Cela fait des semaines, des mois même que j’ai envie de parler de ces gens-là!
Ces gens qui, chaque dimanche envahissent certains endroits non seulement de la capitale mais, je s’en suis sûr, de bien d’ autres villes du pays!
Ces gens qui, chaque dimanche, s’organisent comme ils peuvent, pour sortir en famille, le plus souvent, parfois en groupes selon les âges et les affinités, parfois en couple, et même seuls.
Ces gens-là, qui se déplacent à pied, avec femmes et enfants, à moto, souvent à 3 ou 4 sur leurs deux-roues, le plus souvent en bus, et Dieu sait si c’est désagréable, et aussi en voiture, vous savez ces voitures qui ont le plus souvent 10 d’âge ou plus!
Ces gens qui sortent, chaque dimanche, surtout quand il fait bon, que le soleil est là, que le température est clémente!
Ils sortent par dizaines, par centaines, par milliers.
Ces gens-là que l’on retrouve, chaque dimanche, partout dans la ville ou dans les environs : en face du parlement, entre les colonnes de la Tour Hassan, dans les jardins qui bordent l’autoroute vers Casablanca, sur les rives du Bouregreg, dans le bosquet de la Hahoura ou dans la forêt de la Mamora, sous les arbres du Kilomètre 13 sur la route de Rommani, sur les plages même quand personne n’ose se baigner sauf les surfeurs impénitents, dans les quelques espaces verts encore disponibles, et aussi dans les restaurants populaires qui prolifèrent dans les stations-services ou dans dans certains quartiers, et depuis quelques semaines dans le nouveau zoo, malgré les tarifs d’entrée trop élévés.
Ces gens-là, on ne retrouve pas qu’à Rabat. Chaque ville du pays connait ces sorties dominicales massives, populaires, populeuses! Chaque ville a ses points de rendez-vous où se retrouvent ces gens-là, qui attendent le dimanche pour oublier leurs soucis, leurs angoisses, leurs problèmes et pour sortir.
Je veux parler de ces gens-là, de ces marocains et de ces marocaines tout à fait normaux, qui ont autant de problèmes que les autres, peut-être plus, peut-être moins, des gens tout à fait normaux, qui ont des fins de mois difficiles, des enfants à élever, à scolariser.
Je veux parler de ces gens-là, qui ont des traites à payer, des dettes à rembourser, des ambitions parfois inaccessibles pour leur progéniture, des difficultés dans leur travail, des problèmes personnels.
Je veux parler de tous ces gens-là, qui, le dimanche, oublient tous leurs soucis!
Tous ces gens-là ne sont pas forcément des privilégiés, loin de là! Tous ces gens-là ne dépensent pas des fortunes à chaque sortie, pour la bonne raison qu’ils ne peuvent se le permettre! Tous ces gens-là ne fréquentent pas les clubs huppés ou les restaurants chics; ils ne sont membres ni de clubs de tennis, ni de clubs équestres. Ni de clubs privés avec piscines couvertes, sauna et tutti quanti.
Non, je veux parler juste des ces dizaines, ces centaines, ces milliers de marocains qui prennent le temps, le dimanche, de s’offrir quelques heures de détente, pour eux pour leur famille, pour leurs enfants!
Cela fait des mois que j’ai envie de parler de ces gens-là, de ces marocains dont personne ne parle, parce qu’ils ne font pas de vague, ils ne posent pas de problèmes, ils ne démolissent rien, ils n’insultent personne.
Ces gens-là vivent, tout simplement! Et j’avais envie d’en parler! Parce qu’ils le valent bien!