Quand Milan perd, les responsabilités sont partagées entre dirigeants, staff technique et joueurs. Les Rossoneri ont de nombreuses lacunes et il est temps de faire la part des choses entre les erreurs de la société, celles du staff technique et celles des joueurs. Les erreurs de la société ne sont plus remédiables dans l’immédiat mais malgré des circonstances atténuantes importantes, Allegri et son équipe peuvent et doivent apprendre de leurs erreurs car Napoli arrive à San Siro et l’AC Milan ne peut pas se permettre un faux pas supplémentaire.
Tout compte fait, la saison 2011-2012 est similaire à celle de 2010-2011. Objectivement, l’AC Milan s’est renforcé cet été mais a du faire face à une série incroyable de problèmes dont certains inimaginables (Cassano et Gattuso), une hécatombe au milieu et particulièrement sur les joueurs les plus importants (Aquilani et Boateng) en plus de l’éternel blessé, Pato, qu’on espérait voir exploser. Un scénario déjà vécu la saison passée quand Milan avait mal commencé la saison, avait ensuite affronté février dans la même situation (préparation à Dubaï, blessures en janvier) et avait été éliminé par Tottenham avec un milieu inédit. Il y a tout de même quelques différences par rapport à la saison passée… lesquelles?
Tout d’abord, il faut souligner que l’AC Milan ne compte qu’un point de moins par rapport à la même période de la saison passée. Un seul petit point qui change radicalement la position d’Allegri, très (trop) critiqué pour une situation dont il est loin d’être le seul et principal responsable. Le rendement de l’équipe est pratiquement le même avec la différence que Milan était premier et les points perdus sont arrivés lors des confrontations directes alors que l’année passée Milan avait perdu des points contre des petites équipes mais avait battu les grandes, ce qui avait permis de les tenir à distance et « d’offrir » des points à des équipes de bas de classement. Cette saison, Milan a obtenu 2 points sur 18 disponibles contre Juventus, Inter, Lazio, Napoli et Udinese aidant ainsi les concurrents. Par conséquent, les Rossoneri sont trop facilement considérés comme grands contre les petits et petits contre les grands. C’est clairement une conclusion hâtive car il faut prendre en compte de nombreux éléments pour mieux comprendre ces résultats (calendrier, absences, méforme). Les différences entre le Milan de la saison passée et celui de cette saison pourrait se résumer aux résultats des confrontations directes et le retour en force de la Juventus de Conte, toujours invaincue depuis 21 rencontres. Sur ce fait, Milan n’y peut rien (il manquerait plus que ça!), chaque erreur des Rossoneri augmente l’écart avec la Juve, donc on en revient donc aux confrontations directes puisqu’elles sont à l’origine de la plupart des points perdus.
Cette saison, le calendrier a non seulement décidé de regrouper les confrontations directes des Rossoneri dans une période très courte (par conséquent, si un ou plusieurs joueurs importants sont absents durant cette période, l’équipe se doit d’affronter tous ses matches les plus difficiles en état d’urgence et c’est malheureusement le cas), mais ils arrivent en plus en début de cycles, c’est-à-dire d’abord juste après la préparation estivale et ensuite après l’hivernale. Coïncidence ou pas (et ça c’est la responsabilité du staff médical), Milan a affronté et affronte ces périodes en étant au plus mal. En effet, Allegri ne peut pas compter sur trois voire quatre titulaires, une énormité difficile à supporter pour n’importe quelle équipe. Ajoutons à cela quelques joueurs titulaires en méforme (Robinho en particulier) et des alternatives soit manquantes (qui pour remplacer correctement Boateng comme milieu offensif?), soit défaillantes du à des mauvais choix des dirigeants (contrats et mercato), on retrouve l’effectif milanais actuel. Etait-il judicieux de prolonger le contrat de tous les sénateurs? Est-il possible, pour une fois, d’acheter les joueurs que l’entraineur demande pour son projet? Allegri voulait Hamsik et puis Montolivo en été, on lui a promis Tevez, il voulait une mezz’ala de qualité et il a eu Muntari et Maxi Lopez, le remplaçant de Bergessio à Catania! N’était-il pas plus judicieux d’anticiper l’achat de Montolivo (qui coutait 3M, le cout du salaire brut de Muntari pour 6 mois…) pour apporter un peu plus de qualité dans un milieu déjà assez physique mais pas assez technique? Où est la qualité dans ce milieu si ce n’est d’Aquilani (blessé) et du vieillissant Seedorf, pâle copie du grand champion qu’on a connu? Le mercato donnait une possibilité au club de limer ce problème… Ainsi, avec une équipe, certes, équilibrée les victoires contre les petites équipes s’enchainent mais sans un minimum de qualité, Milan a du mal à rivaliser contre les concurrents directs et plus généralement contre les grandes équipes. Ce n’est pas étonnant, par exemple, que les Milan de Sacchi et Ancelotti ont beaucoup plus gagné en Europe qu’en Italie : ces Milan étaient bien plus forts contre les grandes équipes mais souffraient contre les petites. A cela, il y a bien évidemment quelques facteurs imprévisibles, que ce soit au niveau des blessures (la poisse Merkel par exemple) mais aussi au niveau des prestations. Allegri fait avec le matériel qu’il a à disposition… On constate par exemple un Milan (presque) exclusivement dépendant d’Ibrahimovic, que ce soit au pour les buts inscrits mais aussi le collectif car même si 14 Rossoneri différents ont réussi à marquer, Ibra a servi à ouvrir les espaces ou à offrir les passes décisives. Par exemple, en 20 matches, Messi est resté à sec durant 9 d’entre eux (il marque dans 55% de ses matches), C.Ronaldo est resté à sec 8 fois sur 20 (60%), Ibrahimovic a marqué dans 12 des 18 matches disputés (67%). Une donnée aussi inquiétante que significative est le nombre de buts de Robinho (3) et Pato (1), deux joueurs sur lesquels Allegri pouvait compter la saison passée en cas d’absence ou coup de mou d’Ibrahimovic. Ils avaient alors marqué 14 buts, comme Zlatan. Jusqu’à présent, après plus de la moitié de la saison, mis à part Cassano (…) il n’y a aucun partenaire idéal pour Ibra et ce n’était donc pas étonnant d’avoir vur Milan s’intéresser autant à Tevez… Cette saison, mis à part Nocerino à qui on ne peut pas demander des miracles et Boateng, actuellement absent, il n’y a personne (et surtout aucun attaquant) sur qui compter pour marquer des buts régulièrement!
A propos de Boateng : il manque cruellement à cette équipe! Et c’est là qu’Allegri doit entrer en jeu et lui aussi, doit être, modérément (!!!) placé sur le banc des accusés. Modérément car il a de nombreuses circonstances atténuantes, déjà expliquées plus haut : une équipe décimée par les blessures (au moins 3-4 titulaires indisponibles), des alternatives manquantes et / ou pas à la hauteur (seul Nocerino est en forme au milieu)… si on revient précisément sur le match contre la Lazio, il faut souligner que Milan maitrisait la rencontre (62% de possession), un penalty gros comme une maison n’a pas été sifflé… Allegri ne mérite pas un massacre, comme c’est trop souvent le cas (la société est beaucoup plus critiquable, notamment sur le mercato de janvier!) mais cela ne justifie tout de même pas certaines erreurs, par exemple sa trop grande cohérence, en d’autres termes, sa rigidité tactique. Les plus observateurs auront remarqué qu’il tente plusieurs variantes de son 4-3-1-2, parfois pur, parfois hybride avec un 4-3-3 mais toujours très variable, avec beaucoup de mouvement demandé aux trois attaquants. L’absence de Boateng a forcé Allegri de trouver une alternative dans le rôle de milieu offensif. Après avoir tout essayé sans succès : Emanuelson, qui est tout sauf un milieu offensif, Robinho qui a besoin d’espace pour s’exprimer et Seedorf, capable du pire (souvent) comme du meilleur (rarement), il serait temps de penser à une alternative tactique afin de mieux utiliser certains éléments et surprendre l’adversaire. Autre problème et autre défaut d’Allegri : Milan souffre et perd de la même façon contre les équipes qui ont un certain profil : les équipes de Ranieri, Redknapp et Reja. Quand Milan affronte une équipe très bien organisée, en 4-5-1 très solide ou en 3-5-2 qui devient un 5-3-2 en phase défensive, avec comme consigne de jouer en contre-attaques, c’est la défaite pratiquement assurée! Ce qui est hallucinant c’est la répétitivité des défaites contre ce genre d’équipe sans jamais trouver une solution tactique pour les contrer. Par exemple contre la Lazio, l’idée de jouer avec trois attaquants était juste (et c’est ce que « tout le monde » voulait), afin d’écarter le jeu et contraindre les ailiers adverses à défendre. En réalité, on a compris qu’Allegri n’avait pas aligné un 4-3-3 lorsqu’on a vu Robinho évoluer comme milieu offensif. Ainsi, le vieux fourbe Reja a pu imposer son style à la rencontre : espaces fermés, milieu de terrain très concentré et contre-attaques rapides après les longues périodes de possessions de balle stériles de Milan. Exactement la même tactique Ranieri lors du derby et de Redknapp en Champions League. Dans tous les cas, les Rossoneri ont à chaque fois perdu après avoir dominé stérilement et avoir subi des contre-attaques fatales. Il est temps pour Allegri de penser à des mesures tactiques pour faire face à ce genre d’équipe. Le temps presse puisque Napoli joue aussi très souvent de cette façon… Jouer avec trois attaquants permettrait de forcer les latéraux (Maggio et Dossena ou Zuniga) à rester en défense. Le coaching d’Allegri est également souvent critiqué, ses changements pas assez « décisifs » mais on en revient à la problématique de l’effectif. Quand il n’y a que Seedorf et Emanuelson comme solution pour changer un match, l’entraineur ne peut faire des miracles. La saison passée, avec des joueurs intéressants sur le banc (notamment Cassano), Allegri a plusieurs fois effectué des changements décisifs. Contre la Lazio, on ne peut lui reprocher d’avoir déséquilibré l’équipe après l’avoir reproché d’être trop prudent et trop frileux à d’autres circonstances. Bref, Allegri a sa part de responsabilité uniquement sur certains points tactiques à modifier lors des moments difficiles car à chaque fois qu’il a eu en main un effectif un plus complet, il a enchainé les victoires, comme ce fut le cas de octobre à janvier.
Enfin, venons-en à la responsabilité de l’équipe. Allegri a cerné un problème important : les Rossoneri ne jouent pas avec la bonne attitude, ils manquent de grinta, de détermination, de soif de victoires, contrairement à la saison passée. D’une part c’est à l’entraineur de motiver ses troupes mais ce sont surtout les joueurs qui doivent réagir. Cette saison, l’équipe d’Allegri semble penser qu’elle peut gagner tous les matches en fournissant l’effort minimum. Le Scudetto aurait-il diminué la motivation et trop augmenté la confiance? Ou les deux? Dans tous les cas, le mental de l’équipe est un élément fondamental pour espérer jouer le titre et il faudra retrouver au plus vite la détermination qui a permis l’équipe d’Allegri de conquérir le 18° de l’histoire de l’AC Milan. Le moment est délicat, mais il faut apprendre de ses erreurs et réagir da Milan pour éviter que ce mois de février soit vécu comme un cauchemar.
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