Magazine Cinéma
samedi 04 février 2012
Lors de la première vision des trois premiers films d’Angelopoulos (il s’agit de « La reconstitution », « Jours de 36 » et « Le voyage des comédiens »), j’avais décrit ma difficulté à entrer dans ces films faisant beaucoup trop référence à l’histoire de la Grèce du 20ème siècle que je ne connaissais (à part le fait qu’il y avait eu la dictature des colonels, un peu comme tout le monde…). En les revoyant récemment, c’était déjà un peu mieux et puis j’ai (un peu) lu sur l’histoire de la Grèce pour mieux la comprendre. Je continuai malgré cela à préférer les films plus récents d’Angelopoulos, plus universels même s’ils font toujours référence à l’histoire de la Grèce.
Avec « Les chasseurs » mon point de vue a changé. D’abord parce que je commence à peu près à me repérer dans la période 1936-1974 comportant une guerre civile, une guerre mondiale et plusieurs dictatures. Mais c’est surtout la manière de traiter l’histoire qui est si originale et intéressante : les protagonistes sont là, dans la salle des fêtes, avec le corps du maquisard étendu sur une table, et par moments l’un deux se détache des autres et rentre dans le passé ou bien encore c’est l’histoire qui se déroule là, devant leurs yeux. J’ai bien aimé d’ailleurs une transition à la manière d’Hitchcock dans « La corde » où la caméra s’arrête dans le dos d’un des personnages, puis repart mais cette fois-ci on est dans le passé.
On voit alors toutes les complicités des personnages aux différents régimes qui se sont succédés depuis l’après-guerre. A la fin du film, on revient en arrière, au tout début du film lorsque les chasseurs découvrent le cadavre. Finalement, il ne le ramènent pas à la salle des fêtes mais l’enterrent comme pour gommer ce passé si gênant.