Murakami © Picquier 2011
Six garçons paumés entrent en guerre avec six femmes divorcées. Tout commence lorsque l’un des garçons, assailli par une soudaine pulsion de meurtre, égorge une des femmes en pleine rue. Les cinq copines de la victime retrouvent la trace du meurtrier et l’assassinent sauvagement. Les deux groupes se rendent ensuite coup pour coup dans une tragique escalade qui se terminera par la destruction nucléaire d’un quartier de Tokyo...« Désespoir sec, indifférence clinique, cruauté distanciée, scènes calmement angoissantes entraînant chez le lecteur une irrépressible envie de tout faire péter ». Ainsi parle Frédéric Beigbeder des textes de Murakami Ryu dans son ouvrage Dernier inventaire avant liquidation. L’analyse est juste même si la lecture de cet auteur ne me donne pas envie de tout faire péter mais plutôt de secouer violemment ces personnages apathiques, manquant totalement de repères, incapables de communiquer et symbolisant au final une société japonaise en perdition.
J’ai beaucoup aimé Murakami Ryu. Les bébés de la consigne automatique est un très grand roman. J’ai également adoré Bleu presque transparent, 1969, Lignes et Miso Soup. Mais depuis Parasites, j’ai beaucoup plus de mal. A chaque nouveau titre, je me dis qu’il pousse gratuitement le bouchon trop loin sans jamais parvenir à se renouveler. Ici, le scénario est tellement improbable qu’il frise le ridicule. Je sais bien que l’histoire n’est qu’un prétexte pour souligner l’état de déliquescence de la jeunesse nipponne mais je trouve que tout cela manque de finesse. Et puis le coup du final apocalyptique, il nous l’a déjà fait. Cette obsession de la désintégration totale comme seule solution pour tout remettre à plat est d’ailleurs une des caractéristiques (discutable) de son œuvre.
Une lecture pas désagréable mais qui laisse en bouche un arrière goût d’inutile et de déjà vu. « Rien de nouveau sous le soleil », voilà ce que j’ai pensé en refermant ce court roman loin d’être indispensable.
Chansons populaires de l’ère Showa, de Murakami Ryu, éditions Philippe Picquier, 2011. 198 pages. 17,50 euros.