Il y a certains livres que l’on n’oublie pas. Des sensations littéraires dans lesquelles on apprécie de se replonger. Retour donc sur un jeune auteur Vietnamien (encensé par la presse étrangère) qui, en 7 nouvelles seulement, parvient à nous mettre l’eau à la bouche, dans l’attente d’un premier roman… Le Bateau est paru en poche le mois dernier.
Il est également question des thèmes abordés dans les nouvelles à venir. Ba conte son expérience de la guerre du Vietnam. Ce thème revient dans la nouvelle qui clôt le recueil, Le Bateau. Il est par ailleurs question d’hémorroïdes dans la nouvelle Revoir Elise… Dans celle-ci, un peintre néo-figuratif, Henry Luff, apprendra qu’il est atteint d’un cancer du côlon. Il veut à tout prix rencontrer sa fille, une violoncelliste prodige, avant que la maladie ne l’emporte. Elle n’est pas au courant de sa maladie et refuse de voir Henry. Dans cette nouvelle, Nam Le excelle ; il nous donne la nausée, le mal de mer et parvient à nous faire ressentir physiquement le mal être et la douleur de son personnage. Une des grands textes de ce recueil.
Chaque nouvelle explore des régions différentes du globe (Téhéran, Medellin, Hiroshima, Australie) et l’auteur se régale à dépeindre des torrents d’émotions qui précèdent une chute irrémédiable, un changement de vie radical, une rupture… Le livre se termine même de manière optimiste avec un bateau qui fuit le Vietnam en guerre. Un peu inégal (Cartagena, Halflead Bay m’ont moins impressionné) ce recueil parvient souvent à être bouillonnant, par la force de l’écriture. Choc des cultures (Ici à Téhéran), et exploration des mutiples facettes d’une vie, Le bateau est l’un meilleurs recueils de nouvelles que j’ai pu lire ces dernières années.