“En abaissant la note de neuf pays sur dix-sept, la toute puissante agence américaine Standard & Poor’s a lancé contre l’Europe une attaque généralisée, aussi audacieuse que contradictoire. (…) Une entreprise quasi monopolistique menace de jeter la pierre à des gouvernements démocratiquement élus. On avait rarement vu un tel toupet.”
“Les Américains essaient de plus en plus ouvertement d’obliger les Européens à adopter les mêmes logiques économiques et financières qu’eux. Autrement dit: faire tourner la planche à billets dès que c’est nécessaire, que ce soit pour voler au secours des banques ou pour mettre en place une politique de relance budgétaire. Ceux qui s’y refusent voient leur note diminuer.”
“Plus la BCE se rapproche du modèle financier et économique américain, plus les agences se montrent conciliantes. Autrement dit: tant que les Européens ne se conformeront pas aux critères des agences, leur note sera abaissée, et, lorsque ces dégradations auront effectivement causé la ruine de plusieurs pays et fait s’effondrer la zone euro, il ne faudra y voir que des dommages collatéraux et une conséquence logique de cette désobéissance.”
“Les gouvernements européens ont le choix entre deux possibilités: ils peuvent jouer le jeu des agences de notation et suivre leurs instructions, l’oeil rivé à leur note; ou bien ils peuvent tirer les leçons de l’Histoire et réformer ce système d’évaluation datant du siècle dernier.”
Süddeustche Zeitung / Courrier International (26/01-01/02)