Journée de la femme

Par Patricia Goyenetche

Nous sommes au XXIème siècle, et pourtant l’égalité homme/femme n’est toujours pas atteinte. Nous évoquons souvent la forte présence de la culture qui fait que les hommes ont du mal à reconnaître la femme comme leur égale. Au-delà des lois qui nous imposent la parité, au-delà des croyances parce que cela fait plus civilisé, je vais vous présenter l’évolution de la représentation sociale de la femme à travers le temps.

Qu’est-ce qu’une représentation sociale ?

« ''Le concept de représentation sociale désigne une forme de connaissance spécifique, le savoir de sens commun, dont les contenus manifestent l'opération de processus génératifs et fonctionnels socialement marqués. Plus largement, il désigne une forme de pensée sociale. Les représentations sociales sont des modalités de pensée pratique orientées vers la communication, la compréhension et la maîtrise de l'environnement social, matériel et idéel.'' » Denise JODELET, Représentation sociale : phénomènes, concept et théorie, in Psychologie sociale, sous la direction de S. Moscovici, Paris, PUF, Le psychologue, 1997, p. 365.

Serge Moscovici dans son ouvrage « la psychanalyse, son image et son public » (1961) nous montre comment une nouvelle théorie scientifique ou politique est diffusée dans une culture donnée, comment elle est transformée au cours de ce processus et comment elle change à son tour la vision que les gens ont d'eux-mêmes et du monde dans lequel ils vivent. Pour en savoir plus

La transformation de la représentation sociale de la femme

Avant la première guerre mondiale, la femme était considéré comme l’ombre de l’homme. En ce sens, elle devait se soumettre à ces désirs, lui faire des enfants, satisfaire ces plaisirs, etc. Elle était vêtue de telle sorte que rien ne devait attirer le regard. Son corps pouvait aussi accepter les pires souffrances pour ne pas présenter le moindre défaut (par exemple les corsets).

La première guerre mondiale à changer la donne. Les hommes rassemblés au front devaient protéger le territoire. La main d’œuvre devenait extrêmement rare. Pour faire face à la situation, les femmes sont allés travailler pour assurer la survie de notre économie. A la fin de la guerre, la pénurie d’homme à obliger les industries à maintenir la main d’œuvre féminine en activité.

  • Cet évènement a provoqué un premier changement de la représentation des femmes. Elles ont été admises à travailler parce qu’il n’y avait aucune autre solution envisagé. Les hommes ont donc accepté de force cette réalité. Ce brusque changement n’a modifié qu’un aspect de la représentation de la femme. Il a seulement permis à cette dernière de travailler.

La deuxième guerre mondiale a été aussi permis une transformation importante puisqu’à l’issue de cette guerre, les femmes étaient en majorité dans le pays. Les gouvernants n’avaient pas suffisamment de voie pour permettre d’être entendue. Il fallait donc accepter que la population féminine puisse participer aux élections.

  • Le droit de vote a été imposé par nécessité. Il a donc provoque un autre changement brusque de la représentation. Les hommes l’ont admis parce qu’il n’y avait aucune autre solution possible.

C’est deux premiers évènements ont motivés les femmes dans leur besoin de reconnaissance. Et depuis elles se battent pour poursuivre les changements. Mais la différence de situation est grande. Nous ne sommes plus en situation de pénurie et donc la transformation de la représentation de la femme est bien plus longue. Les actions que nous menons vont pouvoir transformer une idéologie sur l’intégralité de la représentation. Par exemple le retrait de tout couvre-chef (foulard, etc.) qui nous était jusque là imposé de part notre statut de soumise. Les cheveux sont devenus plus courts, certaines osées porter des vêtements de garçon, etc. Tous ces petits changements n’ont pas permis de grands bons comme pour les deux guerres, mais ils ont contribué à ce que nous sommes aujourd’hui.

De ces deux méthodes de transformation, il faut savoir que les deux premières sont définitives, tandis que les autres sont toujours sujettes à modification. Le retour au statut d’origine est plus rapide que la construction d’une nouvelle représentation. Le combat pour la reconnaissance de la femme est loin d'être gagné. Veillons à ne pas faire marche arrière sous l'influence de manipulateurs machistes.