Où on apprend que la Ville de Paris détient environ 30 000 oeuvres d'art non répertoriées et soumises parfois à "évaporation naturelle" ainsi que le relate Le Monde aujourd'hui ...
Vous savez que j'ai une tendresse particulière pour le peintre Maurice Boitel, décédé en 2007, puisque j'ai jadis usé mes fonds de jupes avec son fils Dominique. Cette histoire à dormir debout nous rappelle que l'Etat ou les collectivités locales sont clafis de richesses totalement inemployées, oubliées, qui pourraient soit être remises sur le marché et se transformer en ressources permettant le désendettement, soit exposées ou du moins mieux utilisées.
Je cite le grand quotidien du soir : "l'Association des amis de Maurice Boitel, dirigée par le fils du peintre de l'école de Paris, assure une veille systématique sur tout ce qui touche à l'artiste. Le 11 décembre 2011, elle découvre qu'un tableau de Boitel est mis en vente sur le site d'enchères eBay. Mais en scannant l'image et en la comparant au répertoire des oeuvres du peintre, l'identification est immédiate : il s'agit de Neige à Saint-Mandé. Primée en 1956 au Salon Comparaisons, la toile avait été acquise dans la foulée par la préfecture de la Seine. Une oeuvre des collections municipales, inaliénable, autrement dit qui ne peut être vendue.
Les héritiers saisissent le commissariat du XVIe arrondissement de Paris, où se trouve domicilié le vendeur. Les policiers conseillent à Dominique Boitel d'enchérir. "Suffisamment haut pour que quelqu'un d'autre ne parte pas avec le tableau, m'avaient-ils dit, raconte le fils du peintre. Les 2 500 euros offerts laisseront le temps aux policiers de s'organiser et d'intervenir.
Devant les enquêteurs, le galeriste virtuel assure tomber des nues. Il explique avoir hérité du tableau au décès de son grand-père. Certes, le numéro d'entrée dans la collection (10 266) et la mention "Direction des beaux-arts de Paris" figurent au dos. Mais il n'y a pas prêté attention, s'excuse-t-il. Pour preuve de sa bonne foi, il propose de restituer la toile sans réclamerde dédommagement.
Au parquet de Paris, on estime le délit de recel non constitué. Le tableau ne figurait dans aucune base de données d'oeuvres volées. La toile avait bien été placée au dépôt d'Auteuil, comme l'atteste un inventaire de 1959. Mais entre-temps, celui-ci avait été déménagé à Ivry en 1975-2076, était passé sous propriété de la Ville lors de la création de la Mairie de Paris. Il avait aussi connu un changement d'organisation avec la mise en place du Fonds municipal d'art contemporain, en 2002. "Nous y disposons de 30 000 oeuvres, explique-t-on à la Mairie. Beaucoup sont en dépôt dans des services de la ville, des écoles, des crèches, des bibliothèques, des hôpitaux, afin de pouvoir être vues. En tout, 450 lieux..." Un récollement a bien été commencé il y a trois ans afin de rapprocher les oeuvres inventoriées et leur lieu de présentation. "Mais nous n'avons réalisé que 25 % du travail", convient-on à la Ville."
Allons, allons, nettoyons, inventorions ! Que d'énergie stockée pour rien !