Parfois Rose vous accompagne jusqu'au verger du grand-pèreexhortant ses troupes à ne pas se gaver de cerises. Exigeant soudain lesilence. Vous entendez la mésange qui cherche en vain à vous effrayer ? Puisreprenant sa lente progression dans les herbes parfumées de coquelicots.Contournant les ronces qui prospèrent gentiment, chaque jour un peu plus, etpourraient finir par vous interdire le passage. Vous riez ? Se moquant, enrevanche, complètement des orties qu'il s'agit juste de traverser sansrespirer. S'enthousiasmant du vol d'une libellule. Répétant que les coccinellessont les restes d'étoiles. Ou bien les larmes du Bon Dieu... Des particules derêves... Je ne plaisante pas ! Chassant à tue tête - plus fort, les garçons ! -d'invisibles vipères qui se faisaient immanquablement couleuvres, musaraignesou crapauds. Ouvrant le chemin dans une jungle de pacotille qu'aucun gibbonjamais ne surveillait sauf à prétendre vrai ce qui nous traversait l'esprit. Fauchantla prairie d'1 moulinet de bois mort qui tenait à distance les armées demulots, les escadrilles d'étourneaux, un empire assoupi. Décrétant une trêvegénérale, l'indulgence des autorités, une infinie mansuétude... Mais sousréserve qu'on cesse de lui manger les mollets. Et pas demain... Ou dans unmois... Mais là, tout de suite ! Bon sang ces bestioles qui n'en font qu'à leurtête me rendront folle. Interrompant son discours. Cherchant, en vain, àlocaliser le fanfaron qui s'égosille dans le feuillage. Mimant l'écureuil déjàdisparu... Ou bien les butineuses qui viennent festoyer dans le verger,s'enivrer de couleurs, se gaver de pistil, se régaler de pavots ou de lavande. Ou bien l'ombred'un chevreuil, aboyant soudain d'une exigence plaintive, le retour de son rejetoncaracolant dans les herbes sauvages. Ou bien la reinette, aspirant à la pluieet gagnant la berge de l'étang en s'abreuvant de rosée. Ou bien l'extase desflammes après l'orage. Ou bien l'épouvante de la musaraigne sous la férule d'unmatou. Ou bien la course saccadée d'une fourmi zigzaguant sur le tronc dutilleul. Ou bien la météorite flamboyante qui traverse la nuit, s'affranchitdes étoiles, disparait dans un nuage et plonge en sifflant sur la forêt. Plusqu'un moment de la vie, l'enfance est une dimension de l'être.Mais le reste à lire ici, ou bien là, plus facilement encore, c'est à dire à peine plus loin.
Magazine Culture
La twittérature comme imposture ? Ou comme simple modulation de l'exercice du langage ? Ou comme véritable entreprise de déforestation de la littérature (la vraie) ? Ou comme ultime tentative pour tenter d'arracher le secret des sources du Nil ? Ou comme bavardage définitivement insipide, à défaut d'être récréatif ? Ou comme cristallisation de l'ennui ? Il faudra sans doute, un jour, sérieusement, pouvoir le dire. En attendant, et sans rien chercher qu'à se laisser porter par le chaos du monde, pour en comprendre, si tant est que ce soit possible, la subtile harmonie, Paul-Henri Sauvage, sur Pas-Vu-Pas-Pris, poursuit sa publication de cette Vie Rêvée dont j'ai déjà largement évoqué la genèse, TwitterRoman toujours en chantier et à l'issue chaque jour plus incertaine. Un bref extrait, rien que pour vous, bien sûr :