Les Bronzés 3

Vingt-sept ans après, les amis du Club Med se retrouve à Sardaigne dans l'hôtel géré par Popeye...

La critique embourgeoisée de Borat

Je vous imagine quand vous avez vu que Les Bronzés serait abordé: "oh, je sens que le Borat il va s'éclater avec le troisième!" ou alors "je sens que le carnage, ce sera pour le dessert". Et bien oui, Borat ne va pas être gentil avec Les Bronzés 3. Mais avant cela, remettons les pendules à l'heure. Cela faisait vingt-sept que la troupe n'avait pas repris ses personnages cultes.
On les avait bien sûr retrouvés dans Le père noël est une ordure et Papy fait de la résistance mais beaucoup attendaient un troisième volet des aventures de Jean-Claude Dusse et consorts. Après l'échec d'Astérix en Hispanie, Les Bronzés 3 finit par se mettre en production en 2005 pour une sortie en 2006.
Tout a été fait pour que le coup soit gagnant. TF1, Canal+ et Warner à la production; troupe très bien rénumérée; retour de Patrice Leconte, Dominique Lavanant et Martin Lamotte; promotion virale sur RTL, Arthur et Drucker.

Rien n'a été laissé au hasard et le chiffre astronomique de plus de 11 millions d'entrées n'en est que plus évident.
Mais malgré ce score collosal, le public crie franchement au scandale. Clairement cette suite est mal-aimée comme pas possible et il faut bien l'avouer, on est face à une vraie daube. Et pourtant, plusieurs indices annonçaient la couleur.
Déjà le fait que le Splendid a demandé une hausse de salaire. En général, ça commence déjà mal. Cela dit déjà que les bonhommes ont pris le melon.
Jugnot, Balasko, Blanc et Chazel sont passé derrière la caméra en bon (les trois premiers) ou mauvais (la dernière); Lhermitte ne cesse d'accumuler les pompes à fric pour payer son voilier; et Clavier accumule les navets depuis Les visiteurs en Amérique. Autant dire que Les Bronzés 3 arrive au bon moment pour certains.

Dans son récent livre d'entretiens J'arrête le cinéma où il évoque sa filmographie, Leconte évoque un vrai bordel sur le tournage. Jugnot fera chier en voulant le remettre à sa place au poste de réalisateur; lui imposera son fils Arthur pour incarner... son fils; le Splendid était très recroquevillé sur lui-même; Dominique Lavanant n'acceptera pas que son cachet soit moins fort que les autres (ce qui est quand même normal étant donné qu'elle fait quand même partie du groupe des Bronzés quoi qu'on en dises); Bruno Moynot n'a probablement pas touché au scénario et n'apparaîtra quasiment pas dans le film; Clavier imposera Caterina Morino avec qui il avait joué dans L'enquête corse... Bref, un bordel général qui sera abordé assez tard et donc hors promo.
Du pain bénis pour rester tranquille. L'affiche dit également beaucoup. Les affiches des précédants films n'avaient aucun acteur représenté et étaient composées d'un vrai dessin.

Ici rien. Six vieux qui vous tournent le dos et avec une tagline qui prendra tout son sens plus tard, soit "Les mêmes, en pire".
On ne peut pas faire mieux franchement pour annoncer une catastrophe. Faites mijoter le tout avec une chanson bien naze de Zucchero et vous aurez le carton de l'année. Mais bon, on va commencer à aborder réellement le film parce que sinon on en a encore pour longtemps. En plus de ceux déjà précités, on retrouve aussi Ornella Muti et Eric Naggar. Il faut bien le dire: tout est dans la bande-annonce. Petite retrospective des cocos version 2006. Gérard et Natalie sont toujours aussi beaufs; Popeye s'est payé un palace en Sardaigne et trompe sa nouvelle femme bien évidemment; Jerôme est devenu une risée pour la médecine à cause d'une mauvaise opération sur Christiane et Gigi l'a plaqué pour Jean-Claude (la revanche du looser par excellence.
Si seulement ça pouvait m'arriver bon sang!) et s'est fait refaire les seins.

Bref, ça sent à mort la machine à fric. Inutile de dire que Jérôme va vouloir se retaper Gigi, que Lavanant va vouloir se venger, que Jean-Claude nous referra Quand te reverrais-je version english, que Popeye devra user de moults pirouettes, que Bernard va encore essayer de supporter les aléas de sa femme...
Enfin bref, non seulement on s'ennuie devant ce spectacle sans surprise mais en plus il n'est pas drôle. Sauf que quand on est devant une comédie, cela devient franchement problématique. On sent également que le Splendid n'est plus ce qu'il était: Lhermitte fait le richard; Clavier l'excité de première (une vraie pile électrique); Blanc se retrouve avec des tonnes de perruque et son personnage n'est plus que l'ombre de lui-même (car avouons le, un Jean-Claude Dusse en couple c'est comme un avion sans pilote), Lavanant en free style et Chazel est ridicule avec ses faux seins.
Rien à sauver ici à part une roublardise qui fait sévèrement mal au cul. Je l'ai vu deux fois, ça m'a amplement suffit.

Une honte que de nous avoir fait patienter vingt-sept ans pour ça. Une merde de première fait par des artisans plus préoccupés par leur cachet.

Note: certainement pas!