La réputation du président Sarkozy comme organisateur politique et excellent candidat n’est plus à faire. Il a démontré sa force en 2007 après avoir créé le parti UMP et gagné l’élection présidentielle avec une main de maître.
Du Fouquet’s des Champs Élysée, le soir de son élection en 2007, à aujourd’hui, une campagne de détestation a été entreprise contre Sarkozy. Et les sondages indiquent clairement le succès de cette dernière. Malgré les nombreuses réalisations du président français, son bilan impressionnant, sa présidence remarquable à la tête de l’Europe économique, son inlassable travail comme président du G8 et du G20, son leadership solide avec Angela Merkel pour redresser la crise de l’Euro et de l’Europe, tous les sondages se sont maintenus à son désavantage. Certes, il a repris quelques points à certains moments. Mais ces quelques soubresauts, même s’ils ont amélioré sa cote, n’ont pu renverser l’image d’impopularité du président Sarkozy.
Même si nous sommes à 80 jours de l’élection présidentielle, le président a décidé de retarder son annonce comme candidat pour continuer à concentrer ses efforts sur les problèmes de la France et définir des solutions à y apporter. Je le comprends car la France d’aujourd’hui a besoin de son président aux commandes. Mais cela n’aide pas les chances de Sarkozy d’être réélu.
En effet, Hollande et les socialistes ont monté une bonne organisation électorale et nous en voyons maintenant les résultats. La première grande assemblée au Bourget a attiré près de 20 000 personnes et a été indiscutablement un grand succès. La présentation des 60 promesses du candidat a aussi été bien réalisée. En tout cas, les médias ont tous bien couvert ces activités et leurs commentaires sont positifs.
Le seul accro et il est fort important, Hollande ne dit rien qui corresponde au temps présent de la crise économique qui secoue la France et l’Europe. Il agit comme si elle n’existait pas. Son discours est d’un autre temps. Malgré cet irréalisme évident, les résultats des sondages ne changent pas et lui sont toujours favorables.
Où Sarkozy me surprend, c’est qu’il a décidé d’implanter en période électorale des mesures difficiles pour rectifier l’élan de la France. Il annoncé une augmentation de la TVA et d’autres politiques cruciales mais sévères. Il a raison sur le fond, mais est-il sage de les avoir annoncées avant l’élection? Je ne le crois pas. Tout ce que je peux dire, c’est que cela est un geste courageux mais est-il astucieux?
Je crois qu’il joue avec le feu.
Partout, ou presque, un politicien qui taxe est un politicien qui se fait battre. Ce n’est pas moi qui le dit mais l’histoire qui le rapporte. Alors pourquoi Sarkozy a-t-il voulu ajouter à ses problèmes de popularité en prenant des mesures impopulaires additionnelles ?
Sarkozy sait qu’une économie qui ne marche pas, comme celle de la France d’aujourd’hui, favorise son adversaire. Pourquoi a-t-il décidé de jouer quitte ou double en proposant des solutions réalistes mais coûteuses pour le payeur de taxes ? Est-ce que ce dernier comprendra que ces augmentations favorisent la création d’emploi, problème numéro 1 de la France, en diminuant appréciablement le coût du travail? Je l’espère mais je ne miserais rien sur cette question.
Pourtant la France a besoin aujourd’hui plus que jamais d’un chef qui comprenne les vrais problèmes et qui s’est montré capable de les solutionner. Il est facile d’affirmer, comme le font tous les porte-paroles du PS, que ce problème est le résultat des politiques des 5 dernières années sarkozystes. Cependant, si on veut être raisonnable, on doit conclure que c’est faux puisque les meilleurs économistes apolitiques affirment que la crise monétaire et financière actuelle découle de l’ensemble des administrations depuis et incluant celle du président François Mitterrand.
Encore ce matin, les sondages démontrent qu’en France actuellement, il y a 43% d’électeurs de gauche et 43% d’électeurs de droite. Ce sont des gens convaincus de leur position politique et ils ne la modifieront pas. C’est donc 14% de la population qui décidera si les mesures proposées par François Hollande sont réalistes et peuvent abattre l’hydre de la crise, ou si Nicolas Sarkozy mérite d’être réélu parce qu’il dit avoir démontré le courage de proposer des solutions contraignantes difficiles à gober et qui correspondent à la hauteur du danger qui menace la France.
La prochaine élection présidentielle française ne peut être un référendum antisarkozysme. L’enjeu est trop important pour la réduire à cela. Les critiques ne doivent pas se limiter au dénigrement de l’adversaire. Ce ne devrait pas non plus être une campagne d’images et d’illusions comme celle que monte actuellement le comité organisateur de François Hollande en cherchant à imiter en tout point la campagne de Mitterrand.
La crise à laquelle fait face la France et l’Europe est majeure. Elle oblige que cette élection soit exceptionnelle. Le débat doit donc se faire dans une atmosphère de respect mutuel et l’accent mis sur les vrais problèmes. J’espère que l’électeur français, plus que jamais, ressentira, par la force des choses, l’obligation d’être objectif et impartial dans son jugement, sans partisannerie.
Dans ces conditions, que le meilleur gagne !
Claude Dupras