Les inspecteurs du travail rassemblés à Lille, après le suicide d’un collègue
La Voix du Nord
Recueillement et colère, hier après-midi, …face à la direction régionale du travail, rue Saint-Sauveur à Lille. Cent cinquante personnes disent au revoir à Romain Lecoustre, un inspecteur du travail de 32 ans exerçant à Arras (nommé à Lille en novembre), et qui a mis fin à ses jours le 18 janvier. Un jeune homme « broyé par sa hiérarchie », expliquaient la semaine dernière ses collègues arrageois ; un sentiment partagé, hier à Lille, par les manifestants et syndicats réunis.
« Romain avait déjà fait une tentative de suicide, souligne Pierre Joanny, de SUD. Il a tout écrit, tout dit (à la direction), expliquant que la pression du travail était trop forte. Son geste a semé l’effroi et la colèr e partout en France. » Le jeune contrôleur serait victime « de dogmes débiles, comme le non-remplacement d’un fonctionnaire sur deux à la retraite. Forcément, dans un service, ça finit par se voir » (la direction du travail compte 650 agents dans le Nord – Pas-de-Calais, précise la CGT). Et dans ce contexte, poursuit Pierre Joanny, « ils (l’administration)ont mis en place tout un système d’évaluation » des inspecteurs du travail. « C’est un management consistant à demander des chiffres, et faire pression si on ne les donne pas. »
« Pas une marchandise »
Au contraire, le métier d’inspecteur ou de contrôleur connaît un rythme « très variable en fonction des entreprises contr ôlées, avec des périodes d’enquête et de rédaction ». Un accident mortel sur un chantier du Vieux-Lille prend « plusieurs jours en séquences » sur une longue période. La visite d’une imprimerie à Marcq-en-Baroeul nécessite « une demi-journée, hors contrôles administratifs ». Et celle d’un coiffeur, à Lille, sera « plus courte ».
« Notre travail n’est pas une marchandise qu’on peut traduire en chiffres, souligne Pierre Joanny, on ne vend pas, on sert.
» Selon les manifestants, hier, Romain défendait cette idée : « Il a engagé un combat, on va le poursuivre. » Une délégation s’est présentée au CHSCT (comité d’hygiène et de sécurité), exigeant « les résultats de l’enquête de l’Inspection générale des affaires sociales sur la première tentative de suicide de Romain. Et la reconnaissance de son suicide en accident du travail ».
• A. D.