Ce livre est le témoignage d'un deuil réel. En 2003, alors que Joan Didion s'apprête à dîner avec son mari, celui-ci s'effondre, victime d'une crise cardiaque. Ils viennent de rentrer chez eux, après avoir rendu visite à l'hôpital à leur fille Quintana, elle-même plongée dans le coma. Joan Didion revient sur cette année étrange et difficile où il a fallu en même temps soutenir sa fille malade, intégrer cette vérité que la vie puisse changer ainsi à tout instant, qu'un être puisse seulement disparaître d'une seconde à l'autre, et se poser les questions essentielles que soulèvent de tels évènements. Tout d'abord celles de l'apitoiement. Et puis comment être seule ? Cesser de penser que le compagnon de toujours puisse revenir ? Comment reprendre le chemin de l'écriture ?
J'ai été très sensible à la manière précise, à la fois détachée et émouvante, de Joan Didion de revenir sur son expérience. Ces moments où elle plonge dans ce qu'elle appelle le vortex, flashs qui surviennent lorsqu'un objet ou un lieu ouvrent la porte aux souvenirs, sont frappants. Je crois que ce roman peut être d'une grande aide pour ceux qui traversent également un tel évènement, le décès d'un proche. L'auteure s'attarde en effet avec compassion et tendresse sur ce que les endeuillés éprouvent. Sans y être confronté, nous pensons réellement et en général, comme elle auparavant, que ce sont les premiers jours qui sont pénibles, qu'être à la hauteur est la réaction appropriée face à la mort, alors que la difficulté provient de l'absence infinie qui s'ensuit et de tout ce qui nous confrontera sans cesse à l'absence et à l'absurdité.
"Nous nous attendons peut-être, si la mort est soudaine, à ressentir un choc. Nous ne nous attendons pas à être littéralement fous, à être la cliente pas difficile qui croit que son mari va bientôt revenir et avoir besoin de ses chaussures."
Editions du Livre de Poche - 6.50€ -2009
Un très grand livre pour Mango - Merci Cathulu !
Ce texte a été transformé par l'auteur elle-même en un monologue, incarné sur les scènes new-yorkaise et londonienne par Vanessa Redgrave. Et c'est, en France, Fanny Ardant, lors de sa création au théâtre de l'Atelier en novembre 2011, qui donne une nouvelle vie à ce récit. Une mise en scène de T. Klifa. Il semble cependant que cette pièce ne se joue plus à l'heure actuelle. [Un extrait intéressant de l'émission de Taddeï]