de 100 à 200 000 emplois. Et dire qu'il aura fallu attendre les derniers mois du mandat de notre président, de son gouvernement et de sa majorité pour découvrir la recette miracle, c'est rageant, vous ne trouvez pas ?
Néanmoins, le tout est de savoir si les français ont envie de les reconduire pour 5 ans, histoire de vérifier si 10 ans de pouvoir sont nécessaires pour vérifier que les promesses ... n'engagent que ceux qui y croient !
Crédit photo
Mondes francophones