Nous y sommes finalement, c’est le Super Dimanche qui culminera en début de soirée par la présentation du 46e Super Bowl. Pour s’y rendre, on revient sur le Super Bowl 2008 impliquant les 2 mêmes équipes et je vous partage mes meilleurs souvenirs du Grand Match.
La perfection si proche… et si loin! :
3 février 2008, Glendale, Arizona. Les Dolphins de 1972 semblent en voie d’être détrônés par la plus redoutable machine de football que je n’ai jamais vu. Non seulement les Patriots de 2007 ont gagné tous leurs matchs, ils l’ont fait la plupart du temps avec une facilité déconcertante. Les chances d’Eli Manning, alors très loin d’un quart établi, de s’interposer dans leur marche vers l’immortalité footballesque me semblent très minces, voire nulles. Comme tout Pats Hater qui se respecte, j’aurais le goût de sauter un tour, mais c’est le Super Bowl, donc on met les ailes de poulet au four et la bière au frigo quand même!
Surprise, un ami fan de l’empire du mal s’est même procuré un gaminet à l’effigie de Brady pour l’occasion. Un gilet de Brady dans mon salon, ah ben calvaire! Mon divan est souillé! Pourtant, le début de match encourage un brin les fans des bleus. New York garde le ballon pendant les 10 premières minutes grâce à une séquence offensive de 16 jeux qui se termine toutefois par un placement. Mais l’espoir est de courte durée. La Nouvelle-Angleterre se commet dans une longue drive à son tour et lorsque Laurence Maroney (remember him?) la complète par un touché, nous sommes déjà rendus au 2e quart. Les 2 défensives dominent le reste de la demie. Le 3e quart ne rajoute aucun point au tableau et la performance de la défensive new yorkaise (qui compte déjà plusieurs sacks importants) m’encourage même à de timides attaques contre les partisans du Boston. Ceux-ci n’aiment pas trop l’allure du match, mais ne sont pas trop inquiets. « Est-ce que tu penses vraiment qu’Eli Manning va battre Tom Brady? » me répètent-ils invariablement. Damn, c’est un argument difficile à contrer! Et puis, les Pats mènent toujours.
Lorsque Manning rejoint, qui d’autre, David Tyree dans la zone de buts pour donner les devants aux Giants avec 11 minutes à faire, le mood change un peu. L’upset devient possible, mais reste hautement improbable. L’aura des Pats est telle en cette année-là que personne ne croit qu’ils en resteront là. Effectivement, ils répondent. Corey Webster glisse et Randy Moss est complètement seul dans la zone de buts. C’est trop facile, même en espagnol! Il reste moins de 3 minutes à la rencontre et les Pats sont en avant 14-10. Ceux qui n’aiment pas les Pats commencent à parler de victoire morale des G-Men qui auront au moins flanqué une bonne frousse aux champions.
Mais New York n’abandonne pas. Ils doivent d’abord convertir un 4e jeu, ce que Brandon Jacobs réussit. Les Bleus sont à leur propre 44. Puis Asante Samuel a l’interception de la victoire au bout des doigts, mais s’il avait des mains, il serait receveur de passe, pas demi de coin! Le snap suivant est probablement le jeu le plus mémorable de l’histoire du Super Bowl. David « 15 minutes of fame » Tyree, the Giant Snatch, l’attrapée qui donne des cauchemars aux fans des Pats encore aujourd’hui. Dans mon salon, fans des Pats et des Giants se rejoignent dans un silence stupéfait. Comment Manning a-t-il évité le sack? L’attrapée est-elle bonne? Comment ça tient sur un casque un ballon de football? Y restes-tu des nachos? Tant de questions… Évidemment, ça ne clos pas le débat, car les Giants doivent encore marquer un touché, mais après un tel catch, ça semble une formalité. Il faudra quand même convertir un long 3e jeu et 11 pour poursuivre la séquence, mais ce qui est rendu inévitable survient : Plaxico Burlesque déborde le CB Ellis Hobbs pour le touché gagnant. Les Pats ne sont pas parfaits! Et ils l’auront encore sur le cœur en sautant sur le terrain aujourd’hui pour la revanche!
Pour occuper votre avant-match :
Normalement, l’action débute à 13h les dimanches après-midi. Là, vous devrez patienter plus de 5 heures supplémentaires. Pour les occuper, vous pouvez bien sûr regarder le Canadien en perdre une autre, regarder la ridiculement longue programmation d’avant-match des réseaux américains, ou même vous donner bonne conscience et profiter du beau temps pour pratiquer votre sport d’hiver favori. Vous pouvez quand même prendre quelques minutes pour consulter le récapitulatif des 45 premières éditions du Super Bowl présenté sur Cyberpresse, de l’ouvrage bien faite! Sinon, je vous invite à visionner un très bon reportage de l’émission d’affaires publiques américaine 60 minutes qui a suivi pendant quelques jours le commissaire de la NFL Roger Goodell. En plus du reportage principal, ne manquez pas le making-of offert en extra sur internet, quasiment plus intéressant que le reportage original, principalement en raison du temps qu’il passe au centre de commandes du quartier général de la NFL pour le débriefing suivant les premiers matchs éliminatoires. Évidemment, ce qui s’est retrouvé à l’écran est hyper-contrôlé, mais ça nous donne quand même une bonne idée du fonctionnement à l’intérieur de la bête. En tout cas, ça bat Bergy et Gaston Therrien à l’antichambre!!
Ces jeux qui ont marqué mes Super Bowls :
C’est quand on compte les Super Bowls dont on se souvient qu’on s’aperçoit que le temps fait son œuvre! On s’en rend aussi compte en regardant son cuir chevelu régresser, mais ça c’est une autre histoire. En plus du catch de David Tyree décrit ci-haut, voici en ordre chronologique cinq autres moments du Grand Match gravés à jamais dans ma mémoire d’amateur de football. N’hésitez pas à nous faire part des vôtres dans les commentaires.
Les misères des Bills : J’étais un tout jeune adolescent, à peine entré au secondaire lorsque Scott Norwood rata le botté de la victoire du Super Bowl XXV. Deux ans plus tard, je vécu mon premier party de Super Bowl (au coke pas d’rhum dedans, mais quand même!!) pour voir les Cowboys pulvériser les Buffalo (même si le jeu dont je me souviens est cette bourde de Leon Lett) qui subissaient ainsi une 3e défaite de suite lors du Grand Soir. Un scénario qui fut repris l’année suivante. Le football scolaire à cette époque n’était pas organisé comme aujourd’hui, du moins en Mauricie, donc on jouait entre chums dehors entre les bancs de neige et le Bol Super était un des rares moments où le football occupait le haut du plancher.
This one is for John : Même si je pète ma coche lorsqu’on se borne à identifier des gagnants uniquement selon les championnats remportés (un critère qui ferait de Trent Dilfer un meilleur QB que Dan Marino), j’ai toujours souhaité que les meilleurs puissent toucher au Graal au moins une fois dans leur carrière. J’ai donc trippé lorsque Raymond Bourque a finalement mis le grappin sur la Coupe Stanley en fin de carrière et même si je déteste les Steelers, je suis bien heureux qu’un gars comme Jerome Bettis ait une bague du Super Bowl. Donc, le 25 janvier 1998, alors jeune universitaire qui dû manquer une bonne partie du match, j’espérais bien voir John Elway, un des premiers noms que j’ai reconnu au football, faire mentir les prévisions et finalement mettre la main sur le trophée Vince Lombardi. J’ai finalement rejoint l’affrontement peu de temps avant que le QB ne fasse l’hélicoptère, mais l’instant qui me reste en tête est celui où, sur le podium en entrevue avec le Vince Lombardi dans les mains, le proprio des Broncos a résumé ma pensée en 5 petits mots : « This one is for John ! » Absolument!
La verge qui change tout : Ayant survécu au terrifiant bogue de l’an 2000, j’étais avec des amis dans un établissement licencié de Shawinigan à ne pas trop abuser de bon houblon (fallait ramener le char et travailler le lendemain quand même) à regarder la nouvelle vedette de la ligue Kurt Warner et le Greatest Show on Turf. J’étais alors un amateur de la peau de cochon, mais sans trop de démesure. Le match répondait plus ou moins à mes attentes de gars qui espérait voir un festival offensif, mais que dire de la fin? La poussée dramatique des Titans, stoppée à la ligne d’une demi-verge sur le dernier jeu du match. Kevin Dyson qui étend désespérément le bras sans atteindre la zone de buts. C’est à ce moment-là que j’ai basculé, à ce moment-là que la NFL est devenue ma religion!
La fin du Super Bowl XLIII : Parlant de spectacle so-so qui devient complètement fou en fin de match, que dire du Super Bowl 43? Étincelants toute la durée de leur surprenante épopée éliminatoire, les Cards de l’Arizona semblaient étouffés par l’enjeu et dominés par la puissante défensive des Steelers. Un anti-climax assez puissant en comparaison de l’improbable Giants-Patriots de l’année d’avant. Lorsque les Steelers prirent les devants 20-7, les spectacles improvisés des enfants d’un ami occupèrent plus notre attention que le match. Puis, un TD des Cards réduit l’écart à une possession. Puis un touché de sûreté. Puis Larry Fitzgerald qui s’échappe contre toute attente pour le long jeu qui donne les devants à l’Arizone au 2 minutes warning. Et le catch de Holmes pour conclure. Quelle fin de match époustouflante!
Le guts de Sean Payton : J’étais un peu entre deux chaises au Super Bowl suivant, étant amateur des 2 formations impliquées (les Colts et les Saints) sans être un fanatique d’aucune des 2 organisations. J’étais donc plutôt neutre et espérait surtout une pétarade offensive qui ne s’est jamais vraiment matérialisée. Sauf que le guts de Sean Payton sur le premier jeu du 3e quart m’a jeté par terre. Puisque le jeu fut réussi, on y pense moins, mais le gars a littéralement mis sa carrière de coach en jeu sur cette décision. S’il rate, les Colts déjà en avance et n’ayant eu aucune difficulté à faire progresser le ballon, allaient reprendre l’objet profondément en territoire louisianais et un touché aurait alors pratiquement sorti les Saints du match. Imaginez le déferlement médiatique subséquent. Payton aurait eu sa place sur toutes les listes des pires jeux ou décisions sous la pression en compagnie des Bill Buckner et autres « héros américains » de ce monde. Mais il a eu le guts d’essayer et ça a fonctionné. Il figure donc sur la liste des meilleurs entraîneurs du football!
En espérant qu’un autre souvenir indélébile s’ajoutera à cette liste dans quelques heures. Bon Super Bowl!