Diner chez Nicolas Le Bec

Publié le 07 mars 2008 par Chrisos

D’abord une petite introduction : il s’agit d’une critique qui n’a pas été écrite par Chrisos mais, autant que possible, à sa manière. Chrisos a en effet gentiment accepté de me laissé m’exprimer sur son blog. Patrice.

Nicolas Le Bec, restaurant,
14 rue Grôlée, 69002 Lyon
Tél. : 04 78 42 15 00. www.nicolaslebec.com

Ayant décidé de me balader avec ma tendre et adorée épouse à Lyon, je sautais sur l’occasion pour diner dans un bon restaurant, chez Nicolas Le Bec. Un deux étoiles au Michelin en plein centre de la capitale de la gastronomie, j’en salivais bien une semaine avant d’y aller.

Vous pouvez trouver tout un tas d’avis sur Nicolas Le Bec sur Cityvox, le Bottin Gourmand et sur Lyon Resto.

Lyon n’étant pas réputé pour sa chaleur humaine et d’après ce que j’avais entendu et lu dans les critiques ci–dessus, je m’attendais à un accueil glacial, mais non, il fut professionnel et cordial. Nous obtenons une bien jolie table, on a de l’espace. Le décor est sobre et moderne, dans les beiges tirant parfois sur des tons de lin. Nous nous sentons bien.

Le serveur nous apporte le chariot des apéritifs, si si, un chariot avec des bouteilles dessus ! Pas le choix, on ne va pas le renvoyer avec sa petite roulotte, le pauvre, alors c’est champagne … en même temps, il y avait pas grand-chose d’autre sur son chariot. On est quand même à deux doigts de la vente forcée. Vous vous voyez vous, avec votre amoureuse en face, dire au serveur «Remballe ta roulotte mon grand, j’en veux pas de ta camelote», comme à n’importe quel vendeur de roses à une terrasse.

Heureusement, le serveur sort de sa roulotte une ardoise avec 6 petites tartelettes de trois sortes, pas mauvaises. Je ne me souviens que de celle à base de saint Jacques que j’avais trouvé très bonne.

Nous choisissons tous les deux le menu «gourmand», 98 euros, deux entrées, deux plats, fromages, deux desserts. Il y avait aussi le menu «agapes» avec deux entrées et deux plats à 158 euros, avec des plats plus «chics» que ceux du menu à 98 euros genre «un peu de caviar sur les pommes de terre». À noter : il n’y a pas de choix dans ces menus, tous les plats y compris les desserts sont fixes et sans alternatives.

Sinon, il y avait bien sur la carte avec globalement les entrées et les plats de ces deux menus auxquels s’ajoutent une ou deux entrées et un ou deux plats. Les entrées commencent à trente euros et les plats à 40 euros, la carte présente sur le site internet du restaurant semble bien être celle que nous avons eue.

Je choisis le vin. On est deux, on a déjà pris des apéritifs avant de venir et encore là, alors je me tourne vers les demi–bouteilles, le choix est limité. Va pour un classique, un Croze–Hermitage, domaine de Thalabert de cette chère Maison Jaboulet.

Maintenant que j’y pense, nous n’avons pas eu de mises en bouche.

On enchaine très vite (5 minutes ?) et directement donc sur : « le foie gras, asperges et anguille fumée, dans une terrine de bouillon “sauge et poule” ».

(Désolé la photo a été prise après que j’ai attaqué l’assiette.)

Alors là, déception, une tranche de terrine sortie de chez Dalloyau, un truc tout prêt à l’avance, bon et frais, mais d’une banalité affligeante avec sa petite gelée sur le bord de l’assiette.

Puis on a eu droit ensuite aux «saint Jacques cuites en coquille, cerfeuil tubéreux en velouté, beurre d’ombre».

On a eu droit à deux tranchettes de truffes délicieuses sur le dessus, l’espoir renait, une sauce émulsionnée très sympathique qui donne envie de boire directement à la coquille, et une, une seule, noix de saint jaques plongée au milieu délicieuse elle aussi mais désespérément seule. La noix est tendre et légèrement grillée à l’extérieure me semble–t–il, huuummm. Trois minutes de dégustation et ça repart.

Les plats arrivent vite encore, j’ai un doute sur le nom du plat «Saint pierre accompagné de cubes de pommes et sauce au cidre».

Bon oui, le saint pierre est frais, franc, cuit à la perfection (comme moi je n’y arrive jamais). Il est simple et ça fait plaisir, mais que font ces pommes dessus, sans intérêt. Quant à la sauce au cidre elle est si liquide et transparente que sans la photo, je l’aurais oubliée.

Une petite attente, on contemple les assiettes autour de nous, tout le monde est dans un des deux menus apparemment. Et voici la «Joue de bœuf confite au vin, onglet rôti entier, acidulé de persil».

Alors là je dis ouahhh ! La joue de bœuf et l’onglet (posé dessus) avec cette sauce réduite quasiment à l’état de suc, délicieux, tendre, fort en goût, j’ai adoré. Pas de créativité révolutionnaire, mais une belle réalisation dans une assiette malheureusement un peu tristounette.

L’assiette de la Porcelaine Blanche repart nettoyée. Nous n’avons plus très faim, heureusement, car nous allons entamer la traversée du désert … le chariot de fromages passe, repasse, s’arrête à la table à coté de nous, nous nargue, nous fait des clins d’œil … le ballet a duré une demi–heure quant un serveur, d’une froide efficacité, se dit qu’il pourrait faire un crochet par notre table.

Et voici « les fromages de François et Renée Richardet du maître affineur Mons »

Joli chariot, fromages sympathiques, bonnes têtes, malheureusement l’affinage laissait à désirer, serions-nous trop habitués à des fromagers comme Alléosse qui font franchement mieux ? Enfin j’ai quand même pu découvrir un fromage à pâte molle de Lombardie, le Taleggio qui m’a enchanté. Il faut que j’en retrouve.

Puis devant l’heure qui tourne, le serveur, dans un élan de bravoure qui m’a impressionné, nous apporta les deux desserts du menu en même temps. La table est grande, profitons en !

«La Poire du Vigneron au Jus de Myrtilles, Laurier et Fromage Blanc Glacé» et «la mousse au chocolat noir chaude, crème fouettée, café brésilien glacé».

Bonne poire, douce et fondante, la glace au fromage blanc, sans intérêt, on s’y attendait.

Et puis malheureusement vint le moment de gouter « the so–called mousse au chocolat », alors là horreur et damnation, essayez d’imaginer la brasserie en bas de votre bureau qui essaye et loupe un fondant au chocolat et qui colle deux boules de glace quelconque sur le dessus pour masquer le tout, et voilà! La mousse, je la cherche encore, pourquoi avoir mis la préparation au four?

En conclusion, Nicolas Le Bec a deux étoiles au Michelin et 18/20 au Gault et Millau, mais à aucun moment nous n’avons été surpris. Du convenu tout le long, du très bon parfois, du surprenant jamais. Le service était efficace sans plus. 285 euros à deux avec très peu de vin (25 euros) et je ne suis pas sur de me souvenir d’un seul plat, d’une seule saveur dans une semaine. Une forte impression de banalité nous a saisi en sortant et celle–ci n’a fait que s’aggraver avec le recul.

Merci à Chrisos de m’avoir gracieusement concédé cet espace.