Le resvératrol, un polyphénol du vin rouge, a déjà démontré ses capacités préventives contre le diabète, les maladies cardiovasculaires ainsi que certains cancers. Mais comment agit-il, la question restait posée. Une étude des National Institutes of Health (NIH) publiée dans l'édition du 3 février de la revue Cell contribue à éclairer le mécanisme de ce composé « magique » diffus dans nos grands crus. Un article d'opinion, publié dans l'édition du 2 février de Nature, commente ces mécanismes du resvératrol et justifie dans le même temps les bienfaits du resvératrol, donc on peut dire du vin rouge, lorsqu'il est consommé avec modération bien sûr.
Cette étude des NIH porte donc sur le mécanisme sous-jacent du resvératrol. L'auteur de l'étude, le Pr Jay H. Chung, chef du Laboratoire de recherche sur l'obésité et le vieillissement du National Heart, Lung, and Blood Institute, explique l'objectif de sa recherche : "Avant que les chercheurs puissent parvenir à transformer le resvératrol en un médicament sûr et efficace, ils doivent comprendre exactement ce qu'il vise dans les cellules."
Le mécanisme sous-jacent du resvératrol : Plusieurs études ont suggéré que le resvératrol cible principalement des protéines nommées sirtuines, associée au vieillissement. Le Pr. Chung et ses collègues ont écarté cette hypothèse, après avoir constaté que l'activité du resvératrol était nécessaire à une autre protéine appelée AMPK. Leur recherche a retracé l'activité métabolique dans des cellules traitées avec du resvératrol et identifié une cible, les protéines PDE, connues sous le nom de phosphodiestérases, qui lorsqu'inhibées par le resvératrol, déclenchent une série d'événements dans la cellule, dont l'activation indirecte des sirtuines. Des souris qui reçoivent un inhibiteur de PDE vont bénéficier des bénéfices déjà démontrés du resvératrol, tels que la prévention de l'obésité, l'amélioration de la tolérance au glucose, et l'augmentation de l'endurance physique.
Le resvératrol cache des toxicités ? Mais, car il y a un « mais », le resvératrol sous sa forme naturelle interagit avec de nombreuses protéines et pourrait aussi causer des toxicités encore inconnues, en particulier en cas de prise à long terme. Le chercheur précise que les niveaux de resvératrol présents dans le vin sont susceptibles de ne pas être suffisamment élevés pour produire des bénéfices suffisamment importants pour la santé. Les études cliniques menées chez l'Homme ont pris pour base environ 1 g de resvératrol par jour, soit la quantité équivalente de resvératrol contenue dans…667 bouteilles de vin rouge.
Vers des inhibiteurs de PDE : L'étude qui montre que le resvératrol n'active pas directement les sirtuines, mais inhibe ces protéines PDE, éclaire la biochimie du resvératrol mais ouvre également la voie à de nouveaux médicaments à base de resvératrol ou qui agissent comme le resvératrol. Le composé chimique intéresse d'ailleurs considérablement certains laboratoires pharmaceutiques pour son potentiel, déjà démontré, à lutter contre le diabète, l'inflammation et le cancer. Car ces résultats suggèrent que les inhibiteurs de PDE pourraient présenter les mêmes avantages que le resvératrol, sans ses toxicités possibles, liées à l'interaction avec d'autres protéines. Un inhibiteur de la PDE (celui donné aux souris dans l'expérience) appelé roflumilast (un AINS) a déjà été approuvé par la FDA pour le traitement de BPCO.
Des études contrôlées pour éclairer la manière dont ces produits naturels fonctionnent sont toujours nécessaires comme le prouve cette recherche montrant que le mécanisme du resvératrol est plus complexe que prévu.
Source: Nature doi: 10.1038/nature.2012.9970 « Questions hang over red-wine chemical et Cell Volume 148, Issue 3, 421-433, 3 February 2012 doi:10.1016/j.cell.2012.01.017Resveratrol Ameliorates Aging-Related Metabolic Phenotypes by Inhibiting cAMP Phosphodiesterases» (Visuel © Natalia Klenova - Fotolia.com)