Depuis plusieurs semaines, Le Film Français, l’hebdomadaire des professionnels du cinéma, mettait au point dans le plus grand secret (pas tant que ça, mais j’aime la formule) un évènement qui permettrait de bâtir un pont entre les distributeurs de films et les acteurs du web ciné, journalistes de sites spécialisés et blogueurs. Une rencontre à la manière des conventions de distributeurs à première vue, où ceux-ci dévoileraient leur line-up des longs-métrages à venir sous forme de teasers, bandes-annonces, extraits et images de films en cours de production.
Je me suis tâté devant l’opportunité de participer à ce premier Showeb, puisque c’est ainsi que l’évènement a été baptisé. Tâté, parce que la ligne éditoriale de mon blog, si tant est que j’en ai une, n’est pas forcément compatible, dans la nécessité, avec ce type de rencontre. Je ne suis pas un blog de critiques, très peu de news, et encore moins de concours et autres deals avec distributeurs. Mon blog est le journal de bord de mes aventures cinéphiles, avec bien sûr quelques extras qui me font plaisir de temps en temps. Il y en a des tonnes, des blogs qui entrent plus évidemment dans la ligne de mire des distributeurs, alors devais-je vraiment m’y rendre, à ce Showeb ?
Mais ce qui compte plus qu’une compatibilité, au final, c’est l’envie. Avais-je besoin pour mon blog d’aller à la rencontre des distributeurs ? Pas spécialement, même si un peu de visibilité ne fait jamais de mal. Avais-je envie de me faire plaisir, de me poser dans la grande salle du Publicis avec d’autres passionnés pour aller découvrir pendant plus de deux heures des bandes-annonces de films à venir dans les semaines ou les mois à venir ? Avais-je envie de découvrir des images exclusives que je ne verrais peut-être pas de sitôt sur le web ou en salles ? Oui. Le geek en moi, qui lorsqu’une nouvelle bande-annonce que j’attendais impatiemment arrive en ligne, éteint toutes les lumières, tire les rideaux et la regarde religieusement en jubilant d’enfin la découvrir, avait fortement envie de se trouver au Publicis pour le Showeb.
Alors j’y suis allé, j’ai donné mon nom à l’entrée, j’ai eu droit à mon badge, à ma confiscation de portable et à ma clause de confidentialité à signer, à mes lunettes 3D pour la présentation Disney, et je me suis confortablement calé dans ma salle 1 adorée du Publicis. J’ai salué quelques connaissances, constaté que certains blogueurs se connaissaient déjà bien et formaient de vraies bandes, et le défilé de distributeurs a commencé, chacun amenant dans sa besace son lot d’images plus ou moins excitantes, plus ou moins fraîches, plus ou moins exclusives, de Studio Canal à Disney en passant par Pathé, Universal, Gaumont et le petit poucet Diaphana. Le représentant de ce dernier nous a gratifié du discours le plus mémorable de l’évènement, proposant un discours sur la nature des relations entre distributeurs et sites web / blogs d’une franchise séduisante (à l’image d’un line-up qui fait envie).
Si la bande-annonce du Québecois Star Buck a déclenché les applaudissements et l’extrait hilarant des Kaïras offert par Gaumont a secoué la salle de spasmes de rires, il y a eu de beaux moments projetés à l’écran, de la bande-annonce du prochain Wes Anderson déjà appréciée sur le web, Moonrise Kingdom, à un montage célébrant les 100 ans du studio Universal, entre autres. Et si le long exposé de Disney est en partie frappé du sceau de la confidentialité (il faut dire que le studio a bien joué le jeu du Showeb, avec des films présentés très, très en amont de leurs sorties), il est un moment de la présentation du studio aux grandes oreilles qui n’a pas eu besoin d’être exclusif pour me faire frissonner : la scène d’ouverture du Roi Lion projeté en 3D relief (qui sortira en salles en avril), me faisant l’espace de quatre minutes replonger en enfance et retrouver les sensations mêmes que j’avais éprouvées en 1994 lorsque l’enfant de 13 ans que j’étais avait découvert le film sur l’écran du Grand Rex. Et cela, je l’ai découvert, vaut toutes les exclusivités du monde.
Alors oui, on aurait aimé que plus de distributeurs participent, que ce soit du côté des majors ou des indépendants, on aurait aimé avoir droit à plus d’exclusivités, la plupart de ce qui nous a été montré étant déjà visible sur le web, on aurait aimé voir du cinéma asiatique teasé, mais ce premier pas a été apprécié. Et le prochain Showeb sera attendu. Ah oui, et j’allais oublier, avec une bande-annonce pareille, Cloclo va cartonner. Le Marsupilami, c’est moins sûr.