Folio fête cette année ses 40 ans.Née de la rupture de l'accord avec Hachette, qui publiait lesauteurs Gallimard dans Le Livre de Poche, la collection est lancéeen 1972. Plusieurs noms étaient envisagés alors : La Nouvellepoche, Bibliopoche, Minimax, Poche blanche et Blanche poche.Mais c'est finalement sous le nom Folio que dès 1972-1973 paraissentles 500 premiers titres.
La condition humaine d'AndréMalraux porte le numéro 1. Le premier titre de Gide arrive au numéro18 : c'est La Symphonie pastorale.Il reste aujourd'hui encore la meilleure vente de Gide en Folio,estimée entre 2 et 3 millions d'exemplaires par Gallimard. Troisedelweiss ornent alors sa couverture – une image d'Yves Lanceau, futur grand photographe naturaliste – sur le fond blancvoulu par le graphiste et typographe Robert Massin.
En 1985 les photographies font leurréapparition sur les couvertures. Michèle Morgan chasse les edelweiss et le dessin pop des années 80. Puis dans les années 90 on choisit Matisse pour illustrer tous lesFolio de Gide. Début 2009 la maquette est profondément bouleversée.Si le fond blanc demeure, la typographie devient plus commune et arbore d'étranges couleurs. Gide se voitattribuer le violet, et la photographie fait son retour.
Pour célébrer ce quarantième anniversaire, des éditions spéciales sous jaquette et à tiragelimité paraîtront tout au long de 2012. En janvier c'est Gatsbyle magnifique de Fitzgerald qui a ouvert la série, dans unenouvelle traduction (celle de la future Pléiade) mais sous une bienvilaine jaquette fuchsia (est-ce parce qu'il est l'éditeur de lablanche que Gallimard a autant de problèmes avec les couleurs ?)...
Le deuxième Folio Anniversaire quivient de paraître est l'anthologie du Journal de Gidesélectionnée par Peter Schnyder et Juliette Solvès. Sous sa sobrejaquette bleue (même si ce n'est pas le bleu Gide : ouf !), cerecueil de 464 pages va enfin mettre le Journal de Gide à laportée du plus grand nombre. Peter Schnyder explique comment lasélection a été opérée dans le texte des deux volumes de laPléiade :
« Le Journal d’André Gidepeut être considéré comme la pièce maîtresse de l’écrivain.Texte original, transgressif à plus d’un titre par rapport à lamorale courante – les tabous de la sexualité, les idées reçues,les lieux communs, les idéologies, la religion – à la foissérieux et drôle, grave et léger, rapide et lent – il rested’une ampleur et d’une amplitude insoupçonnées. Cetteanthologie, qui se réclame de l’art de la réduction cher auxcompositeurs, a pour but de rendre l’une et l’autre,quintessenciées.»