Dossier spécial usine de méthanisation
600 participants dans une ambiance électrique
Par
Jean-Emmanuel Nicolau-Bergeret
Le Palais des fêtes de Romainville était trop petit pour accueillir tout le monde (Photo 1 ci-dessous), puisque plus de 600 personnes étaient présentes à cette nouvelle réunion [NDLR : Mercredi 1er février 2012], organisée à la demande de notre Communauté d'agglomération « Est Ensemble » suite aux requêtes de plusieurs maires, dont Laurent Rivoire (NC), édile de Noisy-le-Sec, comme nous l'évoquions dans notre article de dimanche dernier.
Un dossier complexe et passionné
Ce dossier, particulièrement complexe d'un point de vue technique, est par ailleurs éxacerbé par les passions.
C'est pourquoi nous avons créé une catégorie spécifique dans notre blog afin que nos lecteurs puissent suivre l'avancée des débats que nous entendons relayer de la façon la plus objective possible en donnant la parole aux nombreuses parties impliquées, qu'il s'agisse du SYCTOM, en charge de la gestion des déchets dans la région parisienne et regroupant 84 communes réparties sur 5 départements de la Région Ile-de-France ; la société URBASER à laquelle incombe la création de la nouvelle usine de méthanisation en remplacement de l'actuel site de gestion des déchêts à Romainville (Seine-Saint-Denis), les élus des communes concernées, les riverains de ce futur site industriel, dans un très large périmètre. Et d'une manière générale toute personne physique ou morale qui souhaiterait s'exprimer.
Jean-Paul Lefèbvre (PS) (Photo ci-contre), conseiller communautaire (majorité) d' « Est Ensemble » et Président du groupe socialiste (opposition) au conseil municipal de Noisy-le-Sec, que nous avons rencontré lundi dernier suite à la parution de notre premier article, a tenu a rappeler des précisions en préambule.
Selon cet élu, le centre de traitement actuel, qui est presque centenaire, concerne un bassin de population de 900.000 habitants de l'Est Francilien dont les 400.000 âmes d' « Est Ensemble ».« (...) Le projet d'usine de méthanisation remonte à 2005 et a été voté, du moins sur les grands principes, à l'unanimité des membres d'alors, dont Mr Karim Hamrani, délégué de Noisy-le-Sec à cette période (Mandature 2003/2008 de Nicole Rivoire). Et il faut bien l'admettre, personne à l'époque ne s'est inquiété ».
Comme nous l'avions évoqué, ce projet a fait l'objet d'une présentation en préambule d'une séance de conseil municipale (Mandature 2008/2010 d'Alda Pereira-Lemaître) et là encore, personne n'avait exprimé de désapprobation majeure suite à un exposé très complet accompagné d'un Power Point riche de photographies et d'icinographies.
D'ailleurs, toujours selon l'élu, « (...) ce projet s'incrit en toute logique dans le Grenelle de l'environnement, décidé par la droite (...) » qui prévoit la réduction des enfouissements ou les incinérations de déchêts, et motive par-là même le choix de la méthanisation.
Jean-Paul Lefèbvre conçoit que l'enquête d'utilité publique de 2010 ait pu passer inapperçue dans le public, mais rappelle que ladite enquête avait fait l'objet des publications légales habituelles, n'oubliant pas de remémorer au passage cette présentation en 2008, qui à l'époque n'avait suscité aucune inquiétude particulière. Pour y avoir assisté, je confirme.
L'ARIVEM tire le signal d'alarme
C'est en réalité l'association ARIVEM, association de riverains de la future usine, qui a commencé à tirer le signal d'alarme dès juin 2011, évoquant de nombreux questionnements quant à la sécurité du site (risques incendie, explosion), les nombreuses nuisances environnementales craintes (flux, olfactives, santé publique), la qualité des produits finis (qualités du compost à usage agricole et du gaz destiné à l'utilisation domestique sont ainsi remises en cause par ladite association), sans oublier son coût de contruction et d'exploitation ainsi que les rapports énergétiques (consommation de l'usine / production d'énergie). La liste des interrogations également exposées par le public (Photo 3 ci-dessous) est loin d'être exhaustive et nous aurons l'occasion d'y revenir ultérieurement.
Pour Jean-Paul Lefèbvre, beaucoup de ces inquiétudes sont sans fondement : « L'ARIVEM se manifeste bien tard et j'estime que certaines [inquiétudes] ne sont pas fondées. URBASER est un leader mondial sur ce segment de la méthanisation. Les peurs évoquées par cette association quant à des risques d'explosions ne sont pas justifiées car les digesteurs disposent de systèmes de sécurité avec des soupapes, un système d'extinction automatique en cas d'incendie et tout un processus de mise à l' arrêt en cas de problème. Par ailleurs, la comparaison avec l'usine de Montpellier n'est pas probante, cette dernière ayant été mal appréhendée et sa conception étant déjà ancienne. Ainsi le futur site de Romainville sera-t-il étanche, avec des sas à doubles-portes automatiques, une pressurisation interne négative pour eviter tout échappement d'air lors de l'entrée et la sortie des flux, l'atmosphère interne sera recyclée, des biofiltres actifs installés pour que les rejets d'air ne soient pas néfastes sur le voisinege, et l'atmosphère extérieure sera contrôlée par des capteurs, sortes de "nez électroniques", pour surveiller en permanence l'air aux voisinages du site. Enfin, il me semble utile de rappeler que la dénomination " site type sévéso " n'est pas appropriée pour ce type d'activité ».
Ce que le Préfet Christian Lambert rappelle en substance dans un courrier adressé à l'ARIVEM le 25 janvier dernier.
Jean-Paul Lefèbvre cite d'ailleurs l'exemple de Niort, « (...) où il y a une excellente collecte sélective séparative des déchets fermenticides. Mais le plus important est d'éduquer la population en commençant dans les écoles, avoir des ambassadeurs du tri pour épauler la population et faire une large communication (...) Cela fonctionne très bien à Fribourg qui compte 300.000 habitants ».
Un moratoire et une concertation publique
En cette fin de séance quelque peu électrique, Bertrand Kern (PS), Président d' « Est Ensemble » et maire de Pantin s'est engagé publiquement sur un moratoire de six mois et la saisine de la Commission Nationale du Débat Publique avec un garant.
Extraits :
Usine méthanisation Romainville Noisy-le-Sec (1/1)
Voilà qui devrait estomper les craintes immédiates et permettra à tous de participer aux débats.
Dans de prochains articles, nous irons à la rencontre des élus EELV de Noisy-le-Sec, de l'ARIVEM, et d'une manière générale vers tous ceux qui souhaiteront apporter leurs points de vues sur ce projet.
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Auteur : Jean-Emmanuel Nicolau-Bergeret
© 05 février 2012 - JENB Productions - Noisy-le-sec
Références
Le vidéo-blog de JENB Productions ; JENB Productions sur Dailymotion ; JENB Productions sur Facebook ; Article du Parisien, Réunion publique sur l’usine de méthanisation du 1er février 2011
Site de l'ARIVEM ; ; Site d'URBASER