Magazine Politique

Soyez rassurés, Marine reste bien Le Pen

Publié le 04 février 2012 par Variae

C’est une dépêche AFP qui a retenu mon attention, dans la polémique autour de la participation de Marine Le Pen a un bal de l’extrême-droite autrichienne. Bien entendu, la candidate du Front National conteste cette version des faits, crie à la stigmatisation, au complot du reste de la classe politique pour l’empêcher de parler, et en appelle même à une étonnante « Union des Français Juifs », dont le communiqué est repris sur le site du Front National, pour expliquer que le parti qui l’invitait en Autriche, le FPÖ, n’a rien de « néo-nazi ». Business as usual.

 

Soyez rassurés, Marine reste bien Le Pen

Moins habituel, et plus marquant, est le cri du cœur poussé par l’héritière Le Pen dans sa tentative de justification. Le nazisme ? Un « summum de la barbarie », qui « fut une abomination et il m’arrive de regretter de ne pas être née à cette période pour avoir pu le combattre ». Mieux encore, notre Marine nationale part en croisade contre les méchants qui tentent de banaliser ce mal absolu : « n’est-ce pas une manière de banaliser le nazisme que de traiter tous les gens qui ne sont pas d’accord avec vous de nazis en toute circonstance ? ». Chapeau l’artiste : en fait, ce seraient les anti-racistes et autres opposants du FN qui dédouaneraient le nazisme de son statut particulier !

Marine Le Pen, pire ennemie du nazisme, rêvant à un Retour Vers Le Futur pour entrer en résistance contre la Croix Gammée ? Tout ceci est très beau, et tirerait presque quelques larmes à l’auteur de ces lignes. Larmes qui restent malheureusement bloquées dans le canal lacrymal, à la lecture des mots prononcés juste avant par la candidate en quête de signatures : « Je ne peux que m’en remettre à l’intelligence des Français: ils savent mon aversion pour tous les totalitarismes, qu’ils soient nazi, communiste ou mondialiste, ce dernier étant pourtant soutenu par l’ensemble du système que je combats ».

Finalement, MLP a donc un « combat » à mener pour la consoler de ne pouvoir affronter le nazisme : celui contre le mondialisme. Mondialisme ainsi défini dans le dernier ouvrage de la candidate : « idéologie qui a pour trait principal de nier l’utilité des nations (…) et qui vise à façonner un nouvel homme, ‘l’homo mondialisus’ (…) vidé de toute croyance, de toute solidarité, de toute identité nationale et de toute référence historique. ». On peut déjà s’interroger sur le concept de totalitarisme quand il permet de mettre dans un même sac, pour les assimiler sans plus de nuance, nazisme et communisme. Mais que penser d’un usage de ce même « totalitarisme » pour mettre, dans un sac plus grand encore, une idéologie politique génocidaire, et un prétendu mouvement de pensée commettant le terrible crime de « nier l’utilité des nations » ?

La ficelle est un peu grosse, et constitue une technique parmi d’autres de la rhétorique révisionniste. Mettre un signe égal entre deux choses qui n’ont rien à voir, pour adoucir les torts de la première et la banaliser par comparaison avec la seconde.  La phrase de Marine Le Pen est d’ailleurs encore plus habile, car elle semble mettre le mondialisme un cran au-dessus, en termes de danger, du nazisme et du communisme, puisqu’il est « soutenu par l’ensemble du système ». Autrement dit, le nazisme est moins dangereux que le mondialisme, puisque « tout le monde » condamne l’idéologie hitlérienne, tandis que « tout le monde » soutient le fléau de la mondialisation. Rien de pire qu’un ennemi qui n’avoue pas son nom.

Chapeau l’artiste (bis). En une seule et même intervention, Marine Le Pen parvient à semer la confusion (je suis la pire ennemie du nazisme) et à envoyer un signal aux durs de son camp (nazisme=communisme, et que dire du mondialisme !). Pas d’inquiétude pour ceux qui étaient perdus : Marine reste bien Le Pen.

Romain Pigenel


Retour à La Une de Logo Paperblog

A propos de l’auteur


Variae 35066 partages Voir son profil
Voir son blog

l'auteur n'a pas encore renseigné son compte l'auteur n'a pas encore renseigné son compte

Magazine