Ce matin sur une radio généraliste bien connue, un éminent politologue était invité à parler. Quand je dis ‘éminent’, ce n’est pas moi qui le dis par ironie, non, c’est ainsi que le non moins éminent journaliste l’a présenté.
Il était question de la campagne pour les élections présidentielles françaises. Je précise ‘françaises’ puisque se déroule parallèlement la campagne pour les élections présidentielles états-uniennes.
Or, qu’affirmait péremptoirement cet éminent politologue dont j’ai oublié le nom ? Que Sarkozy était déjà battu. Qu’il était battu depuis trois ans déjà car depuis ces trois ans il avait amassé sur lui tout le ressentiment des Français.
Il y a du vrai dans cette affirmation. Pas celle qui consiste à dire que le Président sera battu, personne n’en sait rien, cela n’a que le très faible intérêt de mettre à jour la suffisance dudit politologue. Non, ce qui est vrai c’est que le Président s’est attiré tout doucement depuis trois ans je ne sais pas mais en tout cas depuis longtemps, l’animosité d’une grande partie de la Nation.
Mais pourquoi, je vous le demande ? Parce qu’il a été un mauvais président ? Parce qu’il n’a rien fait ? Parce qu’il n’aime pas le peuple ? Parce qu’il a détourné à son profit de l’argent public ? Parce qu’il a été malhonnête ? Pas du tout. Il a sûrement fait du mieux qu’il a pu, a certainement aussi commis des erreurs comme tout le monde - qui n’en fait pas ! – et en tout cas comme tout chef d’État.
Non, il a été pris d’emblée pour cible privilégiée par la majorité des journalistes de ce pays. Or, il se trouve qu’en France la majorité des journalistes est de gauche comme il est de notoriété publique. Tout ainsi a été bon pour le critiquer, l’égratigner mine de rien, le fustiger en passant, dénigrer son action, le ridiculiser, le vouer aux gémonies, utiliser à son encontre la mauvaise foi, l’hypocrisie, l’accabler de sarcasmes. Comme de bien entendu, les histrions médiatiques des stations de radio et des chaînes de télévision – présentateurs, animateurs - se sont mis de la partie, puissamment relayés par les gens du spectacle qui eux non plus, pour la plupart et comme on le sait, ne se situent pas à droite.
Le Président a en effet commis deux erreurs impardonnables aux yeux de tous ces m’as-tu-vu : primo, être un peu trop resplendissant, attirer un peu trop le regard du monde, le détournant ainsi d’eux-mêmes ; secundo, leur faire comprendre dans quel mépris il les tenait ! Les journalistes et autres animateurs-présentateurs sont de susceptibles vedettes (et qui ont voulu le devenir !) qui ne supportent la concurrence – quoique difficilement - qu’au sein de leurs propres métiers. Le Français a horreur du mélange des genres.
Tous ces honnêtes pervers n’ont donc eu de cesse que de casser du Sarkozy, plus ou moins habilement, plus ou moins hypocritement, avec plus ou moins de finesse et de subtilité, jusqu’à ce qu’ils finissent par persuader une part du peuple suffisante pour parvenir peut-être à faire tomber – du moins l’espèrent-ils avec haine et en se pourléchant d’avance leurs babines retroussées – à faire tomber, disais-je, celui qu’ils détestent le plus. Ils en ont le moyen : la communication télévisée, radiodiffusée et, dans une moindre mesure, écrite ! En effet, qui donc détient la parole de masse aujourd’hui ? Qui a le privilège de pouvoir s’adresser en même temps et instantanément à des millions de citoyens sans trop craindre la contradiction si ce ne sont les journalistes et les présentateurs de radio et de télévision, grippeminauds passés maîtres dans l’art démagogique de la rhétorique spécieuse et dans celui, nauséabond, de savoir se faire aduler par ceux qui sont moins instruits, moins compétents, moins retors et moins pervers qu’eux…
Il s’agit d’un travail de fourmi, obstiné, lent, méthodique, insidieux, ne laissant rien au hasard. Cela porte un nom : propagande. Ou lavage de cerveau à grande échelle si l’on préfère.
Cela prend du temps mais ça paie !