Le peuple congolais n’a pas la maturité politique du peuple sénégalais

Publié le 04 février 2012 par Rm Communication

Marche des jeunes sénégalais à Dakar

L’été passé, j’ai été invité par une radio montréalaise à parler de la situation géopolitique en Égypte et en Libye. La deuxième partie de l’émission portait sur les élections à venir dans plusieurs pays d’Afrique et ce jour-là, nous avons parlé des élections à venir au Sénégal. Les représentants de tous les partis sénégalais étaient présents. Honnêtement, je fus extrêmement frappé par la capacité des Sénégalais à privilégier l’intérêt national au-delà des considérations partisanes. C’était juste impressionnant! Même le représentant du parti présidentiel fustigeait certaines actions de Wade. L’un des gars de l’opposition était très hostile à Wade et n’hésitait pas non plus à remettre en question certains agissements de l’opposition (ce que certains Congolais ne sont pas prêts à faire lorsque l’on parle de???). Et à la fin de l’émission, on avait l’impression d’être en face des gens d’un même parti, et pourtant ce n’était pas le cas. J’étais vraiment impressionné! J’ai très vite réalisé que le peuple congolais n’a pas encore atteint la maturité politique du peuple sénégalais.

Les jeunes congolais poursuive les erreurs de leurs aînés

Nous, jeunes congolais, faisons les mêmes bêtises que nos aînés. Ce qui devait être un combat pour l’avènement d’un Congo meilleur s’est très vite transformé en une « guerre » entre les partisans de différentes structures politiques. Certains compatriotes s’estiment plus « patriotes » que les autres. Le fanatisme et le tribalisme sont à la mode. Les uns éprouvent une certaine jouissance à dire tout bonnement qu’ils vont « mutakaliser » ceux qui ne pensent pas comme eux. Ceux qui critiquent Tshisekedi sont ces « collabos » qu’il faut anéantir. L’imbécilité de la démarche, c’est qu’on prétend faire tout cela pour le bien du Congo!!! Vous savez chers amis, si notre pays est dans cette situation, c’est en partie parce que nos aînés avaient adopté ces manières de faire les choses.

À titre exemplatif : lorsque les Occidentaux ont préparé leur coup du siècle contre Mobutu en montant de toute pièce cette histoire du « massacre de Lubumbashi » et en l’isolant par la suite de la scène internationale, l’opposition s’en est réjouit. Or pendant ce temps, la mécanique de la déstabilisation de notre pays avait déjà commencé. Mais l’opposition avait préféré régler son compte à un Mobutu déjà politiquement affaibli. Nul besoin de raconter la suite. Nous la connaissons. Jetez un coup d’œil sur l’histoire récente de plusieurs pays d’Afrique, vous verrez que l’opposition porte une lourde responsabilité dans les situations de déstabilisation orchestrée de l’extérieur.

C’est vrai que notre pays est dirigé par un voyou sorti de je ne sais où− je crois de la planète Neptune. Il doit partir, lui. Mais nous devons savoir qu’il y a aura toujours des gens pour soutenir de tels individus pour des raisons qui leur sont propres. On fait quoi de tous ces compatriotes qui ont voté pour lui? On les tue? On fait quoi des millions de Kivutiens qui ont voté pour Kamhere ou de ceux qui ont voté pour Kengo? On les massacre? Savez-vous pourquoi nous en sommes là aujourd’hui? Simplement parce que dans notre pays, c’est avant tout le culte de la personnalité. Pour les uns, c’est Tshisekedi ou rien, pour les autres c’est Joka « l’illuminé » (ndlr: Joseph Kabila), et pour eux là-bas, c’est Vital le… je ne sais quoi, et patati et patata. Mais tout ce beau monde parle au nom de la RDC. NON, parlez au nom de vos églises et vos dieux.

La différence combattants sénégalais et combattants congolais

Un jour, j’ai dit ici que les « combattants » ne devaient pas s’allier à un parti politique que ce soit. Certains m’ont attaqué car ils voulaient que je leur dise qu’il faut soutenir leur « dieu ». Mais chers amis, voyez ce qui se passe au Sénégal. Comparer nos compatriotes qu’on appelle communément « combattants » aux jeunes « combattants » sénégalais réunis au sein du mouvement dénommé « Y EN A MARRE ». Les « combattants » congolais sont des militants actifs de l’UDPS alors que les « combattants » sénégalais ne sont affiliés à aucun parti politique. Je ne vais pas rabaisser certains de nos compatriotes qui bossent dur pour le pays mais faut-il reconnaitre ici que la différence est frappante. Voyez-vous pourquoi il est si important d’éduquer le peuple aux choses essentielles. L’emmener à penser Congo et non tel leader…

Bref, je crois que nous devons changer notre façon de faire les choses. Évitons la haine entre nous, peu importe les accointances politiques des uns et des autres. Le génocide rwandais a commencé aussi bêtement. Le Belges y ont mis un peu et paf, le feu. La plus grande réussite des Occidentaux en Afrique a toujours été de miser sur la haine qu’ont certains Africains pour leurs semblables… Je bois mon lait et je vous aime tous.

Patrick Mbeko