Deux romans graphiques d'Arnaud Quéré

Par Zone Littéraire De Vanessa Curton

L’An 2000
Éditions Des Ronds dans l’O, 2010


De son enfance dans les années 70 où à l’âge de six ans, il prend peur en imaginant la guerre annoncée de l’An 2000, Arnaud Quéré explore une certaine vision du futur qui est souvent prise dans une imagerie liée à une époque, et notamment au cinéma, à la télévision ou aux Bandes Dessinées.

Il remarque d’ailleurs avec amusement que si l’on pouvait penser un avenir où les voitures voleraient et parleraient, on était tout de même loin d’imaginer l’incongru « des appareils photos miniaturisés sur des téléphones portables » du XXIème siècle. 

Quand il se projetait dans l’à venir, le jeune Arnaud Quéré se voyait architecte mais surtout dessinateur. Et de ce projet, l’auteur – effectivement devenu dessinateur – nous parle de la séparation entre le monde de l’enfant et celui des grandes personnes qui ont un rapport au temps et à l’imaginaire différent. Il va même jusqu’à poser cette question : devenir adulte, est-ce passer du côté obscur de la force ?

Mon copain Anne
Éditions Des Ronds dans l’O, 2009

Sous le totem d’un arbre aux longues et nombreuses racines, Arnaud Quéré retrace sur le mode de l’autobiographie imagée comment se sont tissées ses amitiés au fil des déménagements, des changements d’écoles, et souvent par le biais de hasards, du travail ou de collocations.

La vie active rendant les rencontres et les soirées « tarot, fléchettes, chansons et jeux de société » entre copains moins nombreuses, il dresse le portrait de celles et de ceux qui partage sa vie, évoquant de nombreux voyages dont ceux jusqu’à Angoulème, mais aussi des moments clefs dans son parcours créatif comme Philippe Segard avec qui Arnaud Quéré a signé sa première BD en 2005 (Echec & Automates, éditions Carabas). 

« C’est sans doute ça la différence entre les copains et les amis. On reste proche de ses amis en toutes circonstances, on leur pardonne beaucoup et on ne fait plus trop attention à leurs défauts, même si parfois la vie nous fait prendre des directions ou des modes de vie très différents. »

 .... Ces deux romans graphiques en noir et blanc sont traversés avec une certaine nostalgie par des personnages de nos fictions d’enfances avec beaucoup d’humour et de simplicité. Ces illustrations parsemées de visages et de regards nous emportent au fil des souvenirs dans ces petits événements de la vie qui marquent son évolution, ses changements, et qui nous racontent un peu de notre histoire, aussi.