Beaucoup de prudence
J'arrive à un âge où j'ai vu tellement de manipulations de l'opinion, que je mets systématiquement en doute les informations que nous donnent les médias. Je sais que la plupart de ces médias sont propriété de richissimes capitalistes qui militent pour l'actuel pouvoir de l'argent. Je ne prends jamais une information de la télévision, de la radio ou de la presse comme une information vraie a priori. Chaque information mérite d'être étudiée à partir de plusieurs sources et plusieurs interprétations.
La guerre qui a été menée en Libye au nom de la démocratie, a été une horrible opération, une tuerie, dans laquelle se sont affrontés des intérêts différents mais qui a visé à renforcer le camp des Etats-Unis d'Amérique et de leurs alliés. Ce que veulent les dirigeants de cette coalition est de pouvoir disposer d'une domination sur les principales richesses mondiales et elles ne se résignent pas, bien au contraire, à la montée inéluctable d'un monde multipolaire dans lequel les pays émergents deviennent des forces économiques et politiques incontournables.
Je n'ai jamais apporté de crédit aux informations relatives à la Libye, pas plus que celles qu'on nous livre sur la Syrie ou l'Iran. Je pense qu'elles sont trop unilatérales et fondées sur une idéologie si guerrière pour être justes et équilibrées. Le monde n'est pas manichéen, ni tout noir, ni tout blanc, l'idéologie de la Maison Blanche adoptée par l'Elysée d'une lutte du bien contre le mal serait tellement risible si il ne s'agissait pas de choses aussi sérieuses que celles de la guerre et de la paix. Mais le monde est celui de la complexité et il oblige les gens honnêtes qui cherchent la vérité à ne pas penser de façon simpliste.
J'ai décidé et j'invite mes concitoyens à se méfier constamment des informations que l'on nous livre et d'essayer de vérifier par eux-mêmes en confrontant les sources, les opinions, les analyses. Malheureusement en France, il y a une censure systématique d'informations données par exemple dans des pays émergeants. Je pense par exemple au Venezuela. Je connais ce pays pour y être allé plusieurs fois et pour avoir une relation régulière avec ma belle-famille. La façon dont nos médias analysent la politique du gouvernement de ce pays et de son Président est totalement unilatérale et caricaturale, elle représente exactement cette idéologie selon laquelle, les pays dirigés par les capitalistes seraient le bien et les autres le mal.
Les insultes et les permanentes diffamations à l'encontre du Président Chavez sont une preuve de faiblesse et d'incapacité à comprendre la complexité d'une situation. Ceux qui commettent cette façon de procéder sont davantage animés par la peur que des processus révolutionnaires s'enclenchent dans leur propres pays plutôt que par une analyse sereine de ce qui s'est passé au Venezuela. Car ce qui s'est passé là bas est typique de la crise de confiance de tout un peuple à l'égard des oligarchies et des grands capitalistes, d'un peuple qui dans sa diversité et dans la complexité de la situation n'entend pas suivre les dirigeants capitalistes dont le système se traduit par la pire crise que l'Europe et l'Amérique du nord n'ont jamais connue.
On m'a tellement demandé de croire que les guerres actuelles étaient des luttes pour la démocratie qui en définitive ont tourné au pillage et au massacre des peuples en faveur des puissances financières que je ne marche pas et ne marcherai jamais pour les marchands de canons et tous ceux qui préparent sans cesse des guerres à leur solde.
Quand j'ai effectué mon service national en 1980, j'avais clairement annoncé la couleur à mes supérieurs : Défendre le pays, oui ! Intervenir contre d'autres peuples et s'ingérer dans leurs affaires, jamais ! Je pense toujours la même chose, je le pense plus que jamais.